http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet ... 6_actu.HtmMineurs étrangers. Le département d’Ille-et-Vilaine sature
Le nombre de mineurs étrangers isolés qui se présentent à Rennes a explosé. De cinq dans les années 2000, ils sont plus de 400 aujourd’hui. Le conseil général d’Ille-et-Vilaine, qui dépense 15 millions d’euros par an pour leur prise en charge, manque de places et de moyens.
Reportage
Il est arrivé il y a deux semaines à Rennes. « Je suis parti de Kinshasa avec un ami de mon père. Je suis arrivé à la gare de Rennes et il m’a dit qu’il allait me chercher un sandwich. » Les heures passent et l’ami ne revient pas. Elias (Prénom d’emprunt) 16 ans, se retrouve seul. « J’ai dormi dehors et le lendemain un monsieur m’a dit qu’il fallait que je me rende au centre d’action sociale. » Là, il est orienté vers la mission mineurs étrangers (MIE). Un service du Département qui dépend de l’aide sociale à l’enfance et qui dispose, depuis un an, à Rennes, de locaux spécifiques.
« Notre mission est de prendre en charge ces mineurs étrangers isolés et, dans un premier temps, de pourvoir à l’urgence », explique le responsable de la MIE. « C’est-à-dire leur trouver un toit, des vêtements, les nourrir. » Plus tard, la mission mineurs étrangers, en lien avec le parquet, tentera de déterminer si le jeune est vraiment mineur, s’il a de la famille en France…
Un hôtel voué à la destruction réquisitionné
En attendant, Elias est hébergé dans un hôtel dans le centre de Rennes, réquisitionné par la MIE. Un établissement voué à la destruction. Dans ce même hôtel, une vingtaine d’autres mineurs étrangers. Aussi bien des jeunes hommes que des jeunes femmes. La très grande majorité vient du Congo. Certains y résident depuis plusieurs mois. Le midi, le propriétaire de l’hôtel leur fait la cuisine. Le reste du temps, les jeunes se débrouillent. Livrés à eux-mêmes. « On a des éducatrices qui viennent nous voir régulièrement », explique un des résidents, allongé sur son lit. Une situation qui choque plusieurs associations dont celle d’aide aux sans-papiers. « Il n’y a pas de gardiens dans cet hôtel et n’importe qui peut y rentrer. Les conditions d’hygiène et de sécurité posent problème. »
5 mineurs en 2000, 400 aujourd’hui
Les responsables de la MIE reconnaissent en effet que ce lieu d’hébergement n’est pas la solution idéale. « Au début des années 2000, nous avions 5 mineurs étrangers isolés à Rennes. Aujourd’hui, plus de 400. » Un afflux massif qui pose de véritables problèmes de logistique. « Lundi, nous avons eu 9 autres jeunes mineurs étrangers qui sont arrivés dans nos bureaux. » Les hébergements classiques et les familles d’accueil sont saturés. Après Paris et la Seine-Saint-Denis, l’Ille-et-Vilaine est le 3e département de France qui reçoit le plus d’étrangers mineurs. Pourquoi ? Difficile de le savoir. Le scénario de l’ami parti cherché un sandwich et qui ne revient pas est un grand classique !
« Près de 50 % de ces mineurs viennent du Congo et plus précisément de Kinshasa. L’autre moitié essentiellement d’autres pays africains. » L’existence de filières d’immigration est probable.
Coût : 15 millions d’euros par an
À plusieurs reprises ces derniers mois, Jean-Louis Tourenne, président du conseil général d’Ille-et-Vilaine, a tiré le signal d’alarme. Outre le poids financier que représente pour le département, la prise en charge de ces mineurs étrangers, près de 15 millions d’euros par an - le prix d’un collège neuf - il doit faire face à un problème humain, de société et politique. Impossible de laisser des mineurs à la rue mais la capacité d’accueil de Rennes est au bord de l’explosion.
Je suppose que le Conseil général d'Ille-et-Vilaine n'est pas le seul en France à être confronté à cette difficulté. Et je me pose une question : au nom de quoi la collectivité doit-elle dépenser autant de millions d'euros pour loger, nourrir et blanchir des étrangers clandestins ?