fan2machiavel » Mer 29 Juil 2015 - 18:04 a écrit :Bon plusieurs points à noter sur ce sujet:
-Sur la qualité. Quand j'entends: "les agriculteurs n'ont qu'à faire de la qualité ils vendront plus cher", oui... et non. Ce raisonnement est valable individuellement. Dans le contexte actuel, un agriculteur qui mise sur une démarche qualité peut se démarquer et trouver un filon pour vendre plus cher. Le problème c'est que si tous les agriculteurs vont sur cette voie, la qualité devient la norme et il n'est plus possible de se démarquer (et ainsi de vendre plus cher) donc le raisonnement ne devient plus valable.
Sauf qu'en faisant de la qualité, on diminue les volumes, donc l'offre. Avec une offre pas trop abondante, les prix peuvent remonter. En outre, en faisant de l'intensif, les agriculteurs ont un endettement important, qui pèse sur leurs marges. En s'engageant dans une démarche de qualité, les agriculteurs auraient moins besoin de s'endetter, donc les marges seraient plus élevées.
-Sur les charges. Ce qui coute le plus cher à un éleveur ce n'est pas du tout les salaires. Premièrement parce qu'ils ont peu d'employés d'autres part parce qu'il y a des choses qui leur coûte bien plus cher comme l'alimentation, l'eau, l'électricité, la paille....Les charges salariales n'ont donc que très peu d'impact direct. En revanche, il y a un impact indirect important c'est que les éleveurs embauchent très peu de salariés et qu'ils n'arrivent plus à faire le travail correctement à cause d'un manque de main d’œuvre.
Par comparaison avec les autres pays européens, les exploitations agricoles françaises restent assez petites, et ont relativement peu de main d’œuvre (sauf peut-être dans certains secteurs tels que la viticulture, qui a besoin de beaucoup de main d’œuvre pour les vendanges). Dans certains pays comme l'Allemagne, les exploitations sont plus grosses, avec de la main d’œuvre à bas prix, cela permet donc de réaliser d'importantes économies d'échelle.
Par ailleurs, je repose une question que j'ai déjà posée concernant l'alimentation. Les agriculteurs se plaignent que la volatilité des cours pèse sur leur budget alimentation (c'est-à-dire qu'ils se plaignent de devoir payer de plus en plus cher la nourriture de leur bétail). Or il me semble que, dans un ancien temps, jadis, les éleveurs cultivaient eux-mêmes les plantes qu'ils donnaient à manger à leurs animaux. Ce faisant, ils étaient relativement autonomes financièrement. Pourquoi cette pratique a-t-elle cessé ? Il y a quelques années, avec la crise de la vache folle, on a même appris qu'ils achetaient des farines animales pour leurs vaches : donner de la viande à des herbivores, est-ce cela, le bon sens paysan ?
-Sur la vente direct. Tout d'abord il faut se rappeler que la grande majorité des français vivent dans des grandes villes et donc que cela reste un marché de niche, non généralisable. Ensuite, il faut garder à l'esprit qu'il y a un intermédiaire qu'on ne peut pas zapper c'est l’abattoir et donc qu'il est plus difficile de faire de la vente direct pour la viande que par exemple pour les fruits et les légumes. Enfin, pour faire de la vente direct, il faut du temps ce que les agriculteurs n'ont pas (cf un message plus haut)
Concernant la vente directe, je pense que tous les agriculteurs pourraient en faire. En revanche, il est vrai que tous les consommateurs ne peuvent pas y recourir. Je suis donc d'accord avec toi sur l'impossibilité de généraliser la vente directe.
-Sur les normes environnementales, cela pose un problème. Non pas pour les normes en elles même mais par le fait qu'elles changent tout les 4 matins et ainsi que cela est difficile (et cher) à suivre. Il faudrait qu'on s'astreigne à ne les modifier que tous les 10 ans (je dis un chiffre au hasard mais l'idée est là)
Peut-être bien. Mais on dirait quand même qu'ils ne se plaignent pas seulement de l'instabilité des normes. Ils se plaignent aussi des normes environnementales en tant que telles (sous-entendu : les concurrents étrangers ne subissent pas ces normes).
-Il y a un problème important à l'élevage français c'est le vieillissement des bâtiments qui ne sont souvent plus adaptés aux productions actuels ce qui fait perdre de la compétitivité. Autre problème le manque technicité d'un nombre non négligeable d'éleveurs pas adpaté aux productions qu'ils veulent s'imposer. En fait l'industriel peut être largement rentable et avec peu d'impact environnemental et un bien être animal respecté... si on le fait bien. Le problème n'est donc pas que les éleveurs veuillent faire de l'industriel mais qu'il n'aient pas les moyens technique de le faire bien (et là souvent c'est la catastrophe)
Pour moi, l'industriel, c'est la ferme des 1000 vaches : des économies d'échelle très importantes (investissements rentabilisés par un gros chiffre d'affaires, peu de main d’œuvre en proportion de la quantité produite) et un bien-être animal très relatif (on se demande si les vaches ont déjà vu un pré). Si c'est modèle-là qu'on veut, sous prétexte de rester compétitifs, alors il faut le dire clairement.