Tout ceci est difficile à quantifier. Toutefois, j'ai souvent entendu des gens ayant vécu en France et à l'étranger affirmer qu'en effet, la France est un pays sur-administré, avec beaucoup plus de formulaires à remplir et de règlementations à respecter qu'à l'étranger.
mordred » Dim 5 Jan 2014 - 19:08 a écrit :Tout est à raser et à simplifier; avec trois ou quatre formulaire de base (sans x feuillets), on devrait pouvoir résoudre tout ça. Mais en tout cas, pas ceux de l'Administration ! Et ne faisons pas l'autruche; il y a 40% de fonctionnaires en trop. Pour pouvoir le recaser, il faut relancer la machine économique (chinoiseries OUT).
Ce n'est pas si simple. Car ce qu'il convient d'appeler la "lourdeur administrative" (beaucoup de formulaires à remplir, démarches administratives longues et complexes, etc.) n'est que la conséquence de la complexité du droit. La simplification administrative ne peut passer que par une simplification du droit.
Plus la loi prévoit de normes à respecter, plus il y a aura de formulaires à remplir et des démarches à effectuer, et plus il faudra des fonctionnaires pour vérifier tout ça. Et si, en plus, les normes en question sont assorties d'exceptions, exemptions et niches en tous genres, alors il faudra remplir encore plus de formulaires et fournir encore plus de justificatifs, pour bien montrer à l'administration que les exonérations dont on bénéficie sont justifiées, et il faudra encore plus de fonctionnaires pour vérifier que l'on a bien droit à ces exonérations.
Prenons le cas de la fiscalité. Dès qu'un nouvel impôt ou une nouvelle taxe est créé, même d'un faible montant, alors il faut mettre en place les formulaires destinés à permettre le recouvrement de cet impôt. Et il faut affecter des fonctionnaires à cette tâche. Si une nouvelle niche fiscale est créée, c'est pareil : cela nécessite un formulaire de plus à remplir, ou un justificatif de plus à fournir, pour montrer à l'administration fiscale qu'on a bien le droit de bénéficier de cette niche fiscale. Et il faut affecter des fonctionnaires supplémentaires pour vérifier que les contribuables qui bénéficient de telle ou telle niche fiscale y ont vraiment droit.
Par exemple, quand le gouvernement fait voter la création d'une taxe spécifique sur les rémunérations supérieures à 1 M€, il faut bien mettre au point les formulaires nécessaires, et il est probable que chaque entreprise soit obligée, à partir de cette année, de remplir chaque année un formulaire spécifique dans lequel elle devra faire connaître à l'administration fiscale si elle verse des rémunérations supérieures à 1 M€. Tout ceci génère des tracasseries supplémentaires pour les entreprises, et nécessite des fonctionnaires supplémentaires pour contrôler tout ça.
Autre exemple. Supposons que le gouvernement fasse voter une taxe frappant les entreprises à raison du nombre d'ordinateurs ou du nombre de lignes téléphoniques qu'elles possèdent, alors il faudra mettre au point des formulaires, et chaque entreprise devra remplir une formulaire de plus, destiné à faire connaître à l'administration le nombre d'ordinateurs ou de lignes téléphoniques qu'elle possède. Et un certain nombre de fonctionnaires des impôts devra être affecté au contrôle des déclarations et au calcul du nouvel impôt... Tracasseries supplémentaires pour les entreprises, fonctionnaires supplémentaires pour vérifier tout ça.
Si une nouvelle niche fiscale est créée, c'est pareil. Cela nécessite un formulaire de plus à remplir, ou un justificatif de plus à fournir, pour montrer à l'administration fiscale qu'on a bien le droit de bénéficier de cette niche fiscale. Prenons l'exemple du CICE : chaque entreprise qui veut en bénéficier doit remplir un ou plusieurs formulaires, à envoyer à l'administration des impôts, afin que celle-ci crédite bien l'entreprise concernée du crédit d'impôt espéré. Tout ceci génère des tracasseries supplémentaires pour les entreprises, et nécessite des fonctionnaires supplémentaires pour contrôler tout ça.
Si on supprimait toutes ces taxes (et les niches qui vont avec) pour les regrouper dans deux ou trois impôts simplifiés, à assiette large, sans niche fiscale, cela ferait nécessiterait moins de formulaires, mobiliserait moins de fonctionnaires, et génèrerait moins de tracasseries pour les contribuables (entreprises ou particuliers). Si le gouvernement, au lieu de faire le CICE, avait accordé une baisse généralisée des charges, compensée par une hausse de la TVA (principe de la TVA sociale), il serait arrivé peu ou prou au même résultat (baisser le coût du travail pour améliorer la compétitivité de nos entreprises), tout en économisant quelques formulaires, quelques fonctionnaires et quelques tracasseries pour les contribuables.
C'est donc un problème de gouvernance qui est en cause.