http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012 ... -ville.phpLes hôpitaux publics bousculent la médecine de ville
«On n'est pas hospitalo-centré», assure Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière française (FHF), qui regroupe les hôpitaux publics. «Nous n'avons jamais remis en cause le pluralisme. L'émulation avec les cliniques privées est saine, ajoute son délégué général, Gérard Vincent. Et l'hôpital ne se justifie que lorsqu'il apporte une plus-value, il ne doit pas être attrape-tout.» Utiles précautions oratoires, car la plate-forme de propositions pour le prochain quinquennat que la FHF a dévoilée hier recèle des mesures qui feront crier à la provocation du côté des professionnels de santé libéraux. La Fédération le sait mais revendique le rôle d'aiguillon auprès des candidats à la présidentielle, au nom de l'égal accès aux soins.
Salarier des généralistes
Elle propose ainsi, lorsque les médecins de ville ne parviennent pas à organiser une offre de soins suffisante sur un territoire, parce qu'ils ne sont plus assez nombreux ou que les volontaires manquent pour assurer les gardes, de s'en charger. Par exemple en salariant des généralistes. Le tout financé sur l'enveloppe de la Sécu destinée à la médecine de ville! Les médecins libéraux s'installant dans les zones déjà surdenses ne pourraient plus prétendre au remboursement de leurs soins, au moins dans le secteur à honoraires libres.
Autre idée: réserver le financement de la Sécu aux seules cliniques privées «répondant aux exigences du service public définies dans un cahier des charges (tarifs opposables, participation à la permanence des soins…)». Pour s'assurer que ce cahier des charges est respecté, un contrat serait passé entre la clinique et… l'hôpital voisin, au risque que celui-ci devienne juge et partie.
La FHF réclame l'abandon de l'alignement des sommes versées par la Sécu aux hôpitaux sur celles perçues par les cliniques pour un même acte. Ce processus, censé aboutir en 2018, est «une ineptie», estime Gérard Vincent, pour qui les obligations spécifiques du public (urgences, soins aux détenus…) justifient une rémunération plus élevée. Une vieille querelle avec le privé. Plus innovant, la FHF envisage que les établissements de santé soient financés en partie selon la «pertinence des actes». Ceux qui pratiquent beaucoup plus de césariennes, d'opérations de la cataracte ou d'ablation des amygdales qu'une moyenne jugée raisonnable par une autorité scientifique (Haute Autorité de santé, par exemple) seraient pénalisés. Ou, à l'inverse, ceux qui se situeraient dans la fourchette recommandée bénéficieraient d'un bonus. De quoi revenir en partie sur le financement des hôpitaux en fonction de leur volume d'activité, que la FHF avait réclamé car il favorise la productivité, mais sur les limites duquel elle insiste aujourd'hui: il favorise la multiplication des actes, parfois inutiles.
La Fédération a de la suite dans les idées: dans son précédent «programme présidentiel», fin 2006, elle demandait déjà l'arrêt de la convergence des tarifs et des entorses à la liberté d'installation. En vain, jusqu'ici. En revanche, son idée d'agences régionales de santé, chapeautant à la fois hôpitaux, médecins de ville et maisons de retraite, est devenue réalité.
Rappelons aussi que beaucoup de "maisons de santé" financées par les pouvoirs publics ouvrent ça et là, un peu à la façon des dispensaires d'antan.
J'ai l'impression qu'on est en train de passer progressivement d'une médecine de ville libérale à une médecine de ville publique. Les médecins libéraux gueulent, mais cette évolution est due à leurs propres manquements, notamment le trop faible nombre d'installations de médecins libéraux dans les milieux ruraux.