Eleveurs mécontents, ministre impuissant

[johanono]

Voilà ce que je craignais. Le gouvernement n'a d'autre solution que d'annoncer de nouveaux avantages financiers pour les agriculteurs (baisses de charges, reports de cotisations, etc.), le tout évidemment financé sur fonds publics. Mais sur la régulation des marchés (donc des prix), le gouvernement n'a rien annoncé : logique, il ne peut rien faire. Donc la crise continuera encore et encore, les agriculteurs continueront à manifester pour obtenir de nouveaux avantages, et ce cirque risque de durer encore des années.

[El Fredo]

Le problème ce ne sont ni l'UE ni le coût du travail, le problème c'est l'hégémonie de la grande distribution.

Soit dit en passant, si j'étais jeune agriculteur je ferais du bio, les professionnels de cette filière vivent très bien sans perfusion.

[Nombrilist]

L'UE nous empêche tout de même de tordre le bras de la grande distribution. Et le bio est subventionné.

[El Fredo]

1. L'UE a bon dos, en Italie la grande distribution est beaucoup moins puissante. 2. Beaucoup moins que l'agriculture productiviste.

[Nolimits]

Des baisses de charges : encore un régime particulier de plus, financés par les fonds publics.

[johanono]

1. L'UE a bon dos, en Italie la grande distribution est beaucoup moins puissante. 2. Beaucoup moins que l'agriculture productiviste.

Je ne sais pas comment ça marche en Italie. Ce que je constate, comme Nombrilist, c'est que l'UE nous interdit de réglementer quoi que ce soit, parce qu'une telle règlementation serait contraire au principe du libre-échange. Un accord général sur les prix entre agriculteurs, grande distribution et sociétés agro-alimentaires est tout simplement interdit.

Et puis c'est aussi l'UE qui a supprimé les quotas laitiers...

C'est aussi l'UE qui permet aux producteurs allemands de recruter des travailleurs détachés payés à vil prix...

Pour le bio, je suis partagé. Moi aussi, si j'étais agriculteur, je m'engagerai dans des filières plus rémunératrices, telles que le bio, ou à défaut, le Label rouge, la vente directe, etc. De telles filières me permettraient de mieux gagner ma vie, et elles me rendraient la fierté de produire quelque chose de qualité (au lieu de produire de la m.... à bas prix). Mais j'ai comme un doute : je crains que ces filières soient des marchés de niche, et qu'on ne puisse pas les généraliser.

[les orteils]

Il y a quand même des décennies que l'agriculture produit à perte. Les artifices de la PAC ne pouvaient pas durer éternellement. Le marché est international et concurrentiel, le problème est donc structurel.
Tracer les produits, c'est bien, monter en gamme aussi. Pour les petites structures, c'est ça ou intégrer les mégastructures, sinon la survie est impossible. L'économie de marché est d'autant plus impitoyable qu'au sein de l'UE la concurrence est faussée.

[omega95]

Nos agriculteurs ne peuvent pas se battre sur les prix, les charges et la fiscalité françaises les en empêchent...
Ils n'ont comme solution que de se battre sur la qualité des produits... car les autres ne peuvent pas produire autant et si peut cher sans perdre en qualité... Je le redis donc : il faut se battre sur la qualité !! et en demander un prix plus élevé ! Ne vaut-il pas mieux produire moins, mais plus cher de de meilleure qualité que plus, moins cher et sans qualité ?

[johanono]

Lire cet entretien avec Périco Lagasse :

Périco Légasse : «Notre pays importe les cordes avec lesquelles nos agriculteurs se pendent»

FIGAROVOX/ENTRETIEN - En pleine crise agricole et à dix jours du Salon de l'Agriculture, Périco Légasse déplore les dégâts causés par la Commission européenne, la FNSEA et la spéculation boursière sur une filière jadis reine en France.

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Je ne peux qu'approuver...

Il faudra en effet que tous ceux qui ont accepté de brader la souveraineté française rendent des comptes.

[Narbonne]

Dans le Languedoc, on faisait pisser la vigne (c'est le terme adéquat) car le vin était acheté au ° l'hectolitre. On était dans la situation où si on augmentait la qualité de 1° on baissait sa production de 20% et le prix au litre augmentait de 10%. Donc le viticulteur était perdant de faire la qualité.
Il a fallu des décennies pour régler ce problème. Maintenant beaucoup font de l'AOC et s'en sortent mieux.

[johanono]

Je crois en effet me souvenir que, quand j'étais gamin (dans les années 80), les viticulteurs du Languedoc manifestaient assez fréquemment, et comme ils ont le sang chaud, leurs manifestations étaient assez violentes. Et cela fait quelques années maintenant qu'on n'entend plus parler d'eux. J'ai cru comprendre qu'ils avaient entrepris une montée en gamme de leur production, et que grâce à cette décision, ils s'en sortaient mieux (mais je n'ai pas suivi assez précisément leur situation).

[Narbonne]

Il y avait eu de très nombreuses manifestations. Un CRS avait même était abattu le 14 mars 1976. Maintenant ils font de l'AOC alors qu'ils faisaient que du vin de pays.

[johanono]

Quelle est la différence entre l'AOC et le vin de pays ? L'AOC serait-elle de meilleure qualité, donc plus rémunératrice ?

[Nombrilist]

L'AOC est un label qui permet de protéger la production de la contrefaçon.

[johanono]

Voici l'éditorial publié il y a quelques jours par le journal Ouest-France :

Commentaire. Construire une nouvelle agriculture

Un appel au calme mais pas à l’arrêt de la mobilisation.

Au terme d’un nouveau bras de fer avec le gouvernement, les agriculteurs ont obtenu de nouvelles avancées de la part du Premier ministre. Mais Xavier Beulin, le président de la FNSEA, s’est bien gardé de donner des consignes à ses troupes. Il en connaît la rage et la colère, le mal-être profond. Et ne veut pas prendre le risque d’être désavoué par sa base.

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Il faut savoir que ce journal a une ligne éditoriale centriste politiquement correcte, il nous vend régulièrement les bienfaits de la construction européenne. Il ne peut donc pas dénoncer l'impasse à laquelle nous conduit la construction européenne, sous peine de se renier. Alors quand il parle de la crise agricole, il en est réduit à énoncer un tissu de banalités : il faut "construire une nouvelle agriculture", le monde rural est "un monde sans boussole pris dans la nasse des marchés mondiaux et du surendettement, de plans d’investissements mal contrôlés", il faut "imaginer de nouvelles relations commerciales", et puis c'est tout. Pour les propositions concrètes, il faudra les trouver ailleurs que dans ce torchon.