Nolimits a écrit : ↑14 juin 2020, 20:56:19
Reconstruction avec indépendance de la France, le "nous" pour l'Europe, produire en France avec des solutions durables...c'est pas du clair ça ? Encore une fois, il est PR, il donne la direction, il mène le pays dans une voie donnée. Pour les mesures concrètes au bas de la rue, il y a les fonctionnaires pour ça.
Prenons un exemple à contrario : Bolsonaro ou Trump, le durable, ils s'en foutent. Macron prend la voie opposée.
Non, ce n'est pas clair.
Bien sûr, on ne lui demande pas d'entrer dans tous les détails, le gouvernement est là pour ça.
Mais il aurait pu être un peu plus précis dans ses annonces. S'il ne fixe pas d'orientations un peu plus précises, ça veut dire qu'il se contente de grands principes très creux, de vœux pieux qui peuvent être interprétés de différentes manières, et qui finalement n'engagent à rien.
Par exemple, il a réaffirmé son engagement européen, mais il a aussi réaffirmé l'indépendance de la France. Or ces deux objectifs sont contradictoires. On ne peut pas à la fois souhaiter plus d'Europe (donc davantage de transferts de compétences) et en même temps exalter l'indépendance de la France.
Il souhaite une Europe plus forte, mais il a rappelé l'importance du couple franco-allemand. Or on sait que l'Allemagne n'a pas les mêmes intérêts que la France, et qu'elle constitue un frein à une évolution de l'UE. Comme faire progresser l'UE tout en restant ami avec l'Allemagne ? Il n'a rien dit de tout ça, donc son désir d'Europe restera un vœu pieux.
Il a parlé de relocaliser la production industrielle. Sauf que les délocalisations subies par notre industrie ces dernières décennies ont été permises par le libre-échange et par le renoncement à mener une politique industrielle digne de ce nom, qui sont eux-mêmes une conséquence de nos engagements européens. Or il réaffirme notre engagement européen. Comment concilier ces objectifs contradictoires ? Il ne dit rien de tout ça. Il aurait pu dire, là encore, que "la France demandera une renégociation des traités européens pour permettre la mise en place d'une vraie politique industrielle" ou que "la France demandera la mise en place d'un protectionnisme européen" ou encore que "la France œuvrera en faveur de la création d'une taxe carbone aux frontières de l'UE". Rien de tout cela. Donc il est permis de penser que son ode à la relocalisation industrielle restera, elle aussi, un vœu pieu.
Il a mentionné l'environnement. Mais pour en dire quoi ? Aujourd'hui, dire qu'on est pour l'environnement et pour la transition écologique et contre le réchauffement climatique relève de la banalité la plus absolue. C'est comme dire qu'on est contre la guerre et contre la pauvreté. Il aurait pu dire quelque chose comme "le gouvernement annoncera un grand plan pour la rénovation énergétique des bâtiments" ou "le gouvernement annoncera un plan de soutien à la recherche sur les carburants propres". Rien de tout cela.
On a parlé d'un possible remaniement. Il aurait pu dire que "la feuille de route annoncée sera mise en œuvre par un gouvernement remanié, dont la composition sera annoncée prochainement". Même pas.
Par ailleurs, vous êtes, les uns et les autres, bien indulgents quand vous soulignez son soutien aux flics. Oui, il les a soutenus, mais très timidement. Il aurait pu, par exemple, dire que "le gouvernement annoncera prochainement une revalorisation salariale pour les policiers et un plan d'embauches dans la police". Parallèlement, il aurait pu annoncer, puisque ça semble être un sujet important pour certains, que "une réforme du statut de l'IGPN et de l'IGGN sera annoncée prochainement par le gouvernement". Rien de tout cela.
Donc la seule chose à retenir, c'est son refus de voir l'histoire de France revisitée par certains militants racialistes. C'est bien. Mais c'est peu.