Bonjour, La situation dégénère en Egypte. Les premières manifestations contre le régime de Moubarak avaient été calmes et pacifiques. Mercredi des contre manifestants favorables au régime ont à leur tour manifesté dans les rues du Caire. Des affrontements violents ont suivi. Une véritable guerilla urbaine entre pro et anti Moubarak qui s’est prolongée dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon la presse, ces affrontements sanglants ont repris jeudi matin. Les observateurs présents sur place font état d’un bilan déjà dramatique. Ces violences auraient fait plusieurs centaines de blessés et 7 morts. Il semblerait que l’armée ne soit pas intervenue. L’onde de choc de la révolution tunisienne retentit fortement en Egypte. Et les conséquences de ces affrontements provoquent une vague d’inquiétude dans le monde. Les appels au calme se sont multipliés. Pilier du Monde arabe l’Egypte de Moubarak avait fait le choix de faire la paix avec Israël. Ce choix peut il être remis en question ? L’Egypte maintient un blocus strict sur la bande de Gaza et contre le Hamas allié de l’Iran et de la Syrie. Autant d’équilibres géostratégiques que ni les Etats Unis, ni l’Union européenne ne peuvent voir remis en cause. Dans une déclaration commune, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, David Cameron, Jose-Luis Zapatero et Silvio Berlusconi font part de leur "extrême préoccupation" sur "la dégradation de la situation en Egypte", demandent le "respect du droit de manifester" et estiment que le "processus de transition doit commencer dès maintenant". Les cinq chefs d'Etat et de gouvernements européens appellent à "une transition rapide et ordonnée" en Egypte. Ils qualifient également de "totalement inacceptables" les agressions contre des journalistes.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a condamné les "choquants" affrontements sanglants de la veille au Caire. Elle a demandé une enquête sur ces violences. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a jugé "inacceptables les attaques contre des manifestants pacifiques" et appelé à une "transition dans l'ordre et le calme". Qu'en pensez vous ? A plus tard,
Egypte : Incertitudes et inquiétudes
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Je ne crois pas que ce sujet prête vraiment a rire, mais bon...
Alors que les troubles perdurent en Egypte et que des mouvements de contestation émergent dans d'autres pays du monde arabe, le premier ministre israélien a exprimé, mercredi 2 février, sa crainte quant à l'issue du conflit en Égypte, entre "deux mondes, deux moitiés, deux visions. Celle du monde libre et celle du monde radical". Pierre Vermeren, agrégé d'histoire et spécialiste du Maghreb, a accepté de nous fournir son analyse de la situation.
Quelles solutions voyez-vous à la situation en Egypte? Moubarak peut-il encore rester?
Non, il est condamné, et il est probablement en train de négocier son avenir auprès de l'opposition, peut-être de certains pays étrangers, mais surtout de l'Etat-major. Il veut partir dignement, et je ne pense pas que l'armée accepterait qu'il s'en aille comme un voleur, à l'exemple de Ben Ali. Il lui faut assurer son avenir en Egypte, l'absence de poursuites. Mais il ne fait pas de doute que certains éléments essaient de mettre le bazar, je pense à l'épisode des chameaux mercredi. On compte au total plus de 400 morts, il y a donc des criminels qui n'ont pas intérêt à voir le régime changer. Mais je pense que l'armée a compris que les jours du président sont comptés.
Qui pourrait alors assurer la relève? Pensez-vous que les Frères Musulmans puissent prendre le pouvoir ?
Non, vous savez, l'armée est très puissante, c'est la colonne vertébrale du pays, et normalement c'est le vice-président qui doit assurer la continuité, c'est-à-dire Omar Souleiman. C'est ce qui s'est passé quand Sadate a été assassiné. Et c'est bien pour cela qu'a été "recréé" le poste de vice-président la semaine dernière. Il ne faut pas oublier non plus que les Américains sont en embuscade derrière tout ça. Mais en réalité, c'est aux élections législatives, en automne prochain, que tout va se jouer : c'est à ce moment-là, selon la liberté d'expression dont jouiront les Egyptiens, que l'on assistera à la formation d'un nouveau gouvernement. Dans l'immédiat, on va progressivement entrer dans une phase transitoire pour une durée d'au moins six mois, comme en Tunisie.
Il ne faudrait donc pas brandir le spectre de l'islamisme. Les craintes d'Israël seraient-elles infondées?
Il faut d'abord préciser que le mot islamiste a des sens très variés. On s'arrête souvent à l'exemple de fous furieux, comme en Iran, mais il n'y a pas de clergé dans l'islam sunnite. On n'est pas dans la même configuration qu'en Iran avec les mollahs. Les islamistes n'en représentent pas moins la première force d'opposition et si des élections vraiment libres sont organisées, ils auront un nombre important de députés au Parlement. L'art du gouvernement sera alors de coopérer avec les islamistes qui veulent participer aux affaires pour isoler ceux qui n'ont qu'un but révolutionnaire. Il s'agit d'intégrer au système les islamistes politiques, équilibrés, qui jusque-là en ont été exclus. Je comprends qu'Israël ait des craintes, ce système assurait leur protection, mais de façon illusoire en réalité. Les régimes dictatoriaux détestés par leurs peuples sont un meilleur moyen d'entretenir l'islamisme. Je trouve qu'à long terme, c'est une bonne nouvelle pour Israël, même si cela ne va pas sans risques. Mais Jérusalem ne va pas se retrouver entourée du jour au lendemain de Républiques islamiques, c'est faux. Les gens vivent depuis des décennies sous la dictature, ils n'ont pas envie de retomber dans des régimes théocratiques.
Pensez-vous que Omar Souleiman ait assez de légitimité pour satisfaire les attentes des opposants au régime en place? C'est un proche de Moubarak...
Oui, bien sûr, mais ce serait quand même une nouvelle tête, en même temps qu'un symbole très fort pour le peuple égyptien de voir partir Moubarak. Les Egyptiens savent qu'ils n'auront pas tout d'un coup, et le départ du président, suivi d'élections plus libres, représenterait déjà une très grosse victoire. Quoiqu'il en soit, l'armée ne va pas lâcher le pouvoir. La vraie question, c'est de savoir quelle marge de manoeuvre elle va laisser aux politiques. Va-t-il y avoir des élections vraiment libres?
Pensez-vous qu'un effet domino puisse réellement se déclencher dans les autres pays de la région, comme cela semble être le cas?
Le départ de Moubarak peut en effet avoir un effet démultiplicateur. Potentiellement, cela peut se produire dans presque tous les pays de la région, comme le Yémen, la Jordanie, la Syrie, l'Algérie. Tous ces pays sont fragiles, car ils sont aux mains de minorités religieuses, ethniques ou politiques. L'opposition doit prendre conscience de sa force, et elle se sentira naturellement renforcée si Moubarak quitte le pouvoir. C'est alors que jouera l'effet domino
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