Ces "euros-bonds" qui divisent l'UE
- politicien
- Site Admin
- Messages : 34347
- Enregistré le : 30 août 2008, 00:00:00
- Compte Twitter : @LActuPolitique
Bonjour,
L'avenir de l'euro risque d'être au cœur de l'année économique à venir. Face aux autres monnaies, le yuan chinois et le dollar américain surtout, la monnaie unique, trop forte, se trouve dans une position difficile: le risque d'inflation est réel et risquerait de nuire à la compétitivité de l'Union. Pour certains, comme l'ancien chef du patronat allemand Hans-Olaf Henkel qui s'est confié le week-end dernier dans le JDD , la régulation de l'euro n'a jamais été respectée, ni par les puissances européennes -"Chirac et Schröder ont accru les déficits, ont fait pression sur leurs partenaires pour échapper aux sanctions", dénonce Henkel- ni par les petits pays de la zone euro -Irlande, Portugal et Grèce sont les principaux visés. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a la solution au problème: l'émission d'obligations européennes. Jeudi, dans le quotidien Libération, il détaille son projet: selon lui, les "euro-bonds" permettraient de mutualiser une partie des dettes des Etats membres de la zone euro. "Nous ne proposons pas de mutualiser toutes les dettes, mais de déterminer un pourcentage [de la dette qui serait financée par ces obligations communautaires]", explique le Premier ministre du Luxembourg. En clair, il s'agirait d'emprunter de manière commune pour mutualiser les risques et protéger les plus faibles face aux attaques des spéculateurs. Des emprunts qui se feraient tous au même taux. Ce dispositif pourrait notamment passer par une Agence européenne de la dette qui émettrait ces obligations. Mais émettre des "euro-bonds" pour rééquilibrer les forces au sein de l'Union pourrait "déresponsabiliser" les Etats. C'est en tout cas le point de vue des détracteurs de la proposition de Jean-Claude Juncker. Les exécutifs français et allemand sont de ceux-là. La chancelière Angela Merkel s'est ainsi montrée particulièrement sévère dans une interview au Bild paru jeudi: "Avec ces 'euro-bonds', les faiblesses en Europe ne disparaîtraient pas, mais se propageraient au contraire à tout le monde. Et plus aucune pression ne s'exercerait sur les Etats endettés pour qu'ils remettent leurs budgets en ordre." Cette position tranchée s'explique sans doute par une montée de l'euroscepticisme outre-Rhin. Selon un sondage réalisé la semaine dernière, quatre Allemands sur dix réclament le retour au deutsch mark. En France, l'Elysée communique moins sur le sujet -le sujet ne passionne pas encore les Français malgré le discours anti-euro d'une partie de la classe politique française -entre autres, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan et les cadors du FN. Mais, lors du sommet franco-allemand de Fribourg, le 10 décembre dernier, Nicolas Sarkozy a clairement affirmé qu'il fera "ce qu'il faut pour défendre l'euro et l'Union européenne". Face à Paris et Berlin, l'Italie soutient l'initiative de Jean-Claude Juncker alors que plusieurs capitales (Madrid, Bruxelles, Lisbonne, Athènes) y sont sensibles. Le sujet n'a finalement pas été inscrit à l'ordre du jour du conseil européen de jeudi et vendredi, mais devrait animer les discussions en coulisses. Repenser la zone euro, tel semble être le chantier de l'UE pour 2011. Qu'en pensez vous ? Devons nous mutualiser nos dettes ? A plus tard,
L'avenir de l'euro risque d'être au cœur de l'année économique à venir. Face aux autres monnaies, le yuan chinois et le dollar américain surtout, la monnaie unique, trop forte, se trouve dans une position difficile: le risque d'inflation est réel et risquerait de nuire à la compétitivité de l'Union. Pour certains, comme l'ancien chef du patronat allemand Hans-Olaf Henkel qui s'est confié le week-end dernier dans le JDD , la régulation de l'euro n'a jamais été respectée, ni par les puissances européennes -"Chirac et Schröder ont accru les déficits, ont fait pression sur leurs partenaires pour échapper aux sanctions", dénonce Henkel- ni par les petits pays de la zone euro -Irlande, Portugal et Grèce sont les principaux visés. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a la solution au problème: l'émission d'obligations européennes. Jeudi, dans le quotidien Libération, il détaille son projet: selon lui, les "euro-bonds" permettraient de mutualiser une partie des dettes des Etats membres de la zone euro. "Nous ne proposons pas de mutualiser toutes les dettes, mais de déterminer un pourcentage [de la dette qui serait financée par ces obligations communautaires]", explique le Premier ministre du Luxembourg. En clair, il s'agirait d'emprunter de manière commune pour mutualiser les risques et protéger les plus faibles face aux attaques des spéculateurs. Des emprunts qui se feraient tous au même taux. Ce dispositif pourrait notamment passer par une Agence européenne de la dette qui émettrait ces obligations. Mais émettre des "euro-bonds" pour rééquilibrer les forces au sein de l'Union pourrait "déresponsabiliser" les Etats. C'est en tout cas le point de vue des détracteurs de la proposition de Jean-Claude Juncker. Les exécutifs français et allemand sont de ceux-là. La chancelière Angela Merkel s'est ainsi montrée particulièrement sévère dans une interview au Bild paru jeudi: "Avec ces 'euro-bonds', les faiblesses en Europe ne disparaîtraient pas, mais se propageraient au contraire à tout le monde. Et plus aucune pression ne s'exercerait sur les Etats endettés pour qu'ils remettent leurs budgets en ordre." Cette position tranchée s'explique sans doute par une montée de l'euroscepticisme outre-Rhin. Selon un sondage réalisé la semaine dernière, quatre Allemands sur dix réclament le retour au deutsch mark. En France, l'Elysée communique moins sur le sujet -le sujet ne passionne pas encore les Français malgré le discours anti-euro d'une partie de la classe politique française -entre autres, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan et les cadors du FN. Mais, lors du sommet franco-allemand de Fribourg, le 10 décembre dernier, Nicolas Sarkozy a clairement affirmé qu'il fera "ce qu'il faut pour défendre l'euro et l'Union européenne". Face à Paris et Berlin, l'Italie soutient l'initiative de Jean-Claude Juncker alors que plusieurs capitales (Madrid, Bruxelles, Lisbonne, Athènes) y sont sensibles. Le sujet n'a finalement pas été inscrit à l'ordre du jour du conseil européen de jeudi et vendredi, mais devrait animer les discussions en coulisses. Repenser la zone euro, tel semble être le chantier de l'UE pour 2011. Qu'en pensez vous ? Devons nous mutualiser nos dettes ? A plus tard,
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire »
Le débat ne s'arrête jamais sur Actu-Politique
La fin de l'exceptionnelle présidence belge, saluée de toute part, se termine par une foule de décisions importantes,dont la création d'un fonds destiné à soutenir les pays en difficultés.
Histoire d'éviter qu'un membre de la zone euro se fasse attaquer, comme on l'a vu avec la Grèce, qui ne trouve plus de liquidités à moins de ... 11 % !
Mais les pays laxistes paieront cash en retour d'orthodoxie cet appel au pot commun, bien entendu.
Histoire d'éviter qu'un membre de la zone euro se fasse attaquer, comme on l'a vu avec la Grèce, qui ne trouve plus de liquidités à moins de ... 11 % !
Mais les pays laxistes paieront cash en retour d'orthodoxie cet appel au pot commun, bien entendu.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
La création des euro-bonds serait une mesure anti-spéculative. Mais celle-ci ne renforce pas nécessairement les fondamentaux de la zone euro.
Supposons que l'Espagne soit amenée à demander l'aide des pays de la zone Euro. Son poids est tel que les euro-bonds pourraient voir leur notation dégradée. Et dans ce cas, la notation des pays le moins solides serait également affectée; celle de la France en particulier. Ensuite celle des autres pays réputés solides serait menacée.
L'inconvénient est également politique : les opinions publiques (celle de l'Allemagne en particulier) ne souhaitent pas voir le sort de leur économie lié plus étroitement que nécessaire au sort des PIGS. En cas de problème sur les euro-bonds, il est probable que les gouvernements français, allemands et autres seraient menacés dès les prochaines élections.
Enfin, ces euro-bonds seraient un pas de plus vers une interdépendance des économies qui nécessiterait bientôt soit la création d'une coordination économique et fiscale étroite de la zone, soit un éclatement définitif du dispositif.
En l'absence de volonté dans ce sens, le mieux est encore de ne rien faire; ou du moins, de faire le strict nécessaire.
http://lecercle.lesechos.fr/les-economi ... 508/lalchi…
Supposons que l'Espagne soit amenée à demander l'aide des pays de la zone Euro. Son poids est tel que les euro-bonds pourraient voir leur notation dégradée. Et dans ce cas, la notation des pays le moins solides serait également affectée; celle de la France en particulier. Ensuite celle des autres pays réputés solides serait menacée.
L'inconvénient est également politique : les opinions publiques (celle de l'Allemagne en particulier) ne souhaitent pas voir le sort de leur économie lié plus étroitement que nécessaire au sort des PIGS. En cas de problème sur les euro-bonds, il est probable que les gouvernements français, allemands et autres seraient menacés dès les prochaines élections.
Enfin, ces euro-bonds seraient un pas de plus vers une interdépendance des économies qui nécessiterait bientôt soit la création d'une coordination économique et fiscale étroite de la zone, soit un éclatement définitif du dispositif.
En l'absence de volonté dans ce sens, le mieux est encore de ne rien faire; ou du moins, de faire le strict nécessaire.
http://lecercle.lesechos.fr/les-economi ... 508/lalchi…
- politicien
- Site Admin
- Messages : 34347
- Enregistré le : 30 août 2008, 00:00:00
- Compte Twitter : @LActuPolitique
Re: Ces
Bonjour,
A plus tard,
Qu'en pensez vous ?L'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, a appelé l'Allemagne à accepter l'introduction d'obligations conjointes européennes, maintenant que le pacte fiscal a été signé, dans un entretien au Financial Times Deutschland du lundi 23 avril.
"Quand il n'y avait pas encore de Pacte fiscal et d'autres instruments de discipline budgétaire, les Allemands avaient de bonnes raisons de ne pas vouloir assumer les décisions budgétaires irresponsables d'autres Etats", a-t-il déclaré. "Mais maintenant nous avons le Pacte fiscal (donc) les Allemands devraient accepter que la zone euro émette des euro-obligations."
Pour Olivier Blanchard, cette mutualisation des dettes des pays de la zone euro "permet(trait) d'empêcher que se reproduise ce qui s'est passé à l'automne: qu'un pays ait des problèmes, que les investisseurs réclament une prime de risque et que ce pays se retrouve dans un cercle vicieux parce qu'il ne peut pas la payer", a-t-il expliqué.
(...)
En Allemagne, le gouvernement et la fédération des banques privées BdB se sont à maintes reprises prononcés avec véhémence contre ces euro-obligations.
La Banque centrale européenne (BCE) elle-même n'y est pas favorable, son président Mario Draghi estimant notamment qu'elles sont inenvisageables tant que "les Etats n'abandonnent pas de leur souveraineté budgétaire"
(...) Retrouvez l'intégralité de cet article sur Challenges.fr
A plus tard,
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire »
Le débat ne s'arrête jamais sur Actu-Politique
- Nombrilist
- Messages : 63371
- Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00
Re: Ces
Le plus simple resterait le prêt direct de la BCE vers les Etats.
- Nombrilist
- Messages : 63371
- Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00
Re: Ces
Non, bonds. "bond" = "lien" en anglais, ce qui traduit le lien qui unirait ces obligations à tous les pays.
Re: Ces
Nombrilist, "bond" signifie "bond" et non lien ... Comme nos "bonds du trésor".
L'eurobond est une bonne idée, mais ne devrait être accessible qu'aux pays vertueux. Ceux qui reviennent tant que faire se peut à des finances saines, et pas ceux qui veulent démagogiquement continuer à creuser leur dette. Ce serait même un incitant à les ramener à un minimum de pragmatisme.
L'eurobond est une bonne idée, mais ne devrait être accessible qu'aux pays vertueux. Ceux qui reviennent tant que faire se peut à des finances saines, et pas ceux qui veulent démagogiquement continuer à creuser leur dette. Ce serait même un incitant à les ramener à un minimum de pragmatisme.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
- Nombrilist
- Messages : 63371
- Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00
Re: Ces
Pourtant, j'aimais bien mon explication.
- El Fredo
- Messages : 26459
- Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
- Parti Politique : En Marche (EM)
- Localisation : Roazhon
- Contact :
Re: Ces
On dit "bon du trésor" et pas "bond du trésor", qui se traduisent en général par "Treasury Bill". En anglais, "bond" = obligation, et effectivement Nombrilist a raison dans son étymologie puisqu'une obligation crée un lien comme son nom l'indique (un lien d'obligation du débiteur envers son créditeur).
Termes équivalents US/FR par durée de maturité :
Treasury Bill/T-Bill = BTF (Bon du Trésor à taux fixe)
Treasury Note/T-Note = BTAN (Bon du Trésor à intérêts annuels)
Treasury Bond/T-Bond = OAT (Obligation assimilable du Trésor)
Donc on doit traduire eurobond par euro-obligation.
Termes équivalents US/FR par durée de maturité :
Treasury Bill/T-Bill = BTF (Bon du Trésor à taux fixe)
Treasury Note/T-Note = BTAN (Bon du Trésor à intérêts annuels)
Treasury Bond/T-Bond = OAT (Obligation assimilable du Trésor)
Donc on doit traduire eurobond par euro-obligation.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.
- Lucas
- Messages : 7289
- Enregistré le : 30 janv. 2011, 00:00:00
- Parti Politique : Les Républicains (LR)
Re: Ces
Le problème c'est des euros obligations à 17, ça peut poser des difficulté, mais je pense que de toute façon c'est l'une des solutions pour sortir de la crise des dettes souveraines, l'Allemagne a toujours refusé jusque là, mais si le FMI commence à pousser, ça débloquer la situation.
Re:
Oh c'est ce que j'ai pensé - en novice - en lisant cet article : on fait d'abord les euro-bonds et ensuite l'harmonisation fiscale ? Je n'y connais pas grand chose, cependant j'ai l'impression qu'on fait tout à l'envers. Comme si on tentait d'ouvrir la grande porte du fédéralisme européen en y glissant une série de coins de plus en plus gros.pierre30 a écrit :La création des euro-bonds serait une mesure anti-spéculative. Mais celle-ci ne renforce pas nécessairement les fondamentaux de la zone euro.
Supposons que l'Espagne soit amenée à demander l'aide des pays de la zone Euro. Son poids est tel que les euro-bonds pourraient voir leur notation dégradée. Et dans ce cas, la notation des pays le moins solides serait également affectée; celle de la France en particulier. Ensuite celle des autres pays réputés solides serait menacée.
L'inconvénient est également politique : les opinions publiques (celle de l'Allemagne en particulier) ne souhaitent pas voir le sort de leur économie lié plus étroitement que nécessaire au sort des PIGS. En cas de problème sur les euro-bonds, il est probable que les gouvernements français, allemands et autres seraient menacés dès les prochaines élections.
Enfin, ces euro-bonds seraient un pas de plus vers une interdépendance des économies qui nécessiterait bientôt soit la création d'une coordination économique et fiscale étroite de la zone, soit un éclatement définitif du dispositif.
En l'absence de volonté dans ce sens, le mieux est encore de ne rien faire; ou du moins, de faire le strict nécessaire.
http://lecercle.lesechos.fr/les-economi ... 508/lalchi…
Les objections que tu soulèves résument à elles seules l'idiotie de la construction de la zone euro telle qu'elle est, fondée sur des économies très hétérogènes - voir incompatibles au sein d'une même zone. Tout cela plaide à mon sens pour la substitution de l'euro par une monnaie commune et par le rétablissement de monnaies nationales en parallèle. On pourrait même l'appeler l'ECU
Vu que c'est contraire au dogme, le plus simple est hors de question. Pareil pour l'inflation, théoriquement interdite par la mission de la BCE devant assurer la stabilité de l'Euro. A la place on a une série de mécanismes permettant de contourner le dogme tout en donnant le change. Y'a pas plus buté qu'un fanatique religieuxNombrilist a écrit :Le plus simple resterait le prêt direct de la BCE vers les Etats.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré