« Chez les Français musulmans, on constate une banalisation d'un “halal way of life” »

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johanono
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« Chez les Français musulmans, on constate une banalisation d'un “halal way of life” »

Message non lu par johanono » 14 déc. 2023, 12:06:00

«Chez les Français musulmans, on constate une banalisation d'un “halal way of life”»

ENTRETIEN - À la veille de l'anniversaire de la promulgation de la loi de 1905, l’Ifop a publié une «enquête auprès des Français musulmans sur les questions de religion et de laïcité». Son auteur, François Kraus, analyse ces résultats.

LE FIGARO. – Quels sont les principaux enseignements à tirer de cette étude ?

François KRAUS. [surligne]– La principale conclusion de l'étude est que dans leur grande majorité, les musulmans échappent au mouvement de sécularisation qui affecte depuis des siècles le reste de la société française. Or, leur haut degré de religiosité s'accompagne non seulement d'un niveau d'orthopraxie très marqué – spécialement sur le plan alimentaire et vestimentaire – mais aussi de tout un ensemble des revendications d'expression religieuse dans la vie quotidienne (école, rue, sport…) qui rentrent en opposition frontale avec l'arsenal législatif ou réglementaire actuel.[/surligne]

[surligne]Là-dessus, ces résultats confirment bien les conclusions d'Hakim El Karoui qui, en analysant les données d'une grande enquête faite en 2016 auprès des musulmans (Ifop-Institut Montaigne), percevait déjà chez nombre de Français musulmans des attitudes «sécessionnistes» par rapport au reste de la société française (Hakim El Karoui, L'islam, une religion française, 2018, p.56). [/surligne]En effet, s'avérant extrêmement critiques à l'égard des modalités d'application de la laïcité en France, les Français musulmans affichent, pour la plupart, un système de valeurs sur les questions laïco-religieuses en rupture avec les valeurs de la République prônées par les pouvoirs publics. Pour les experts de ces questions, ce n'est pas réellement une surprise car d'autres études l'avaient déjà montré ces dernières années mais celles-ci ne reposaient pas sur un échantillon aussi solide et le fossé avec le reste de la population n'apparaissait pas aussi béant.

À la question : «la laïcité telle qu'elle est appliquée aujourd'hui par les pouvoirs publics est-elle discriminatoire envers les musulmans ?», 78 % des musulmans interrogés répondent oui : 34 % d'entre eux jugent la laïcité «assez discriminatoire», et 44 % d'entre eux, «très discriminatoire». Faut-il y voir une forme d'hostilité au modèle de laïcité français ?

Ce qui n'est pas surprenant est le rejet de la nouvelle laïcité telle qu'elle a été prônée par la droite au début des années 2000, conception qui a donné lieu à la loi de 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques dont la manifestation «ostensible» est interdite. Cette conception, qui repose sur l'idée que ce n'est pas seulement aux fonctionnaires d'être neutres religieusement mais aussi aux usagers du service public de l'Éducation est certes consensuelle chez l'ensemble des Français mais les musulmans la rejettent très massivement.

La vraie nouveauté de l'enquête vient plutôt dans les chiffres qui montrent que les musulmans rejettent aussi la base de la laïcité de 1905, à savoir le non-financement public des imams et des mosquées, principe qui fait pourtant consensus dans le reste de la société. En effet, les Français musulmans sont favorables à 75% à l'idée d'étendre le concordat d'Alsace Moselle à l'ensemble des territoires et des religions (islam compris).

[surligne]Enfin, troisième enseignement, les musulmans expriment le souhait d'une sorte de «laïcité à la carte», qui se traduit par le fait de pouvoir décider en tant qu'élève ou parent d'élève du contenu même des enseignements (50% des musulmans interrogés jugent que les élèves peuvent ne pas assister aux enseignements qui heurteraient leurs convictions religieuses). Or, cette conception, en rupture complète avec le point de vue du reste de la société sur le sujet, est bien un «sujet d'actualité» quand on voit les réactions dans un collège d'Issou autour d'une peinture représentant cinq femmes dénudées : les élèves accusant leur professeur de racisme, estimant notamment que montrer des femmes nues à des élèves de confession musulmane est une «provocation».[/surligne]

Ce rejet est particulièrement prégnant à l'école…

[surligne]L'école est le cœur de la bataille dans le cadre de la «stratégie d'entrisme salafo-frériste» signalée par le CIPDR à la rentrée dernière. Le choix est : soit on y accepte un système neutre où la religion n'a pas sa place, soit on le rejette, massivement dans le cas des musulmans. Mais notre enquête montre de manière inquiétante que les attitudes qu'on peut qualifier de «sécessionnistes» à l'égard du reste de la société ne sont pas le fait d'une minorité de musulmans intégristes. [/surligne]Non seulement ils rejettent massivement la loi de 2004 sur les signes religieux (à 65%) et la circulaire Attal sur les abayas (à 73%) mais ils soutiennent aussi d'autres formes de manifestations de religiosité dans l'espace scolaire tel que le port de signes religieux par les parents accompagnateurs faisant action d'enseignement (à 75%) ou l'introduction de menus à caractère confessionnel (ex : viande halal, viande casher…) à la cantine (à 83%).

[surligne]Enfin, environ la moitié d'entre eux ne s'arrête pas à soutenir ces manifestations de religiosité durant la vie scolaire. Ils soutiennent également une remise en cause du principe de neutralité religieuse dans le cœur des enseignements, revendiquant par exemple le droit des jeunes filles «à ne pas assister aux cours de natation pour des raisons religieuses» (à 54%) ou des élèves à «ne pas assister aux cours dont le contenu heurterait leurs convictions religieuses» (à 50%) comme on le voit aujourd'hui à Issous.[/surligne]

Cette enquête rappelle en effet la puissance de l'orthopraxie – c'est-à-dire la capacité d'une religion à fixer des règles de vie quotidienne d'un individu – chez nos concitoyens de religion musulmane, notamment les plus jeunes.

[surligne]Nos chiffres montrent donc que pour beaucoup, les revendications des musulmans ne se limitent pas qu'à l'expression de leur identité religieuse dans l'espace scolaire, mais aussi au droit à choisir le contenu même des enseignements, et ceci y compris aux dépens de la mixité filles / garçons. À ce sujet, une minorité significative d'élèves musulmans en vient même à soutenir des élèves émettant des remarques sexistes (26%) ou homophobes (25%) au nom de la religion.[/surligne]

Plus inquiétant, 16 % des Français de confession musulmane n'expriment pas de condamnation totale à l'endroit du terroriste d'Arras. Comment analyser ce chiffre ?


[surligne]Si le rapport spécifique des Français de confession musulmane à la laïcité n'empêche pas la plupart d'entre eux (78%) de condamner le meurtrier de Dominique Bernard, poignardé à mort le 13 octobre à Arras, force est de constater que leur condamnation du terrorisme s'avère moins forte que chez l'ensemble des Français : [/surligne]16% des musulmans interrogés (contre 5% en moyenne chez l'ensemble des Français) n'expriment pas une condamnation totale de l'assassin, soit parce qu'ils ne le condamnent pas (5%, contre 2%), soit parce qu'ils le condamnent mais admettent partager certaines de ses motivations (11%, contre 3%). Surtout, ce chiffre monte à 31% chez les élèves musulmans actuellement scolarisés, ce qui est d'autant plus inquiétant qu'il s'agit d'un meurtre envers un professeur qui n'avait en rien offensé leur religion, contrairement à ce qui a été soi-disant reproché à Samuel Paty par des intégristes.

Le dernier enseignement du sondage Ifop est également l'importance que les Français musulmans accordent à la religion pour conduire leurs choix de vie. 85 % des musulmans jugent que l'islam a une place importante dans les choix alimentaires notamment. Cette étude traduit-elle une forme d'«halalisation» des comportements (le fait de se demander dans chaque geste de sa vie quotidienne si son comportement est ou non conforme à la loi religieuse) ?

Reprenant les indicateurs des travaux d'Olivier Galland et d'Anne Muxel dans leur étude auprès des lycéens (2016), cette enquête rappelle en effet la puissance de l'orthopraxie – c'est-à-dire la capacité d'une religion à fixer des règles de vie quotidienne d'un individu – chez nos concitoyens de religion musulmane, notamment les plus jeunes. En France, les musulmans se distinguent ainsi par l'importance qu'ils accordent à la religion dans leurs choix alimentaires (85%, contre 19% chez les adeptes des autres confessions) ou leur façon de s'habiller (63%, contre 18%). Leurs choix politiques (51%, contre 25%) ou encore ceux régissant le choix de leurs amis (47%, contre 22%) sont aussi influencés par le sceau de l'islam mais dans des moindres proportions. Or, cette place accordée à la religion va de pair avec une plus grande disposition des musulmans à des formes «d'absolutisme religieux» dans le rapport à la science aussi bien qu'à la place de la religion dans la Cité (ex : école, rue, sport…).

On ne peut que le déplorer mais la manière dont la majorité des musulmans conçoivent le rapport de leur religion avec la société est bien en décalage croissant avec le reste du pays.

Bref, difficile de ne pas voir dans ces chiffres du grain à moudre à ceux qui voient doucement se dessiner une contre-société musulmane se distinguant sur tout un ensemble de points du reste de la population : c'est la banalisation d'un «halal way of life», qui ne se limite pas qu'à l'alimentation mais se retrouve dans la façon de s'habiller, dans la sociabilité ou la vie intime (le choix du conjoint). Et ces marqueurs ne sont pas purement spirituels, comme on pourrait le croire avec nos cadres de pensée judéo-chrétienne : un musulman sur deux affirme que la religion influence ses choix politiques, alors que les adeptes des autres religions se situent à peine à 20%. On ne peut que le déplorer mais la manière dont la majorité des musulmans conçoivent le rapport de leur religion avec la société est bien en décalage croissant avec le reste du pays, le renforcement de leur religiosité se faisant essentiellement au fil du renouvellement des générations.

À noter toutefois que ce repli identitaire est pour beaucoup associé à un sentiment de stigmatisation des musulmans qui n'est pas toujours lié au discours victimaire islamiste. Pour beaucoup d'entre eux, le caractère discriminatoire de la laïcité est une réalité objective lorsqu'ils constatent par exemple que la plupart des églises catholiques sont entretenues par l'État, que les cultes juifs et chrétiens sont financés par l'État en Alsace Moselle, que les jours fériés sont chrétiens, ou encore que l'enseignement privé catholique est en grande partie financé par les deniers publics… Dans un contexte marqué par un renforcement de la laïcité au sein de l'institution scolaire – via des initiatives comme la Charte de la laïcité (2013) ou la circulaire sur les abayas (2023) – on ne peut donc que constater leur adhésion aux discours décrivant ces dispositifs comme des formes de «ségrégation» envers les musulmans.
SOURCE : LE FIGARO

Cet article est fort intéressant, car il décrit parfaitement le phénomène social à l’œuvre.

En résumé :
- l'orthopraxie (c'est-à-dire la capacité d'une religion à fixer des règles de vie quotidienne d'un individu) est beaucoup plus forte chez les musulmans que dans le reste de la population, et elle est plus forte chez les jeunes, ce qui bat en brèche l'idée communément admise d'une intégration progressive des descendants d'immigrés, génération après génération,
- en gros, chez tous ces musulmans, le sentiment d'appartenance à la communauté musulmane l'emporte sur le sentiment d'appartenance à la France,
- ce niveau d'orthopraxie très marqué ne se traduit pas seulement par des habitudes sur le plan alimentaire et vestimentaire, il se traduit aussi par de multiples revendications religieuses dans la vie quotidienne (école, rue, sport, etc.), qui entrent en conflit avec la loi et les normes actuelles,
- ces revendications sont très marquées notamment en milieu scolaire (contestation de certains enseignements, etc.),
- ce niveau d'orthopraxie très marqué conduit aussi à une forme de sympathie assez forte vis-à-vis des terroristes islamistes.

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Re: « Chez les Français musulmans, on constate une banalisation d'un “halal way of life” »

Message non lu par johanono » 19 avr. 2024, 15:49:30

Gabriel Attal dénonce «un entrisme islamiste» prônant «les préceptes de la charia, notamment dans nos écoles»

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a dénoncé jeudi «des groupes plus ou moins organisés qui cherchent à faire un entrisme islamiste», qui prône «les préceptes de la charia, notamment dans les écoles», lors d’un entretien sur BFMTV.

suite
Cela fait longtemps que certains d'entre nous dénoncent une islamisation progressive de la société française et se font, en retour, traiter de tous les noms (racistes, fachos, etc.). Voici que le très sympathique Gabriel Attal se range à ce constat. C'est bien, mais c'est tard...

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