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C’est deux jours à peine après sa cuisante défaite aux élections municipales à Paris qu’Agnès Buzyn se retrouvait sur la sellette. Attendue au tournant après avoir quitté son poste mi-février, en pleine montée du risque épidémique. La voix tremblante, l’ancienne ministre hésite, se mord les lèvres, cherche ses mots, s’excuse et se perd, à de nombreuses reprises, dans ses notes. C’est «totalement par hasard» qu’elle tombe sur «une première alerte, sur Twitter, pendant les vacances de Noël: un blog en anglais rapportait des cas de pneumonies inexpliqués». Dès lors, elle affirme avoir toujours été «dans l’anticipation» : «autour du 11 janvier, la Chine annonce un premier décès. Je décide à ce moment-là d’informer le président de la République et le premier ministre.» S’ensuit une longue énumération de dates, afin de démontrer qu’elle a lancé les commandes cinq semaines avant que l’OMS ne tire la sonnette d’alarme.
«Pour moi, le tournant, c’est le 22 janvier, quand on nous parle de transmission interhumaine, rappelle-t-elle. Mais j’ai fait ma première conférence de presse la veille.» Le 24 janvier, sont connus les trois premiers cas en France. Elle demande aussitôt «un état des lieux de tous les stocks et de nos capacités de prise en charge des malades». Et, dès le lendemain, contacte les autorités de santé pour se préparer à «une éventuelle épidémie». «J’ai décidé, le 28 janvier, de constituer un stock d’État de masques FFP2 parce qu’il n’y en a pas, poursuit-elle. La doctrine de 2011 remet la responsabilité des masques FFP2 aux employeurs, aux hôpitaux, aux indépendants. Je me dis: “mieux vaut (en) commander sans savoir quels sont les besoins de terrain”.»
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Ces deux dernières semaines, la commission d’enquête a entendu tous les DGS de la période 2003 à 2011. Agnès Buzyn sera suivie ce mercredi par les anciennes ministres Marisol Touraine et Roselyne Bachelot, avant Xavier Bertrand jeudi. Les travaux des députés cohabiteront avec ceux du Sénat, qui a voté mardi la création de sa propre commission d’enquête, ainsi qu’avec la «mission indépendante nationale» d’évaluation, installée jeudi par Emmanuel Macron et présidée par l’infectiologue suisse Didier Pittet.
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