Les réformes du roi du Maroc, Mohammed VI

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artragis
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Message non lu par artragis » 23 juin 2011, 14:26:00

Nous comptons sur le travail, pas sur la politique, que nous considérons comme simple gestionnaire.
alors ce n'est pas de la politique.
http://zestedesavoir.com une association pour la beauté du zeste.

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mps
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Message non lu par mps » 24 juin 2011, 08:03:00

En effert, pas au sens hystérique où les français la voient partout.

Sans doute en raison de notre suffrage à la proportionnelle, nous percevons mieux que vous qu'il n'y a pas 36.000 manières de traiter un dossier, qu'on soit de gauche ou de droite, et même à peine quelques nuances.

Sans doute aussi parce que les belges savent déléguer la connai!ssance approfondie des dossiers à leurs parlementaires, plutôt que de se bousculer pour avoir un avis sur tout.

Nous ne discutons pas de la quantité des substances à mélanger pour obtenir un seau en plastique, ni un bon accord international. Sachant à quel point le résultat de nos élucubrations serait par définition idiot.i

Les belges ont d'autres occupations, ce qui se voit dans leurs excellents résultats économiques.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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artragis
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Message non lu par artragis » 24 juin 2011, 11:25:00

En effert, pas au sens hystérique où les français la voient partout.
la politique ne se définie pas par l'administratif. Etre un dirigeant qui ne fait que de l'administratif ce n'est pas être un politique.

La politique est une histoire de choix globaux sur les orientations qu'on veut prendre dans les domaines dynamiques d'un pays :
l'économie,
la diplomatie,
la redistribution ou non des ressources;
les priorités d'état (éducation, santé...);
l'aménagement du territoire.

Un gouvernement qui n'a le pouvoir que d'encaisser les impôts et de payer ce qui avait été décidé avant, n'est pas un gouvernement politique, mais un conseil d'administration.
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Message non lu par mps » 25 juin 2011, 08:33:00

Oui, et alors ?,

Ces gestionnaires ont une foule de compétence, et doivent prendre des décisions.

Ces décisions, en Belgique, se prennent en Conseil des Ministres, composés à la proportionnelle, ce qui implique automatiquement des gens de gauche ert de droite, sous le contrôle parlementaire qui est tout aussi pluraliste.

Elles sont donc obligatoirement les meilleurs compromis entre deux tendances. Pourquoi veux-tu que le citoyen, ne connaissant par définition rien aux dossiers, se pose en arbitre ?

Chacun en apprécie plus que d'autres, mais c'est vraiment le dernier des sujets de conversation ! 
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Message non lu par politicien » 25 juin 2011, 12:03:00

Bonjour,

Je vous rappelle que le sujet est : "Les réformes du roi du Maroc, Mohammed VI", et non la Belgique, je crois qu'il y a des sujets parlant du gouvernement en Belgique et aussi d'Hadopi.
A la demande d'artragis vos message sur Hadopi ont été fusionné avec ce post là : http://actu-politique.xooit.com/t4140-H ... dopi-fait-…

Donc merci de revenir au sujet inital
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Message non lu par politicien » 25 juin 2011, 12:47:00

 
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a octroyé, mardi 21 juin, au Maroc le statut de "Partenaire pour la démocratie", souhaitant que d'autres pays de la région puissent bientôt la rejoindre.

Cette décision "nous conforte dans nos choix stratégiques", a souligné le président de la Chambre des conseillers (chambre haute) du Maroc, Mohamed Cheikh Biadillah. Le président de la Chambre des représentants (chambre basse), Abdelouahed Radi, a quant à lui remercié l'organisation paneuropéenne pour ce "signe encourageant et de confiance", bien que le Maroc ne soit "pas ici pour recevoir un certificat de bonne conduite", a-t-il souligné.


"Je peux vous assurer que les droits de l'homme sont respectés pareillement sur tout le territoire" a-t-il affirmé aux parlementaires réunis à Strasbourg. "La nouvelle Constitution proclame solennellement le droit à la vie", a-t-il assuré, alors que le royaume observe un moratoire sur la peine de mort. Les Marocains doivent se prononcer par référendum le 1er juillet sur des amendements constitutionnels annoncés vendredi par le roi Mohammed VI, qui renforcent notamment le rôle du premier ministre.


ASSISTANCE À L'ORGANISATION DES PROCHAINES ÉLECTIONS
Le président de l'APCE, Mevlut Cavusoglu, a évoqué les outils dont dispose le Conseil de l'Europe, dont le Centre Nord-Sud installé à Lisbonne et la Commission de Venise dont le Maroc est en fait déjà membre depuis un an. "Nous pouvons prêter assistance à l'organisation des prochaines élections et envoyer des observateurs", a-t-il rappelé.
Rapporteur du projet de partenariat, l'Italien Luca Volontè a souhaité que "la Tunisie demain et qui sait l'Egypte, et dans quelques années la Libye ou la Syrie entament un partenariat qui ne signifie d'ailleurs pas une adhésion".
La résolution adoptée mardi engage le Maroc à promouvoir la participation équilibrée des femmes et des hommes à la vie publique et politique, la liberté de religion, la démocratie locale et régionale. Elle demande à Rabat de supprimer la peine de mort du code pénal, de lutter contre la corruption et de garantir l'indépendance et l'impartialité des juges. La délégation marocaine – six parlementaires et leurs suppléants – ne disposera pas de droit de vote à l'APCE, qui regroupe 47 Etats européens.

Le Monde.fr

 

   
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Message non lu par politicien » 02 juil. 2011, 17:51:00

Bonjour,


 
Le "oui" l'a emporté à plus de 98% au référendum sur une nouvelle constitution au Maroc.



Le "oui" l'a emporté très largement vendredi au référendum sur une nouvelle constitution au Maroc, a déclaré dans la nuit le ministre de l'Intérieur, sur la foi de résultats pratiquement complets. 
Les résultats préliminaires montrent, a annoncé le ministre de l'Intérieur Taïb Cherkaoui, que 98,5% des votants ont approuvé la nouvelle constitution, sur la foi du dépouillement de 94% des urnes. 
La réforme de la Constitution a été proposée par le roi Mohamed VI afin de répondre aux aspirations démocratiques exprimées depuis le début de l'année dans un contexte de révoltes à travers le monde arabe. 


Un fort taux de participation
Conforté par un taux de participation élevé, frisant les 73%, le résultat va être interprété comme un vote de confiance en faveur du souverain. Ce chiffre est très supérieur aux prévisions de certains analystes ainsi qu'aux 52% de votants enregistrés lors des dernières élections municipales, en 2009. 
Pour Fathallah Arsalane, de l'organisation islamique Justice et spiritualité, interdite par les autorités mais qui est la plus importante force d'opposition organisée au roi, "les chiffres de la participation ont été truqués". "Nos militants ont surveillé les bureaux de vote dans l'ensemble du pays et ce qu'ils ont constaté est bien inférieur au chiffre du ministère", a ajouté Arsalana. 
Ali Bouabid, membre du comité exécutif de l'USFP (Union socialiste des forces populaires), a mis en doute pour sa part les procédures de vote dans le bureau de vote où il est allé déposer son bulletin. "J'ai tendu ma carte d'électeur et demandé s'ils voulaient vérifier mon identité. On m'a alors dit: 'on ne le fait pas'", a-t-il expliqué sur sa page Facebook. 


Premier référundum depuis 1999

"Nous savions dès le début que le référendum soutiendrait la réforme, mais pas nécessairement pour de bonnes raisons", a dit de son côté Ouïdad Melhaf, une militante du mouvement de contestation du "20-Février". "La pauvreté endémique, l'illettrisme et la peur de l'Etat ont joué un rôle capital dans l'issue du scrutin", a-t-elle dit, en ajoutant que le mouvement allait poursuivre dès dimanche ses manifestations à travers le pays. 
La nouvelle Constitution prévoit que le souverain continuera de nommer le Premier ministre, mais ce dernier devra être issu du parti ayant remporté le plus de sièges aux élections législatives. 
Le texte reconnaît explicitement les pouvoirs exécutifs du gouvernement mais maintient le monarque à la tête de l'armée et du système judiciaire. Il conserve son statut de Commandeur des Croyants, qui fait de lui la seule autorité religieuse au Maroc. Le souverain pourra toujours dissoudre le Parlement, mais plus de manière unilatérale comme c'est le cas actuellement. 



L'express.fr


Qu'en pensez vous ?

A plus tard,
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Message non lu par Nombrilist » 03 juil. 2011, 00:22:00

MDR. 98.5%, c'est plus que suspect. Et pourquoi pas 102% ?

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Message non lu par mps » 03 juil. 2011, 10:55:00

C'est essentiellement un grand succès pour M-6, qui le mérite bien.

Un souverain qui mène son peuple à la démocratie avec prudence et attention.
Les marocains en s'y sont pas trompé.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Message non lu par racaille » 03 juil. 2011, 16:27:00

J'ai cru comprendre que cette nouvelle constitution renforce le pouvoir du roi, ce qui va plutôt à l'encontre de ce qui était annoncé lorsqu'il s'est agi de vanter les vertus de ce nouveau texte. Je n'ai pas encore regardé le détail par contre. Quoi qu'il en soit, les marocains ont un peu trop tendance à faire aveuglément tout ce que le roi leur commande. C'est qu'il n'est pas seulement roi, il est aussi le commandeur des croyants... Le score annoncé ne me parait pas très étonnant compte-tenu de cette soumission volontaire toute populaire.

A noter que les gauchos marocains ont appelé au boycott de ce référendum et comptent organiser une manifestation sous peu pour marquer le coup (lu sur Médiapart, le journal préféré de MPS^^).
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par Nombrilist » 03 juil. 2011, 16:44:00

Cette nouvelle constitution ne change quasiment rien, et ce score m'a l'air vraiment bizarre. J'attends le Canard de mercredi pour voir.

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Message non lu par racaille » 03 juil. 2011, 17:27:00

Faut pas perdre de vue que le culte de la personnalité est limite totalitaire dans ce pays. Il est obligatoire d'avoir son portrait accroché chez soi. Dire du mal du roi est un véritable blasphème.

Anecdote intéressante décrite par Gilles Perrault dans son bouquin Notre ami le roi dédié à Hassan II : Lors de l'attentat de Skhirat (1971) contre le roi, ce dernier s'est retrouvé acculé à se réfugier dans les chiottes, entouré de ses proches (Oufkir, le premier ministre, etc.). Les putschistes ont fini par les repérer mais n'interviennent pas tout de suite. Ils pouvaient pourtant décapiter le régime en une seule rafale de mitraillette. Puis des putschistes attrapent le roi par le col et l'entrainent dans une autre pièce, vraisemblablement pour l'exécuter à l'abri des regards. Dans les chiottes, tout le monde pense que c'est fini mais le roi revient miraculeusement au bout de quelques minutes, l'air détendu : au moment d'exécuter le roi, les soldats putschistes ont défailli et n'ont pas réussi à tirer sur le commandeur des croyants ! Hassan II part pour se faire exécuter et trouve le moyen de se faire baiser la main par ses ravisseurs.

Je trouve que ça illustre bien le rapport au roi dans ce pays, même ses pires ennemis restent soumis à leur dieu vivant.
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Message non lu par Nombrilist » 03 juil. 2011, 17:28:00

Tu ne crois pas que c'est une légende ça, plutôt ?

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Message non lu par racaille » 03 juil. 2011, 17:45:00

C'est possible mais c'est documenté, il y a eu des témoins qui en ont réchappé et des historiens ont travaillé sur cet épisode sanglant. A noter la présence de Louis Joxe ce jour là, personnage politique qui peut être considéré comme un témoin relativement crédible (même si d'après ce que j'en sais il n'était pas dans les chiottes à ce moment là^^).

L'idée c'est que dans un régime où le culte de la personnalité du roi est aussi prégnant, que les prières et louanges au roi son télédiffusées plusieurs fois par jour et que tout ce délire se prolonge aussi dans les écoles, il semble logique que le peuple marocain soit acquis à la nature divine du commandeur des croyants et qu'il dise "amen" à tout ce qu'il peut bien raconter ou demander.
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Message non lu par racaille » 03 juil. 2011, 18:40:00

Au Maroc, le triste jeu du «Oui, non, quoique»...

03 juillet 2011 | Par La rédaction de Mediapart

Une chronique de Tewfik Hakem.

Au Maroc, la dynamique du printemps arabe avait quelque chose de particulier, d'idyllique presque. Les revendications pacifiques du mouvement du 20 février n'exigeaient pas comme ailleurs « la fin du régime » et « le départ du dictateur », mais des réformes pour « une monarchie constitutionnelle». Que le roi règne et qu'il cède aux représentants légitimes du peuple la tâche de gouverner. Que la corruption soit bannie et les espoirs permis...

Après l'espoir du printemps, voici l'été de tous les désenchantements. Vendredi 1er juillet, les Marocains ont approuvé par un score soviétique la nouvelle constitution: le roi concède quelques réformes mais, au fond, ne cède rien de ses prérogatives. Plus de 98 % des électeurs ont voté «oui» et le taux de participation a atteint 72,65 %.

«Je vous offre une monarchie faite à ma mesure...», s'amuse Demain online, le journal satirique en ligne d'Ali Lmrabet. « Plus roi que jamais », titre l'hebdomadaire Tel Quel dans son dernier numéro (n°479). « Le Roi seul maître à bord », renchérit en Une Maroc Hebdo (n° 938)

« Oui, mais ! », avait écrit juste avant le vote Nourredine Miftah, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire arabophone Al Ayyam (n°481) : « Ce projet de réforme de la constitution a ceci de particulier : on peut selon son humeur voter pour ou voter contre. Dans les deux cas, on vote la conscience tranquille. Voter contre, parce que le texte ne garantie pas la totale démocratisation du pays ? C'est légitime. Voter pour, parce que vaut mieux prendre le bus qui s'achemine vers les réformes plutôt que rien ? C'est tout aussi légitime.

«Voter oui, voter non, peu importe, il faut en revanche souligner que cette proposition de réforme ne fut pas débattue. Il n'y a pas eu de représentants élus pour proposer des changements, et les débats entre la commission désignée par le Roi et l'opposition furent caricaturaux, les principaux partis n'ayant reçu la proposition de texte que quelques heures avant son adoption par le conseil des ministres. Cela veut dire en claire qu'il n'y a pas eu de concertation. »

A la fin de son éditorial, le rédacteur en chef d'Al Ayyam se fait moins ironique. Nourredine Miftah confesse: «Je crains qu'avec de telles méthodes, le bus n'atteigne jamais les rivages de ce que nous voulons pour notre bonheur mais, au nom de l'espoir, je vais quand même voter oui. En espérant que les forces conservatrices encore à l'intérieur du système finiront par tomber un jour. Et pour que vivent les forces du changement jusqu'à la souveraineté totale de la nation».

Tout à la fois outré et résigné, Nourredine Miftah est-il fataliste ou réaliste ? Sage ou soumis ? Jamais la presse marocaine n'a été aussi intéressante à lire que depuis le début des mouvements de contestations.

Qu'est-ce qui est positif donc ?

Oublions la presse officielle ou dépendante du Palais. Laissons pour plus tard les sites des militants du 20 février qui, ce dimanche, ont encore manifesté dans les villes du pays. Poursuivons avec la presse privée qui a ouvert ses colonnes à tous les courants et a dissèqué avec sérieux la nouvelle constitution.

L'hebdomadaire en français Tel Quel s'aligne sur le positionnement d'Al Ayyam. Dans son éditorial titré « Oui mais... Non, quoique... », le directeur de la rédaction, Karim Boukhari, estime que «cette constitution ne ressemble pas au plafond espéré mais à un plancher. On s'en contentera si l'on est adepte du "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras". Oui, mais le Maroc mérite tellement mieux et dès à présent...»

«Nous venons de vivre une semaine triste, peut-être bien la plus triste depuis l'avènement de Mohammed VI. Le Maroc a pris un coup de vieux et la rue a effectué un extraordinaire retour en arrière. Les comme moi, et peut-être aussi une partie des comme vous, ont cru revivre les événements de 1992 et de 1996, quand Hassan II mettait au point ses deux dernières constitutions. Un souvenir douloureux...», ajoute Karim Boukhari (son éditorial est à lire ici).

L'hebdomadaire présente à ses lecteurs un baromètre qui passe du rouge au vert les principaux points de la nouvelle constitution... Rouge pour la monarchie : « Le roi ne lâche pratiquement rien de ses pouvoirs, le nouveau texte fait passer le roi d'un statut de monarque absolu et sacré à celui de chef d'Etat omniprésent ».

Rouge pour le gouvernement, également. Le «pouvoir exécutif» de sa majesté assure, selon l'article 89, l'exécution des lois, dispose de l'administration et supervise l'action des entreprises et des établissements publics. On ne parle plus de premier ministre mais de chef de gouvernement qui peut désormais nommer à des emplois civils et aux hautes fonctions dans les administrations publiques.

«Mais en réalité, c'est le roi, à travers le conseil des ministres qu'il préside, qui garde la main sur la nomination aux hautes fonctions », note Tel Quel. La liste des nominés par le roi reste «impressionnante»: «Elle englobe le wali de Bank Al-Maghrib (banque centrale), les walis et gouverneurs, les ambassadeurs, en plus des services de sécurité et des établissements et des entreprises dites stratégiques»...

Qu'est-ce qui est positif donc ? Le baromètre passe au vert pour le chapitre concernant les droits de l'homme. Condamnation de la pratique de la torture, incrimination de la détention arbitraire, garantie de conditions de détention humaine, proscription de toute incitation au racisme, à la haine, et à la violence. « Des avancées notables, mais qu'il va falloir traduire dans la pratique ».

Car le voyant repasse au rouge quand arrive l'article qui stipule que « L'Islam est la religion d'Etat, qui garantit à tous le libre exercice des cultes ». La montée au créneau des islamistes et leur menace de voter « Non » avait poussé les rédacteurs du texte à faire marche arrière et à retirer la mention de « liberté de conscience » tant souhaitée par les modernistes...

Quant à l'article 20 qui stipule que «le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit», les journalistes de Tel Quel ne savent pas trop quoi en penser. Faut-il y lire une forme d'abolition de la peine de mort ? Et est-ce que les « conservateurs » peuvent valoir ce même texte pour mettre fin à tout débat sur la légalisation de l'avortement ?

Chapeau l'arbitre !

Toujours selon Tel Quel, le texte sur l'identité est au moins une avancée. La nouvelle constitution définit l'identité marocaine par ses composantes arabo-islamiques, amazighe (berbère) et saharo-hassanie, ainsi que par les « affluents » andalou, hébraïque et méditerranéen. « C'est un des passages les plus avant-gardistes de ce texte de Constitution », note le journal, qui reconnait par ailleurs que le clin d'œil à l'affluent hébraïque est une « confirmation de l'image de tolérance et d'ouverture que veut refléter le royaume », tandis que l'identité « saharo-hassanie » vient appuyer la politique marocaine au Sahara Occidental.

Cette nouvelle Constitution répond-elle aux revendications exprimées par les Marocains ou a-t-elle été conçue à destination des puissances occidentales? Dans la page courrier des lecteurs de ce même numéro de Tel Quel, un certain Abdellah Mijahed, d'Agadir, nous ramène à la réalité du Maroc :

« Ce qui m'attriste dans cette histoire, c'est qu'on a vendu à l'international l'image d'un pays qui demande des réformes politiques et non sociales. Dans un pays où se soigner, s'éduquer et trouver un travail restent un luxe, réformer la constitution relève de l'ironie, sinon de l'absurde. Désormais, on pourra manifester notre colère avec des banderoles en tamazight. Chouette alors ! Et les policiers bastonneront et soigneront aussi en tamazight ».

Plus radical, le jeune journaliste Mahdi Zahraoui livre dans sa chronique pour le site d'information Lakome une analyse d'une rare pertinence (texte intégral à lire ici):

« Le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale. Un panaché de tout un tas de concepts qui deviennent par le plus grand des miracles le système le plus abouti et le plus adéquat pour notre patrie, et ce, selon les 179 articles qui s'en suivent. Un jeu de mots des plus exquis qui concrétise une ambigüité au sein de la séparation des pouvoirs, séparation traitée de souple. Une souplesse qui sera une excuse pour ne rien séparer en fin de compte (...)

Encore une fois, sa majesté marque sa présence avec sa bienveillance sur tout un panel de conseils. La preuve avec les articles suivants : le roi préside le haut conseil religieux, le roi est le président de l'Etat et son représentant suprême, le roi -et non le peuple- désigne le nouveau président du gouvernement, le roi préside le conseil des ministres, le roi peut dissoudre les deux chambres, le roi préside le tout nouveau haut conseil de sécurité, le roi préside le haut conseil de la magistrature et cerise sur le gâteau comme le dicte la tradition : le discours royal ne peut faire l'objet de débat en aucun cas.

Quelqu'un peut-il me faire comprendre comment un roi avec tant de pouvoirs peut occuper la fonction d'arbitre ? Arbitre de son propre jeu, peut être. Tant qu'on y est, notre arbitre a cité dans son discours qu'il avait adressé à son peuple un discours historique le 9 mars, de l'éloge de soi ne fera de mal à personne ... Le must de la neutralité présumée de l'arbitre apparaît lorsqu'il vous incite à voter oui et proclame qu'il fera autant pour le bien du processus démocratique. Chapeau l'arbitre !

Ce que je constate, c'est qu'on a étoffé les 108 articles pour en faire 180, on a mis trop de maquillage au pouvoir absolu, on a créé tout un tas de conseils qui auront à démontrer leur utilité et on nous demande de voter oui pour tout cela ... Désolé, mais lorsque vous aurez une vraie constitution instaurant une vraie monarchie parlementaire avec une vraie séparation de pouvoirs et un vrai roi-arbitre, vous me verrez le premier aux urnes, d'ici là je vous remercie pour les efforts que vous avez fourni pour nous apporter ce projet et je vous informe de mon rejet de cette arnaque constitutionnelle ».

Et le mouvement du 20 février?

Et il faut lire également sur le site Lakome l'éditorial d'un des journalistes marocains les plus percutants, Aboubaker Jamai. Qu'écrit-il: «Il faut lire et relire cette constitution pour mesurer à quel point ce texte, censé être notre contrat social, notre ciment, le lien qui consacrerait notre volonté de vivre ensemble, consacre plutôt l'autoritarisme. Ce texte reconduit les principes médiévaux d'une monarchie de droit divin qui règne et gouverne» (l'intégralité de son éditorial est ici).

Que vont devenir les acteurs du mouvement du 20 février une fois la constitution adoptée ? Proche du Palais, l'hebdomadaire Actuel (n°100), qui appelle à voter oui, espère néanmoins que le mouvement du 20 février auront le droit de s'exprimer sans se faire insulter et encore moins se faire qualifier de traîtres. «Les partisans du roi qui ont défilé dimanche dernier, avec des comportements dignes des hooligans, sont aussi un motif d'inquiétude. Ils ne rendent service ni au roi ni au pays. On ne construit pas une démocratie à coups d'invectives, d'insultes et de menaces. A côté de ces « baltajias » anarchiques, les manifs du 20-Février ressemblent à des défilés en Suisse alémanique. Mais nous sommes aussi déçus par les partisans de ce mouvement», écrit-il dans son éditorial (à lire ici).

Ce n'est pas l'avis du journal Challenge, « l'hebdo marocain des décideurs », qui promet des lendemains sombres aux jeunes contestataires. Quid du 20 février, titre d'un petit article non signé qui donne des frissons dans le dos: «Les jeunes indépendants, comme ils se définissent, sont totalement sous la coupe des zelotes de Cheikh Yassine (leader du parti islamiste interdit Al Adl wal Ihssen). Quelques heures après le discours royal et sans tenir d'assemblée générale comme à l'accoutumée, ils ont annoncé le rejet de la constitution (...). Une fois la constitution adoptée, toute revendication, tout rejet, serait une attitude méprisante...pour le peuple».
http://www.mediapart.fr/journal/interna ... triste-jeu…
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