- Prémices d'une guerre entre les deux Soudans / 13.04.2012 :
Malgré cinq ans de tentatives de négociations, et quasiment un an après la proclamation de l'indépendance du Soudan du Sud, le 9 juillet 2011, la tension entre les deux Etats ne cesse de prendre de l'ampleur.
Principales causes du conflit depuis la partition du pays, non pas les différences religieuses entre les populations des deux Etats, mais le pétrole : le tracé peu précis des frontières entre les deux Etats et le partage de la manne pétrolière. Car si le Sud bénéficie désormais de 75% des réserves de brut de l'ex-Soudan, pour exporter son pétrole il reste dépendant du Nord et de ses oléoducs.
Ainsi les troupes du Sud occupent, depuis le 10 avril dernier, la ville stratégique d'Heglig qui "produit près de la moitié de la production soudanaise de 115 000 barils quotidiens", comme le rappelle le site d'information "Sudan Tribune". Et les Sudistes menacent de faire de même à Abyei si l'ONU n'obtient pas le départ des soldats nordistes occupant la région depuis un an.
Ces derniers jours, l'escalade s'est poursuivit puisque le Nord a riposté sans attendre : dès le 10 avril, les Antonov de Khartoum ont largué des bombes sur la localité de Bentiu, chef lieu de la région sudiste de l'Unité, à quelques kilomètres des champs de pétroles d'Heglig.
Les deux présidents, le nordiste Omar el-Béchir et son homologue sudiste Salva Kiir, s'accusent mutuellement d'avoir choisi la guerre. "L'Union africaine est particulièrement préoccupée par cette crise qui menace de se transformer en véritable guerre", rapporte "The Guardian".
(Cf. http://www.courrierinternational.com/br ... ux-soudans ).
Sud-Soudan : la guerre reprend ?
Re: Sud-Soudan : la guerre reprend ?
Les conflits pétroliers et religieux ont tendance à coincider ...
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
Re: Sud-Soudan : la guerre reprend ?
Ah bon ?! Franchement je ne trouve pas.
Exemple : dans les principales "guerres pour le pétrole" de ces dernières décennies (i.e : sécession du Biafra à la fin des années 1960, guerre des Malouines de 1982, guerres du Golfe diverses et variées...) ou dans les conflits potentiels sur ce thème (tensions en mer de Chine méridionale, tensions entre Colombie et Venezuela... voire entre une Ecosse indépendante et le gouvernement de Londres ?!) on ne peut néanmoins pas vraiment dire que le paramètre religieux soit particulièrement décisif dans l'alignement des uns et des autres.
La crise irakienne a opposé des musulmans à d'autres musulmans : avec des musulmans (koweïtis, arabes séoudiens, égyptiens, marocains, bangladeshis) dans la coalition internationale organisée contre le régime de Saddam Hussein, avec des irakiens chiites néanmoins souvent resté fidèles à l'égard d'un régime pourtant prétendument laïc, et avec des kurdes rebelles tout aussi sunnites que les principaux dirigeants alors au pouvoir...
Pareillement, on peut constater que la domination politique sur les gisements de pétrole oppose entre eux de gouvernements et des populations appartenant aux mêmes sphères culturelles : Sahraouis vs. Marocains, vs. Algériens, vs. Tunisiens... (ou encore Libyens de Tripolitaine vs. Libyens de Cyrénaïque...).
Quant - à l'inverse - aux principaux conflits "identitaires" +/- à base religieuse de ce vaste monde (i.e : Inde vs Pakistan, Israël vs. Etats arabes, Albano-Kosovars vs. Serbes, Républicains irlandais "catholiques" vs loyalistes britanniques "protestants" d'Irlande du nord), quoi qu'on ait pu parfois en dire par des raccourcis audacieux (Tchétchénie, Géorgie, etc), ils ne sont absolument aucunement liés au pétrole...
Quand Syriens pro- ou anti- Bachar s'entretuent (ou quand libyens pro- ou anti-Kadhafi s'entretuaient...), ce n'est pas essentiellement pour des motifs religieux. Quand Tadjiks, Hazaras et Pachtounes afghans s'entretuent, ce n'est pas essentiellement pour le pétrole. Pas beaucoup plus quand Ouïghours et Tibétains (voire Chinois de Hong Kong ou de Taïwan) essaient de secouer la domination "national-communiste" des "Hans" du régime bureaucratique athée et à parti unique de Pékin. Et pas davantage quand nationalistes uniates "pro-européens" et russophones d'Ukraine "pro-moscovites" s'envoient des noms d'oiseaux.
Et - pire encore - le pire conflit, le plus meurtrier en tout cas et principal génocide de l'après seconde guerre mondiale (ex : le génocide rwandais d'avril-mai-juin 1994 : 800.000 morts en trois mois...), il a opposé des noirs à des noirs, des chrétiens à des chrétiens... et aura été absolument sans aucun lien avec quelques gisements de quelques matières premières que ce soit.
Il n'y a guère que dans les pays du "Sahel" que la ligne de fracture épouse plus ou moins des frontières religieuses ... ou autres (comme au Mali ou au Soudan : où des populations "berbères" et "arabes" ont du mal à cohabiter avec des populations "noires", parfois de même religion...). Encore qu'on ne comprendrait pas vraiment quelle folie économico-mystique pourrait bien conduire les Soudanais ou Nigérians du nord à vouloir absolument se séparer des populations chrétiennes du sud de leurs pays, riche en pétrole...
Les conflits pétroliers et religieux ont tendance à coïncider ?! Ben non : ces rapprochements - épisodiques - sont circonstanciels et aléatoires. Et on trouve finalement plus encore de contre-exemples attestant précisément du contraire. Bref, y'a pas de règles...
Exemple : dans les principales "guerres pour le pétrole" de ces dernières décennies (i.e : sécession du Biafra à la fin des années 1960, guerre des Malouines de 1982, guerres du Golfe diverses et variées...) ou dans les conflits potentiels sur ce thème (tensions en mer de Chine méridionale, tensions entre Colombie et Venezuela... voire entre une Ecosse indépendante et le gouvernement de Londres ?!) on ne peut néanmoins pas vraiment dire que le paramètre religieux soit particulièrement décisif dans l'alignement des uns et des autres.
La crise irakienne a opposé des musulmans à d'autres musulmans : avec des musulmans (koweïtis, arabes séoudiens, égyptiens, marocains, bangladeshis) dans la coalition internationale organisée contre le régime de Saddam Hussein, avec des irakiens chiites néanmoins souvent resté fidèles à l'égard d'un régime pourtant prétendument laïc, et avec des kurdes rebelles tout aussi sunnites que les principaux dirigeants alors au pouvoir...
Pareillement, on peut constater que la domination politique sur les gisements de pétrole oppose entre eux de gouvernements et des populations appartenant aux mêmes sphères culturelles : Sahraouis vs. Marocains, vs. Algériens, vs. Tunisiens... (ou encore Libyens de Tripolitaine vs. Libyens de Cyrénaïque...).
Quant - à l'inverse - aux principaux conflits "identitaires" +/- à base religieuse de ce vaste monde (i.e : Inde vs Pakistan, Israël vs. Etats arabes, Albano-Kosovars vs. Serbes, Républicains irlandais "catholiques" vs loyalistes britanniques "protestants" d'Irlande du nord), quoi qu'on ait pu parfois en dire par des raccourcis audacieux (Tchétchénie, Géorgie, etc), ils ne sont absolument aucunement liés au pétrole...
Quand Syriens pro- ou anti- Bachar s'entretuent (ou quand libyens pro- ou anti-Kadhafi s'entretuaient...), ce n'est pas essentiellement pour des motifs religieux. Quand Tadjiks, Hazaras et Pachtounes afghans s'entretuent, ce n'est pas essentiellement pour le pétrole. Pas beaucoup plus quand Ouïghours et Tibétains (voire Chinois de Hong Kong ou de Taïwan) essaient de secouer la domination "national-communiste" des "Hans" du régime bureaucratique athée et à parti unique de Pékin. Et pas davantage quand nationalistes uniates "pro-européens" et russophones d'Ukraine "pro-moscovites" s'envoient des noms d'oiseaux.
Et - pire encore - le pire conflit, le plus meurtrier en tout cas et principal génocide de l'après seconde guerre mondiale (ex : le génocide rwandais d'avril-mai-juin 1994 : 800.000 morts en trois mois...), il a opposé des noirs à des noirs, des chrétiens à des chrétiens... et aura été absolument sans aucun lien avec quelques gisements de quelques matières premières que ce soit.
Il n'y a guère que dans les pays du "Sahel" que la ligne de fracture épouse plus ou moins des frontières religieuses ... ou autres (comme au Mali ou au Soudan : où des populations "berbères" et "arabes" ont du mal à cohabiter avec des populations "noires", parfois de même religion...). Encore qu'on ne comprendrait pas vraiment quelle folie économico-mystique pourrait bien conduire les Soudanais ou Nigérians du nord à vouloir absolument se séparer des populations chrétiennes du sud de leurs pays, riche en pétrole...
Les conflits pétroliers et religieux ont tendance à coïncider ?! Ben non : ces rapprochements - épisodiques - sont circonstanciels et aléatoires. Et on trouve finalement plus encore de contre-exemples attestant précisément du contraire. Bref, y'a pas de règles...
Re: Sud-Soudan : la guerre reprend ?
- Pékin va offrir sa médiation pour résoudre le conflit (China Daily / ce 20 avril 2012) :
Ces prochains jours, le président sud-soudanais Salva Kiir sera en visite officielle en Chine.
A cette occasion, on nous rapporte que le régime de Pékin devrait offrir sa médiation dans la crise inter-soudanaise, en vue d'apaiser la crise entre les deux pays (alors même que le président nord-soudanais Omar El-Béchir a promis de "donner une leçon par la force" à son voisin...).
Car si la Chine est traditionnellement proche de Khartoum, elle se fournit en pétrole au Sud-Soudan à hauteur de 5 % de ses importations de brut...
(Cf. http://www.courrierinternational.com/br ... le-conflit ).
Ces prochains jours, le président sud-soudanais Salva Kiir sera en visite officielle en Chine.
A cette occasion, on nous rapporte que le régime de Pékin devrait offrir sa médiation dans la crise inter-soudanaise, en vue d'apaiser la crise entre les deux pays (alors même que le président nord-soudanais Omar El-Béchir a promis de "donner une leçon par la force" à son voisin...).
Car si la Chine est traditionnellement proche de Khartoum, elle se fournit en pétrole au Sud-Soudan à hauteur de 5 % de ses importations de brut...
(Cf. http://www.courrierinternational.com/br ... le-conflit ).
Re: Sud-Soudan : la guerre reprend ?
Espérons que la Chine réussisse.
Il ne faut pas compter sur l'occident.
Il ne faut pas compter sur l'occident.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
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