Ségolène Royal : "Il faut bâtir de nouvelles centrales nucléaires"
Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, revient sur la loi de transition énergétique, l’avenir du nucléaire et l’implication des entreprises dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Le 8 janvier, Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, rencontre "L’Usine Nouvelle". L’entretien, prévu pour durer une heure, sera abrégé, urgence oblige. Vingt-quatre heures après la tuerie de "Charlie Hebdo", la ministre s’apprête à recevoir les opérateurs de transports dans le cadre du plan Vigipirate relevé au niveau "alerte attentat". D’entrée, la ministre fait part d’une "réaction d’horreur, de profonde tristesse et, en même temps, de volonté". "Ne soyons pas dans la peur, la consternation ou tétanisés, explique-t-elle. Soyons dans la puissance de la réponse de la République et de la liberté. C’est ce que montre la façon dont le peuple français réagit et se mobilise. Il y a eu une prise de conscience, salutaire et réconfortante, que l’essentiel est en jeu. Et que cet essentiel se défend collectivement."
Notre entretien avec Ségolène Royal porte surtout sur la transition énergétique. La ministre le répète à plusieurs reprises : elle a réussi à faire voter, en première lecture, une loi que beaucoup disaient impossible. Pour y parvenir, elle a su tenir tête à Europe écologie – Les Verts qui demandait de s’engager sur la sortie du nucléaire. Elle fait preuve de pragmatisme plutôt que d’idéologie, martèle-t-elle. La ministre regrette cependant que nombre de grandes mesures de la loi de transition énergétique ne soient pas connues du grand public. Elle évoque la possibilité, pour les collectivités et les particuliers, d’autoconsommer leur production d’électricité à partir de panneaux photovoltaïques. La loi prévoit un "développement maîtrisé et sécurisé des installations destinées à consommer tout ou partie de leur production électrique".
Autre sujet qui lui tient à cœur, le déploiement de la prime de conversion (qui peut aller jusqu’à 10 000 euros) pour remplacer un véhicule diesel de plus de treize ans par un véhicule électrique ou hybride rechargeable.
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EDF prévoit un grand carénage pour prolonger la durée de vie des réacteurs du parc nucléaire français. Êtes-vous favorable à ces investissements ?
Lorsque l’on fait des investissements de cette dimension [55 milliards d’euros selon EDF, ndlr] sur le parc électronucléaire, il faut penser la totalité du modèle énergétique. Il y a la question des centrales en fin de vie. Mais il y a aussi celle de leur durée de vie. Je n’ai pas mis dans la loi sur la transition énergétique une limitation à quarante ans comme le voulaient les écologistes. Ce n’est pas une bonne façon de procéder vis-à-vis de notre industrie. À l’international, ce serait un couperet trop idéologique. Certaines centrales peuvent vivre plus longtemps. Une partie du grand carénage a été adoptée par le conseil d’administration d’EDF avec mon accord. Il faut maintenant programmer les investissements de sécurité des réacteurs existants. Mais il faut aussi programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées.
Le nucléaire garde donc un avenir en France…
L’énergie nucléaire est un atout, même si demeurent des questions sur la gestion des déchets et l’approvisionnement en uranium. Elle nous permet de réaliser la transition énergétique, car, comme je l’ai dit à l’Assemblée nationale, elle assure une sécurité énergétique. En même temps, il serait contre-productif pour EDF de lui laisser croire qu’il y a une situation acquise, qu’elle n’a pas la responsabilité d’imaginer son futur. Quand on est dans une situation de monopole, il est souvent plus difficile d’envisager des mutations… mais aucune entreprise, dans son intérêt, ne peut y échapper. Je sais que la qualité des ingénieurs, des techniciens et des ouvriers d’EDF lui permet de l’imaginer. Ma responsabilité est de pousser EDF à regarder le futur, à continuer à être performante tout en s’ouvrant à de nouveaux secteurs. Depuis Fukushima, la demande mondiale de nucléaire a baissé, même si, dans la construction d’une économie décarbonée, le nucléaire est un atout évident… Il faut penser la demande nucléaire de manière intelligente dans un contexte de mix énergétique. EDF doit se positionner dans une offre énergétique variée. Elle doit être capable de vendre à la Pologne du nucléaire mais aussi du renouvelable.
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Ségolène Royal veut relancer la construction de centrales nucléaires. Dans une interview au magasine Usine nouvelle publiée mardi 13 janvier, la ministre de l'écologie et de l'énergie propose l'émergence d'une « nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées ».
« L'énergie nucléaire est un atout évident », en particulier dans « la construction d'une économie décarbonnée », souligne la ministre, qui concède que des « questions demeurent » sur « la gestion des déchets et l'approvisionnement en uranium ». « EDF doit se positionner dans une offre énergétique variée, prévient Mme Royal. Elle doit être capable de vendre à la Pologne du nucléaire, mais aussi du renouvelable. »
FESSENHEIM FERMÉE EN 2017 ?
C'est la première fois que la ministre évoque la possibilité de construire de nouveaux réacteurs en France. Ces déclarations illustrent l'évolution de sa position sur le nucléaire : pendant la primaire socialiste en 2011, elle avait exprimé le souhait de ramener le nucléaire « à une énergie d'appoint » et s'était prononcée pour une sortie du nucléaire en France à « échéance de quarante ans maximum ». Elle promettait d'abandonner la construction du futur réacteur EPR à Flamanville et d'en faire un site de recherche sur les techniques de démantèlement et les énergies renouvelables.
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