http://www.lemonde.fr/sport/article/201 ... _3242.htmlEuro 2012 : la Serbie risque gros après les heurts provoqués par ses hooligans
Les quotidiens italiens et serbes ont fustigé mercredi le comportement des hooligans serbes qui ont transformé la rencontre Italie-Serbie en un affrontement avec les forces de police, mardi à Gênes. Le match, comptant pour les qualifications de l'Euro 2012, a été arrêté par l'arbitre au bout de six minutes de jeu, à cause du comportement violent des "ultras" serbes, qui ont lancé des fumigènes sur la pelouse et sur les supporteurs italiens (voir la vidéo).
Après l'annulation du match, les 1 600 supporteurs serbes ont été dirigés vers un périmètre de sécurité, encadré de barrières métalliques. L'un d'entre eux a alors enfoncé une grille et les échauffourées ont éclaté quand la police est intervenue. Pendant les affrontements, 16 personnes ont été blessées dont 2 grièvement. En outre, 17 supporteurs serbes ont été placés en état d'arrestation, dont Ivan Bogdanov considéré comme le leader des ultras. Quelque 35 autres font l'objet d'une plainte mais ont été relâchés et les identités de 138 autres ont été relevées.
"NOUS AVONS TOUS PERDU"
Des incidents qui représentent "la plus grande honte du sport serbe", selon l'influent quotidien belgradois Politika, qui relevait que le capitaine de la sélection, Dejan Stankovic, a quitté le stade en larmes. "La Serbie rouge de honte", titrait pour sa part Vecernje novosti, avant d'ajouter: "horreur, cauchemar, la Serbie a été douloureusement déshonorée à Gênes (...). Ces images de jeunes cagoulés ont suscité une impression qui fera rougir de honte toute la nation".
Et c'est effectivement la photo d'un leader de ce groupe de hooligans, cagoulé et vêtu d'un tee-shirt noir orné d'une tête de mort, en train de faire le salut fasciste, qui fait la une du quotidien sportif italien la Gazzetta dello Sport. Une image forte barrée du titre "Les bêtes". "Nous voulions vous parler d'une partie de foot. Au lieu de ça, nous devons écrire sur un acte honteux. C'est triste à dire mais le héros de la soirée c'était lui. L'homme en noir. La bête", écrit le quotidien milanais. La Repubblica s'inquiète par ailleurs d'une montée de la violence ultra-nationaliste dans toute l'Europe orientale, en Hongrie, Pologne, Russie et Serbie. "Le prochain Euro (prévu en Pologne et en Ukraine) ne sera pas très drôle", affirme le journal, selon lequel "le match a été volé par une bande d'idiots". De son côté le Messaggero titre simplement : "nous avons tous perdu".
"LES JOUEURS SERBES ONT PEUR"
Les supporteurs de la Serbie sont redoutés pour leur comportement, mais "nous n'avions aucune information nous permettant d'évaluer à quel point cette rencontre était à risques", a expliqué l'officier de police responsable de la sécurité du match, Roberto Massucci. Avant ces incidents, le gardien Wladimir Stojkovic avait déjà été agressé par ses propres supporteurs en arrivant au stade. "Il a été intimidé en descendant du bus", a dit M. Massucci. Il s'était réfugié dans le vestiaire des Italiens, a raconté le sélectionneur italien Cesare Prandelli, et avait demandé à ne pas jouer la rencontre. Il a été remplacé par Zeljko Brkic. Formé à l'Etoile Rouge, l'un des deux grands clubs du Belgrade, il a été menacé par des supporteurs de son ancien club, qui lui reprochent de jouer désormais pour le grand rival, le Partizan, ont expliqué des journalistes serbes.
Une partie de la presse italienne a également accusé certains joueurs serbes d'avoir encouragé les "ultras" en venant les saluer sous leur tribune et en esquissant leur signe de ralliement. Selon Prandelli, ce sont "les joueurs italiens qui ont demandé à leurs homologues serbes d'aller calmer leurs fans". "Je ne sais pas quels signaux ils ont fait dans leur direction mais il est clair qu'ils avaient peur", a indiqué Prandelli à propos de l'équipe serbe. "Les joueurs serbes sont comme en état de siège, ils ont des maisons, des familles, ils ont besoin de rentrer chez eux mais ils ont peur", a expliqué Prandelli.
LE GOUVERNEMENT SERBE EN CAUSE
Sportivement, ces incidents pourraient avoir des conséquences importantes pour la Serbie. "C'est l'une des journées les plus sombres de l'histoire du football serbe et les répercussions seront probablement si dures qu'on peut considérer que c'en est fini de notre campagne de qualification pour l'Euro 2012", a déclaré l'ancien international serbe Savo Milosevic à la chaîne de télévision de Belgrade B92. "Le gouvernement s'est totalement désintéressé du sport et de ses problèmes ces vingt dernières années si bien que maintenant, la Serbie paie le prix fort pour n'avoir pas su enrayer le hooliganisme de façon rapide et définitive", a-t-il ajouté. A ses yeux, "le problème va, bien sûr, au-delà du football et le fait que ces jeunes gens provoquent le chaos où qu'ils aillent est la conséquence et non la cause du problème."
"La soirée d'hier ne peut pas rester sans réponse", estime également le Corriere della Sera dans un éditorial. "Les Anglais ont été exclus du football européen pendant cinq ans. Il est temps que cela arrive à d'autres", insiste le quotidien italien. L'UEFA a par ailleurs confirmé qu'elle avait "immédiatement ouvert une enquête disciplinaire approfondie sur les sérieux débordements qui ont eu lieu lors de ce match et les circonstances dans lesquelles ils ont eu lieu". La date du 28 octobre a été proposée pour examiner le cas. Selon l'agence AP, une exclusion de la Serbie des compétitions internationales serait une sanction envisagée par l'instance dirigeante du football européen.
Rappelons que ce sont ces mêmes hooligans serbes qui ont tué Brice Taton en septembre 2009.
Apparemment, il y a en Serbie un nationalisme exacerbé : ce serait bien que les Serbes se penchent sur ce problème...