Ilikeyourstyle a écrit :Je parle de la littérature de fumeurs de poppies gauchistes dont nous abreuves à longueur de topic dès que nous abordons les sujets environnementaux et énergétiques, que tu ne maitrises absolument pas du tout je tiens à le préciser. Le seul lien qu'il y a pour l'instant est posté par Politicien vers quelque chose venant du Réseau Sortir du Nucléaire, que je n'ouvre même pas pour éviter de faire tourner le Statscounter de ces clowns tristes.
Mort de rire. Pas besoin d'essayer de te caricaturer, tu y arrives très bien tout seul. Au fond les pro-nucléaires hystériques dans ton genre ne sont pas différents des ayatollahs comme RSN : tout dans la pensée binaire, aucune nuance, aucun recul, c'est du tout ou rien. D'un côté il y a les gars dans ton genre qui refusent tout débat sur la question énergétique (vive la démocratie !) sur le mode TINA (There Is No Alternative) et qui dépeignent leurs opposants (les détracteurs comme les sceptiques voire même les simples pragmatiques comme moi) comme des fumeurs de joints et des partisans de la bougie, et de l'autre côté il y a des charlots comme RSN qui demandent l'arrêt immédiat de la moitié du parc nucléaire français sans se poser la moindre question des conséquences immédiates. Et ce n'est pas ton bref passage au CEA au début de ta carrière qui va pouvoir justifier ton ridicule argument d'autorité.
Si tu me connaissais mieux, tout du moins si tu prenais le soin de lire un minimum les articles et les messages que je poste, tu saurais que ma principale opposition au nucléaire n'est pas idéologique mais au contraire essentiellement économique, sans même parler des problématiques de sécurité (et ici je parle de la sécurité des personnes, pas des installations). Mon argument principal est que le nucléaire n'est pas suffisamment compétitif par rapport aux alternatives pour justifier les risques, certes environnementaux mais surtout géopolitiques. Dois-je rappeler qu'à l'heure actuelle nous avons 7 otages de l'AQMI au Niger, salariés d'Areva ? L'uranium ne pousse pas sous les arbres, alors quand j'entend l'argument de l'indépendance énergétique à propos du nucléaire ça me fait doucement rigoler. Quand on prend en compte l'intégralité de l'équation économique de bout en bout, on se rend compte que le nucléaire nécessite des investissements et des prises de risques énormes pour un gain marginal voire carrément nul par rapport à des technologies alternatives (qui de plus disposent d'un potentiel de croissance non négligeable).
Pour moi le nucléaire est intéressant dans le cas d'économies émergentes car il peut répondre à des besoins très importants en très peu de temps (ce qui au passage pose des problèmes au niveau des infrastructures de distribution, problème qu'on ne rencontre pas avec les solutions décentralisées). Mais une fois le rythme de croisière atteint, et une capacité baseline établie, comme chez nous, les solutions alternatives sont préférables et suffisantes pour couvrir l'accroissement des besoins et le renouvellement des capacités de production. J'ai tendance à utiliser la métaphore du démarreur d'une voiture : c'est un moteur électrique fonctionnant sur batterie qui est nécessaire pour lancer le moteur, mais insuffisant pour propulser le véhicule. La France dispose d'un parc nucléaire conséquent, qui constitue l'essentiel de notre mix électrique, et il est stupide de vouloir tout arrêter d'un coup : on a dépensé des fortunes en R&D, coulé des tonnes de béton, construit des milliers de kilomètres de lignes THT, et il est difficilement justifiable d'un point de vue écologique de ne pas utiliser un moyen existant à son maximum (comme dit le dicton écolo : la brique qui pollue le moins est celle qui est déjà dans le mur). Comme le dit artragis, tous les gens un minimum sérieux sur la question incorporent une dose de nucléaire dans le mix énergétique.
Par contre il faut d'ores et déjà préparer une transition douce vers les énergies renouvelables à mesure que les centrales arrivent en fin de vie, car dois-je le rappeler, l'uranium n'est pas une énergie renouvelable mais n'est disponible qu'en quantité limitée. Et au fur et à mesure que les réserves s'épuisent (on parle de 100 ans, mais quand bien même ça serait 1000 ans c'est insuffisant si on veut assurer l'avenir de l'humanité), son coût augmentera et rendra le nucléaire de moins en moins compétitif par rapport aux alternatives dont le coût est en diminution constante. Le moment où les courbes se croiseront approche à grand pas (c'est déjà le cas dans certaines zones des USA). Et notre modèle n'est de toute façon pas exportable : imagine-t-on produire les 3/4 de l'électricité mondiale à partir du nucléaire ? Ça reviendrait à multiplier la demande en uranium par 5 !
Et pour parler de la sécurité, même si à mon avis les risques d'accident nucléaire façon Tchernobyl sont extrêmement improbables en France, c'est en réalité la filière elle-même qui pose des problèmes : le secteur nucléaire français se caractérise par un recours excessif à la sous-traitance, et les cas de fuite ou d'irradiation accidentelle ou par négligence abondent. On veut donner une image de responsabilité et de sérieux mais en réalité l'industrie nucléaire française fonctionne grâce à une armée de petites mains sous-payées et précaires, qui de plus connaît un turnover important du fait des faibles perspectives et des risques, ce qui nuit à l'accumulation d'expérience.
A part ça, ça ne te choque pas qu'on s'aperçoive seulement maintenant (plus de 30 ans après) que les capteurs de débit des circuits de refroidissement sont hors spécifications.
Ilikeyourstyle a écrit :Tchenobyl était dans un monde disctatorial, sans éthique et sans contrôle démocratique (caractéristique des pays communistes, je pourrais vous en dire beaucoup sur ce sujet).
Encore un argument à deux balles. Et Three Mile Island ou Sellafield c'était dans des dictatures peut-être ? Et parler de "contrôle démocratique" dans le cas de la France est une vaste blague : depuis quand le choix du nucléaire est-il issus d'un choix démocratique, et encore moins soumis à un contrôle démocratique ? La filière française est en réalité contrôlée par une technocratie essentiellement composée de polytechniciens, incarnation de la pensée unique qui réfute l'idée même de débat sur la question énergétique en France. Un exemple : cette question a été écartée du Grenelle de l'Environnement, et même si celui-ci a été une fumisterie, ce traitement d'exception est quand même très parlant.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.