François Hollande, qui affiche depuis peu une fibre écologique dont il n'avait guère fait montre depuis le début de son quinquennat, était très attendu sur les sujets environnementaux lors de son entretien sur France Inter lundi 5 janvier. A onze mois de la conférence mondiale sur le climat dont Paris sera le théâtre en décembre, il a notamment déclaré : « La France est exemplaire en matière d'écologie ». Qu'en est-il vraiment ?
Des émissions de CO2 sur la bonne trajectoire
En 2012, les émissions de gaz à effet de serre nationales se sont élevées à 490 millions de tonnes équivalent CO2, selon le ministère de l'écologie, soit une diminution de 12 % par rapport à 1990, année de référence pour les engagements pris dans le cadre du protocole de Kyoto. La France a ainsi parcouru plus de la moitié du chemin qui doit conduire l'Europe à une baisse de 20 % d'ici à 2020.
Le ministère précise que, par habitant, la diminution est de 26 % entre 1990 et 2012, alors que la population française a augmenté de 12 % sur la même période. Il y voit le fruit de « l'ensemble des mesures d'atténuation, notamment l'amélioration des procédés industriels, l'isolation renforcée des bâtiments, le recours aux énergies renouvelables… »
Pour autant, l'empreinte carbone des Français, qui prend en compte les émissions générées à l'étranger lors de la fabrication et le transport de biens et de services importés en France, continue de croître. En 2010, elle représentait 733 millions de tonnes équivalent CO2, en hausse de 11 % par rapport à 1990.
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Un retard sur les objectifs d'énergies renouvelables
L'Hexagone doit – beaucoup – mieux faire au chapitre des énergies renouvelables. En 2013, leur part dans la consommation finale d'énergie a atteint 14,2 %, principalement à partir du bois-énergie et de l'hydraulique. C'est, souligne le ministère de l'écologie, une hausse de 5 points par rapport à 2005. Mais la France est encore loin de l'objectif de 23 % en 2020.
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Une eau de piètre qualité
Terre agricole, la France ne parvient pas à restreindre son appétit pour les intrants, engrais comme pesticides. Au contraire : la dernière note de suivi du plan Ecophyto, destiné à encourager des pratiques plus économes, indique une augmentation de 5 % des produits phytosanitaires entre la période 2009-2011 et 2011-2013. Elle révèle même qu'en 2013, l'agriculture en a utilisé 9,2 % de plus que l'année précédente.
Les résultats sont si décevants que le premier ministre avait confié en 2014 au député (PS, Meurthe-et-Moselle) Dominique Potier une mission de réflexion sur les moyens de « donner un nouvel élan » à une politique qui repose uniquement sur les exemples vertueux et le bon vouloir des exploitants agricoles. Celui-ci a remis, en novembre 2014, son rapport au gouvernement. Il ne comporte guère de mesures contraignantes lui non plus. Dans les campagnes, en particulier dans les territoires viticoles, les riverains s'inquiètent pour leur santé.
En attendant qu'un éventuel nouveau train de mesures ne produise des effets substantiels, l'eau des rivières et des nappes souterraines continue d'enregistrer des taux record de nitrates, produits essentiellement par l'excès d'engrais azotés. Ce phénomène dope les proliférations d'algues, en particulier sur le littoral envahi par des marées d'ulves et oblige à abandonner des captages d'eau potable.
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Les dépenses de protection de l'environnement en forte hausse
En 2012, 47,5 milliards d’euros ont été consacrés à la protection de l’environnement en France, soit un montant trois fois supérieur à celui de 1990. Cette somme provient à 40 % des entreprises, à 28 % des ménages et à 32 % des administrations publiques, selon le rapport statistique annuel 2014 du ministère de l'écologie. Principaux secteurs financés : la gestion des déchets et l'assainissement des eaux usées (62 % des financements), loin devant l'air, la lutte contre le bruit, la biodiversité ou les sols et les eaux. La France se plaçait, en 2010, au quatrième rang de l’Union européenne pour ses dépenses en faveur de l’environnement ramenée au nombre d'habitants, derrière l’Autriche, les Pays-Bas et l’Italie, et en 5e position rapportées au PIB – derrière les Pays-Bas, Malte, la République tchèque et le Luxembourg.
Le budget du ministère de l'écologie lui-même subit toutefois une nouvelle érosion en 2015, en passant de 7,06 milliards d'euros en 2014 à 6,65 milliards d'euros (-5,8 %). Une décrue qui s'accompagne d'une perte de 515 postes.
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