Qu'en pensez vous ?Voilà un rapport de la Cour des comptes - non publié mais dont quelques éléments ont filtré dans la presse - qui agite le monde médical. Le Point.fr publie en exclusivité l'intégralité de ses conclusions. En cause : le "dossier médical personnel" (DMP) mis en place depuis janvier 2011. Les Sages de la rue Cambon évoquent une opacité autour des "coûts engagés", dénoncent "une insuffisance grave de suivi financier" et une "absence particulièrement anormale et préjudiciable de stratégie". Ils considèrent enfin "urgent et indispensable un ferme redressement dans le pilotage stratégique et la maîtrise des coûts". Des reproches accablants contre l'administration de la santé chargée de piloter le projet. Retour sur un dispositif controversé.
Le DMP devait révolutionner la relation soignant-soigné, or, pour le moment, peu de Français en connaissent l'existence. Créé par la loi du 13 août 2004, le DMP s'inscrit dans le cadre de la réforme mettant en place le médecin traitant et le parcours de soins. L'idée est simple : chaque patient peut ouvrir un DMP sur le site internet dédié au dispositif, afin de centraliser les informations relatives à sa santé. Fini le bon vieux carnet de santé très souvent incomplet, quand il n'est pas tout simplement perdu. Le DMP est censé contribuer à améliorer la qualité des soins et faciliter la prise en charge globale, notamment dans le cadre de maladies chroniques, puisque les différents médecins consultés peuvent y accéder si le patient l'autorise. Il est électronique, gratuit et non obligatoire.
Laborieux
Sur le papier, le dispositif a tout pour séduire médecins et patients. Mais sa mise en route s'avère plus laborieuse que prévu. Le projet est officiellement lancé en 2005. Il faut alors créer toute l'infrastructure informatique. En 2008, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, met un premier coup d'arrêt après plusieurs problèmes rencontrés et demande un audit. En 2009, Michel Gagneux, inspecteur général des Affaires sociales, préconise la mise en place d'une structure pour superviser le projet. L'Agence des systèmes d'informations partagées de santé (l'ASIP Santé) voit le jour en juillet 2009. La mise en oeuvre aurait coûté près de 100 millions d'euros chaque année depuis sa création. La Cour des comptes estime, elle, à un demi-milliard d'euros le coût réel.
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Le député de Haute-Garonne (PS) Gérard Bapt est à l'origine de l'enquête demandée à la Cour des comptes, en tant que membre de la Commission des Finances de la précédente assemblée. Il critique le choix initial de mettre en place un dossier pour l'ensemble des médecins. "Un praticien de ville et un praticien hospitalier n'ont pas les mêmes besoins et ne remplissent pas un dossier de la même manière. D'ailleurs, le monde hospitalier possède déjà son "dossier patient informatisé", explique le député socialiste. D'après lui, le dispositif doit être repris de bout en bout. Le député socialiste s'inquiète également de la sécurité des données personnelles placées sur un hébergeur unique.
Par ailleurs, autre élément surprenant, aucun décret n'a été publié pour définir le champ et le contenu du DMP. La Cour des comptes demande "de publier dans les plus brefs délais" ce décret et de "mettre en oeuvre une stratégie globale des systèmes d'information de santé, en y associant l'ensemble des acteurs concernés".
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