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par johanono » 06 nov. 2015, 13:21:14
Par rapport à l'Afrique, le Nord et l'Alsace sont tout aussi éloignés que la Bretagne, et accueillent bien davantage d'immigrés. L'Angleterre est encore plus éloignée, et elle accueille bien davantage d'immigrés. Les immigrés, par définition, se déplacent, et parfois beaucoup. Je ne suis pas convaincu par ton argument géographique.
Historiquement, les régions qui ont le plus d'immigrés sont celles qui ont le passé industriel le plus ancien. A partir de la Révolution industrielle, il a fallu beaucoup de main d’œuvre pour alimenter les usines de ces régions industrielles. Ces usines ont donc recruté, soit de la main d’œuvre venant d'autres régions rurales françaises peu industrialisée (par exemple la Bretagne, qui a perdu beaucoup de population), soit de la main d’œuvre étrangère, d'abord en provenance de pays européens (Italie, Pologne, Portugal, Espagne), plus récemment en provenance d'Afrique. Pendant toute cette période (c'est-à-dire de la fin du 19e siècle jusque dans les années 60 et 70), la Bretagne et les autres régions du Nord-Ouest de la France sont restées plutôt rurales, à dominante agricole, assez pauvre, sans beaucoup d'usines, bref, des régions que l'on quittait pour aller chercher du travail ailleurs, pas des régions où l'on s'installait.
On retrouve le même phénomène à l'échelle de l'Europe. Les pays qui comptent le plus d'immigrés en proportion de leur population (Allemagne, France, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique) sont des pays au passé industriel plus ancien. Inversement, les pays d'Europe du Sud (Espagne, Italie, Portugal) ont une tradition industrielle moins marquée, beaucoup plus tardive, ce sont des pays qui comptent peu d'immigrés (c'étaient même jadis des pays d'émigration, c'est-à-dire des pays que l'on quittait).