La joie, une façon d’être qui se décide

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Libre Plume
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Message non lu par Libre Plume » 19 févr. 2011, 23:28:00

 



La joie, une façon d’être qui se décide
 

Robert Misrahi
 

Le philosophe Robert Misrahi, spécialiste de Spinoza, a fait de la joie le cœur de sa pensée.

Dans L’Enthousiasme et la Joie au temps de l’exaspération, livre d’entretien avec Marie de Solemne, il nous rappelle que nous pouvons toujours la choisir, la préférer au malheur, même dans une situation tragique.
 

Notre époque, dominée par l’insécurité, l’exaspération et la colère, cultive le drame et semble peu
propice à la joie.

Nous pouvons pourtant apprendre à la cultiver : en conservant le souvenir de sa saveur dans notre mémoire et surtout en nous souvenant qu’hommes, nous sommes toujours libres – contrairement aux machines.
 

Des événements agréables nous rendent ponctuellement joyeux, d’humeur joyeuse.
 

Mais la vraie joie est bien plus qu’un état d’âme : elle est « plaisir intégral du corps et de l’esprit, accompagné d’une adhésion à soi-même ».
 

Elle est une manière d’être permanente, conquise grâce à notre volonté.
 

Quant au bonheur, il résulte de la multiplication des joies : « Nous pourrions appeler bonheur l’essentiel d’une vie, parcourue du plus grand nombre possible de joie
 

 
 

La joie nous rend plus fort
 

Baruch Spinoza
 

Au moment où Spinoza (1632-1677) entame son Traité pour la réforme de l’entendement (1), il est en quête d’une éthique – d’une façon de vivre et de penser – en accord avec notre nature humaine, totalité âme-corps sujette aux émotions et au désir.

Le philosophe hollandais déteste les passions, qui nous rendent esclaves (passifs) – la tristesse paralysante, le désespoir, la colère, tellement obsédante, la crainte et la superstition.

La joie suprême ne réside pas dans le passage à l’acte compulsif, dans l’assouvissement de nos fantasmes, mais dans l’action éclairée par la connaissance.
 

Plus nous connaissons, plus nous comprenons, plus la joie croît en nous et plus, simultanément, nous devenons meilleurs et plus forts.
 

Pour cet homme qui se bat contre l’obscurantisme, dont les écrits seront censurés, la joie est étroitement liée au dépassement progressif des habitudes et des normes imposées par la pensée dominante.
 

La joie spinozienne est celle de l’homme avide de liberté. Elle nous assure que si nous continuons à penser, nous serons libres et puissants, même enchaînés.
 



 
 

Elle nous aide à supporter la cruauté du destin


Friedrich Nietzsche

Une immense partie de l’œuvre de Nietzsche (1844-1900) apparaît comme un vibrant appel
à l’enthousiasme et à la joie.

Pour ce grand mélancolique, dont la santé est précaire, ces émotions ne s’imposent pas d’elles-mêmes.


Cette invitation nietzschéenne s’adresse donc à l’humain ordinaire, qui connaît le découragement, l’abattement, la frustration.

Il tente de nous convaincre de ne pas nous laisser dominer par le pessimisme.


Mais, parce que la joie, selon le philosophe allemand, est un combat – car l’existence elle-même est un conflit permanent, tragique entre des forces qui s’opposent –, elle est volontiers excessive, proche de l’ivresse.

Puis le moi se ressaisit et devient force d’affirmation face à ce qui doit être :« Cet événement,
cette situation que je ne peux pas changer, je l’accepte, je l’accueille.»


La volonté – le désir – affirme gaiement sa détermination.


Venez, nous interpelle Nietzsche, la vie c’est ici et maintenant !



 

Elle témoigne du triomphe de la vie


Henri Bergson

Henri Bergson (1859-1941) est « le » philosophe de la joie : pour le philosophe français,
celle-ci est la meilleure preuve que la vie est en train de remporter une victoire.



Comment la distinguer du plaisir ? Elle est plus profonde, plus durable, plus vraie.


Elle s’accompagne toujours du sentiment d’être en phase, en plein accord avec notre être.

Le plaisir nous fait du bien, il est essentiel en ce qu’il nous incite à nous reproduire (le plaisir sexuel),
à rester sur terre, mais il ne possède pas cette dimension spirituelle universelle, véhiculée par la joie.

Elle est là quand nous œuvrons à élever le niveau de conscience de l’humanité, quand nous travaillons
à nous améliorer intérieurement et partageons, transmettons, le fruit de cet effort.

Elle est là quand l’esprit triomphe des obstacles, échappe au poids et à l’inertie de la matérialité.

Bergson célèbre souvent la supériorité des grands mystiques et des moralistes.


Pourtant, tout individu qui promeut une idée belle et novatrice, qui transforme les hommes
et l’ordre des choses, accède à une joie qui ne trompe pas.
 

Jugée trop bruyante ou trop physique, la joie n’a guère enthousiasmé les penseurs.
 

Pourtant, après des siècles de mépris, elle est aujourd’hui réhabilitée par la philosophie, qui reconnaît enfin son caractère essentiel à la vie. (…)
 

Isabelle Taubes – « Ces philosophes qui nous enseignent la joie »
 



 

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 20 févr. 2011, 11:34:00

C'est très bouddhiste comme point de vue.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 20 févr. 2011, 11:37:00

Quel est ton avis, Plume ?

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Libre Plume
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Message non lu par Libre Plume » 20 févr. 2011, 13:30:00

edit. en résumé la joie est un composant de la vie.
Modifié en dernier par Libre Plume le 13 déc. 2013, 21:42:57, modifié 4 fois.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 20 févr. 2011, 14:53:00

Je suis assez joyeuse icon_biggrin surtout quand je lis Golgoth,Lancelot,Nombrilist ,El Fredo et pawla.

C'est très important de garder sa capacité à rire des choses et surtout de soi même,rien est grave à part la mort.

lambertini
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Message non lu par lambertini » 20 févr. 2011, 20:27:00

tu est seul quand tu naie, tu est seul quand tu meurre ,..
 le reste, est du remplisage, tu ne fait que de passer,  tout ce qui ne peut etre partager, ou manger, est perdu.
nue tu arrive, nue tu part
la caravane passe et les chiens aboient

bye 2
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Message non lu par bye 2 » 21 févr. 2011, 05:00:00

La joie est plus qu'une hilarité de "bon vivant", une envie profonde de faire, en s'appuyant sur la lucidité.
C'est-à-dire, ne pas être en décalage, ne pas se satisfaire de la platitude ( rire et joie de surface ), mais croire en l'action, le sursaut.
Par voie de conséquence, l'envie d'être, rejaillit dans le contact avec les autres, la nature, chaque mouvement ou tressaillement de l'individu.

A l'opposé, les vrais tristes, sont ceux qui s'esclaffent bruyamment, pour n'importe quoi, sur du creux.

Mais est-ce que la joie, qui confère selon moi, à la dignité ( ne pas se satisfaire de peu ou bien réagir devant l'obstacle ) est une évidence par rapport à l'échéance, c'est-à-dire qui lui est consubstantielle ( comme un combat contre la mort, dans chaque instant de vie ), ou bien peut-elle en être détachée, libre ?

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 21 févr. 2011, 05:45:00

Il y a une grande différence entre la joie et le bonheur la joie pour moi est dans l'instantanéité.Ce n'est pas en tous cas pour moi un concept intellectuel.

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artragis
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Message non lu par artragis » 21 févr. 2011, 15:14:00

Cobalt a écrit :Il y a une grande différence entre la joie et le bonheur la joie pour moi est dans l'instantanéité.Ce n'est pas en tous cas pour moi un concept intellectuel.
autant, habituellement je n'aime pas faire de la philo avec toi, autant là je suis parfaitement d'accord avec toi.
http://zestedesavoir.com une association pour la beauté du zeste.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 21 févr. 2011, 16:09:00

C'est que je suis pas trop philosophe non plus icon_biggrin

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Libre Plume
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Message non lu par Libre Plume » 21 févr. 2011, 21:40:00

bye 2 a écrit :La joie est plus qu'une hilarité de "bon vivant", une envie profonde de faire, en s'appuyant sur la lucidité. C'est-à-dire, ne pas être en décalage, ne pas se satisfaire de la platitude ( rire et joie de surface ), mais croire en l'action, le sursaut.Par voie de conséquence, l'envie d'être, rejaillit dans le contact avec les autres, la nature, chaque mouvement ou tressaillement de l'individu.

A l'opposé, les vrais tristes, sont ceux qui s'esclaffent bruyamment, pour n'importe quoi, sur du creux.

Mais est-ce que la joie, qui confère selon moi, à la dignité ( ne pas se satisfaire de peu ou bien réagir devant l'obstacle ) est une évidence par rapport à l'échéance, c'est-à-dire qui lui est consubstantielle ( comme un combat contre la mort, dans chaque instant de vie ), ou bien peut-elle en être détachée, libre ?


 
Vous l’avez très bien compris, la joie est la voie qui convient le mieux à l’homme  pour s’exprimer et se libérer.
Modifié en dernier par Libre Plume le 13 déc. 2013, 21:29:40, modifié 1 fois.

bye 2
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Message non lu par bye 2 » 22 févr. 2011, 04:57:00

Que ta joie demeure, Libre Plume.

Bonne journée.

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GIBET
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Message non lu par GIBET » 25 févr. 2011, 02:27:00

"Si tu pleures de joie, ne sèche pas tes larmes: tu les voles à la douleur" (Paul-Jean TOULET)
Le silence est un ami qui ne trahit jamais

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Libre Plume
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Message non lu par Libre Plume » 26 févr. 2011, 20:19:00

Merci Gibet pour cette jolie citation qui n'est pas triste.
Modifié en dernier par Libre Plume le 13 déc. 2013, 21:34:55, modifié 1 fois.

pierre30
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Message non lu par pierre30 » 29 mai 2011, 08:44:00

Je suis assez d'accord avec Misrahi. Beaucoup moins avec Spinoza qui associe la joie à l'acquisition de connaissances. Nietzsche semble être un triste qui en a conscience et fait des efforts ... Bergson trouve la joie en sauvant le monde.

Bref, chacun a sa joie personnelle.

Pour moi, l'astuce consiste à ne rien prendre au sérieux. Le sérieux est prétentieux et fait ch.... Il occupe l'esprit. Pour moi la joie provient du plaisir simple que je sélectionne (j'essaye) en toute chose même insignifiante. On peut trouver de la joie dans l'idée de la mort : c'est quand même le grand voyage vers l'inconnu et, à moins de n'être pas curieux, on peut se dire qu'il peut y avoir des trucs amusants icon_cheesygrin ; en tout cas pour celui qui meurt, car pour les autres il reste l'absence.

Voilà : la joie, c'est trouver du plaisir en toute chose; du moins essayer car parfois c'est compliqué.

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