Près de 20% des agriculteurs n’ont dégagé aucun revenu en 2017

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Jeff Van Planet
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Re: Près de 20% des agriculteurs n’ont dégagé aucun revenu en 2017

Message non lu par Jeff Van Planet » 11 nov. 2019, 17:13:19

@fan2machiavel
C'est pas faux.

Même si je pensais aux fruits et légumes qui utilisent ces graines/plants (selon s'ils plantent ou sèment) créées par croisements sélectionnées pour être productives et résistantes aux maladies mais... elles ont perdu leurs goûts et qualités nutritives dans le processus car ça ne faisait pas partie du cahier des charges.
Ceux qui font des "variétés anciennes" arrivent à tirer leurs épingles du jeu.

Juste pour la généralisation: c'est vrai que le faite de se positionner différemment sur un marché donne un avantage. Mais même si beaucoup d'agriculteurs faisaient des variétés anciennes plus nutritives et avec du goût de fruits/légumes, il resterait quand même une bonne partie de la population qui n'aurait pas les moyens de s'acheter de la qualité à son prix et qui préférera toujours les produits importés de qualité faible.

Parce qu'actuellement j'ai le choix entre une tomate hollandaise/espagnole/marocaine faite sous serre en hydroponique ou une tomate qui vient de Marmande ou de vendée faite sous serre en hydroponique mais plus chère. A qualité égale je suis comme tout le monde: je prends le moins cher, donc pas français.
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
J.Saramago

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johanono
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Re: Près de 20% des agriculteurs n’ont dégagé aucun revenu en 2017

Message non lu par johanono » 11 nov. 2019, 17:15:41

fan2machiavel a écrit :
11 nov. 2019, 16:49:02
Le problème c'est la définition de la qualité et sa valorisation économique.
Tu vas avoir différente définition différentes et contradictoires de la qualité. Je vais prendre un exemple simple car facilement quantifiable : le lait.
En gros dans le lait tu vas avoir la fractions lipidique, la fraction protéique et le lactose (je résume tu peux voir aussi la composition de ces 2 premières mais en réalité dans les paiement du lait cela joue assez peu). Pour la fraction protéique c'est simple généralement plus il y en a mieux c'est, mais pour la fraction lipidique c'est extrêmement variable d'un consommateur à l'autre et d'une année à l'autre. Ce qui fait que des fois le lait gras est plus cher qu'un lait moins gras et des fois c'est l'inverse. Alors certes un éleveur peut jouer sur l'alimentation pour faire varier un peu ce paramètre mais cela dépend surtout de la race de tes vaches et çà c'est plus long à changer.
Pour la valorisation économique; en gros tu peux faire de la qualité sans forcément être mieux payé voire même en étant payé moins bien. En clair c'est bien beau de faire de la qualité mais encore faut il que celle ci soit reconnue. Donc soit tu t'inscrit dans une démarche de label (mais comme pour le bio, un label n'a de valeur que s'il n'est pas généralisé) ou d'une production standardisé comme un AOP (encore faut il qu'il y ait un AOP correspondant à ta production où tout bonnement à ta localisation) soit tu fais de la vente directe où tu peux directement mettre en valeur ton produit (mais cela implique d'avoir un bassin urbain à proximité). Sans çà ton produit ne sera pas acheté plus cher (voire sera payé moins cher car ne correspondant pas aux standards de productions).
Par exemple la plupart des élevages bovins viandes essayant de faire de la qualité sont payés aux prix standard de la viande selon la grille SEUROP.
Le seul moyen de valoriser la qualité est effectivement de s'inscrire dans un label. À chaque label est attaché un cahier des charges bien précis. Certains labels sont très recherchés par les consommateurs, par exemple AB ou Label rouge.

Moi, je rêve que l'ensemble de la production française, sans aller jusqu'au bio, puisse être certifié Label rouge. Ce faisant, l'agriculture française deviendrait vraiment synonyme de qualité, un peu comme l'industrie allemande. Cette image de marque serait très recherchée et permettrait d'avoir des prix rémunérateurs, qui compenseraient des coûts de production élevés. Pourquoi ne pas essayer de faire avec notre agriculture ce que font les Allemands avec leur industrie ?

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Spartiate
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Re: Près de 20% des agriculteurs n’ont dégagé aucun revenu en 2017

Message non lu par Spartiate » 11 nov. 2019, 17:28:27

johanono a écrit :
11 nov. 2019, 17:07:04
Donc dire qu'il faut que les agriculteurs se lancent dans les fruits et légumes bio pour s'en sortir c'est confondre ses préférences de consommations et la réalité économique. D'autant plus qu'il y a un énorme facteur à prendre en compte (et que je ne vois personne considérer ici): le terrain (et le climat qui va avec). Les zones où on peut faire du maraîchage et du verger à haute valeur ajoutée, on n'en a pas tant que çà en France: en gros le pourtour méditerranéen et la zone Charente-Vendée.
Le terrain et le climat français sont d'une grande variété et se prêtent à tous types d'activités. Dans le nord-ouest, on fait beaucoup d'élevage, pour le lait ou la viande. Idem dans le Massif central. Dans certaines grandes plaines, on fait de la culture céréalière. Ailleurs, on fait de la viticulture, du verger ou du maraîchage.

Et toutes ces activités peuvent faire l'objet d'une conversion au bio, ou à quelque chose de plus extensif.
Tout à fait. La France est privilégiée à ce niveau-là et ça ne date pas d'hier, mais de César qui faisait nourrir ses troupes en Gaule. Peu de pays européens peuvent se targuer d'autant de diversité des sols, des climats et d'autant de littoraux et de cours d'eau.

Il y a également l'effet pervers des subventions agricoles, qui valorisent peu la montée en gamme.

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fan2machiavel
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Re: Près de 20% des agriculteurs n’ont dégagé aucun revenu en 2017

Message non lu par fan2machiavel » 11 nov. 2019, 17:30:25

johanono a écrit :
11 nov. 2019, 17:07:04
Je ne pense pas que ça représente beaucoup de monde.
Ça représente sans doute beaucoup plus de monde. Et à mon avis, cette situation dans laquelle le couple vit grâce aux revenus du conjoint non agriculteur est plus souvent subie que voulue. Et elle révèle bien la difficulté, pour de nombreux agriculteurs, à vivre de leur production.


Ça fait donc beaucoup de monde qui galère, non ?
oui, ensuite il y a aussi une certaine variabilité dans chacune de ces productions et par ailleurs, ce sont justement dans ces productions qu'on trouve le plus d'exploitants dont le but n'est pas de dégager un revenu.


Le terrain et le climat français sont d'une grande variété et se prêtent à tous types d'activités. Dans le nord-ouest, on fait beaucoup d'élevage, pour le lait ou la viande. Idem dans le Massif central. Dans certaines grandes plaines, on fait de la culture céréalière. Ailleurs, on fait de la viticulture, du verger ou du maraîchage.

Et toutes ces activités peuvent faire l'objet d'une conversion au bio, ou à quelque chose de plus extensif.
Pas toujours possible. Tu ne pourras pas par exemple remplacer les légumes sous serre de Bretagne par du plein pied car le climat et le sol ne s'y prête pas. Par ailleurs comme je l'ai dis plus haut cette conversion ne sera pas toujours (et même en réalité rarement) récompensée économiquement sur le prix de vente. Donc ce n'est pas une piste globale pour l'amélioration économique pour les agriculteurs (même si individuellement cela peut être le cas)

Il n'y a pas de contradiction entre ces deux constats. Le fait est que les cours très bas ne permettent pas aux agriculteurs de vivre de leur production, dans l'agriculture conventionnelle. Il y a donc deux moyens de s'en sortir :
- pour ceux qui restent dans le conventionnel, les petits exploitants ne font plus assez de volume pour survivre, il faut donc grossir, pour réaliser des économies d'échelle : c'est ce mouvement de concentration qui est à l'œuvre depuis quelques décennies maintenant ;
- changer de mode de production, en passant à de l'extensif, voire du bio : dans ce cas, le chiffre d'affaires est moindre, mais les coûts de production sont très faible, l'endettement est quasi-nul, et dans ces conditions, une exploitation de petite taille est tout à fait viable.
L'extensif demande plus de terre à production constante. Donc tu peux avoir à production constante une augmentation de tes couts de productions avec un passage à l'extensif. En fait tout dépend du prix du foncier. Si tu prend par exemple la situation en Australie où le foncier ne vaut rien tu as tout intérêt à faire de l'ultra extensif (ce qu'ils font) à l'inverse à en région parisienne les prix font qu'il revient très cher de faire de l'extensif.
Et globalement les zones d'agricultures intensives (la Beauce et le bassin laitier Côtes d’Armor-Manche) sont des zones où le foncier agricole est plutôt cher

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fan2machiavel
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Re: Près de 20% des agriculteurs n’ont dégagé aucun revenu en 2017

Message non lu par fan2machiavel » 11 nov. 2019, 17:45:41

Jeff Van Planet a écrit :
11 nov. 2019, 17:13:19
@fan2machiavel

Juste pour la généralisation: c'est vrai que le faite de se positionner différemment sur un marché donne un avantage. Mais même si beaucoup d'agriculteurs faisaient des variétés anciennes plus nutritives et avec du goût de fruits/légumes, il resterait quand même une bonne partie de la population qui n'aurait pas les moyens de s'acheter de la qualité à son prix et qui préférera toujours les produits importés de qualité faible.
Justement cela fera baisser le prix des produits de qualités. Les demandes à l'export de produits de qualités sont assez faibles (et par ailleurs il s'agit souvent de produits plus rapidement périssables donc moins adaptées à l'exportation).
C'est ce qui est en train de se passer pour le label rouge pour lequel l’intérêt économique est de plus en plus limité car trop de produits sont label rouge.

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fan2machiavel
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Re: Près de 20% des agriculteurs n’ont dégagé aucun revenu en 2017

Message non lu par fan2machiavel » 11 nov. 2019, 17:46:48

Spartiate a écrit :
11 nov. 2019, 17:28:27
johanono a écrit :
11 nov. 2019, 17:07:04
Donc dire qu'il faut que les agriculteurs se lancent dans les fruits et légumes bio pour s'en sortir c'est confondre ses préférences de consommations et la réalité économique. D'autant plus qu'il y a un énorme facteur à prendre en compte (et que je ne vois personne considérer ici): le terrain (et le climat qui va avec). Les zones où on peut faire du maraîchage et du verger à haute valeur ajoutée, on n'en a pas tant que çà en France: en gros le pourtour méditerranéen et la zone Charente-Vendée.
Le terrain et le climat français sont d'une grande variété et se prêtent à tous types d'activités. Dans le nord-ouest, on fait beaucoup d'élevage, pour le lait ou la viande. Idem dans le Massif central. Dans certaines grandes plaines, on fait de la culture céréalière. Ailleurs, on fait de la viticulture, du verger ou du maraîchage.

Et toutes ces activités peuvent faire l'objet d'une conversion au bio, ou à quelque chose de plus extensif.
Tout à fait. La France est privilégiée à ce niveau-là et ça ne date pas d'hier, mais de César qui faisait nourrir ses troupes en Gaule. Peu de pays européens peuvent se targuer d'autant de diversité des sols, des climats et d'autant de littoraux et de cours d'eau.

Il y a également l'effet pervers des subventions agricoles, qui valorisent peu la montée en gamme.
Les pays agricole sans subventions agricoles ne se démarquent pas sur la qualités de leurs produits

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