L'intégralité de cet article sur Le Figaro.frUne enquête menée dans la documentation issue des procès de l'industrie du tabac aux États-Unis montre que Philip Morris a payé des scientifiques français pour tenter de minimiser les dangers du tabagisme passif.
On connaissait les mauvaises pratiques de l'industrie du tabac aux États-Unis pour tenter de piper les données scientifiques sur les dangers de la cigarette sur la santé. Une enquête publiée vendredi dans le journal Le Monde rapporte maintenant que le géant du tabac Philip Morris a également payé des chercheurs français dans les années 1990 pour semer le doute sur les risques du tabagisme passif.
La question de savoir si le tabac avait aussi un impact sur l'espérance de vie des non-fumeurs vivant dans un environnement enfumé était cruciale car c'est ce point qui a incité certains États à interdire le tabac dans les lieux publics, comme la France l'a fait en 2007.
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Virements en francs suisses
Les scientifiques français payés par Philip Morris sont de spécialités et d'origines variées, avec notamment un professeur de pharmacie à Marseille, des professeurs de biologie à l'université de Bourgogne, un toxicologue toulousain, un scientifique de l'université de Brest. Leurs rapports avec Philip Morris sont prouvés par l'existence de notes de virements, de grosses sommes allant de 2300 à 46.500 francs suisses (2500 à 52.500 euros) sur leurs comptes en banque personnels.
D'autres, comme l'épidémiologiste et ancien directeur général de la santé Lucien Abenhaim, ont été aussi approchés par l'industrie du tabac, mais ont refusé de participer à leur mystification.
Au delà des contestations directes de faits avérés, le lobbying scientifique de Philip Morris a également pris une tournure bien plus pernicieuse.
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Une diversion scientifique
«Le centre d'intérêt ne sera pas le tabac, ce sera plutôt de montrer l'insignifiance de la fumée ambiante de la cigarette, en mettant en avant les vrais problèmes de la qualité de l'air», explique sans détours un mémo envoyé en 1990 par le cabinet Covington & Burling à son client Philip Morris. La diversion marche, s'accompagne même de la création d'une revue scientifique louche dédiée au sujet, et le thème de la pollution intérieure (sans parler du tabac) est repris par divers médias.
(...) Cette base de données contient 13 millions de documents et est intégralement consultable sur Internet.
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