La Chine Big Brother : surveiller et punir

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Hector

La Chine Big Brother : surveiller et punir

Message non lu par Hector » 03 août 2019, 11:42:29

La Chine Big Brother : surveiller et punir
Le système de crédit social chinois espionne et organise la vie des citoyens chinois.
Entretien avec Emmanuel Dubois de Prisque, chercheur associé à l’Institut Thomas More et auteur d’une note sur le SCS (juin 2019).

Jean-Baptiste Noé : En quoi consiste le système de crédit social (SCS) chinois ? Est-il appliqué dans tout le pays ou dans certains lieux seulement ?
Curieusement, ce projet est né dans le contexte des négociations de l’entrée de la Chine au sein de l’OMC. Les entreprises américaines et européennes qui souhaitaient avant de s’engager en Chine mieux connaître leurs partenaires chinois ont demandé que soit mis en place un système permettant d’évaluer la « qualité » des entreprises sur le modèle des techniques de « scoring » des agences de notation occidentales.

Cependant, sous l’effet de l’idiosyncrasie sino-communiste, le projet en Chine a pris une dimension très différente : il ne s’agit plus seulement d’un instrument économique visant à favoriser le bon fonctionnement du système financier, mais d’augmenter le niveau de vertu de la population chinoise. Il s’agit d’une sorte de projet formation permanente au bon comportement, formation prodiguée par l’État à tous les citoyens par tous les moyens. Le tournant s’est produit vers 2008 : Pékin, au moment de la crise financière américaine, a eu le sentiment que son propre système était supérieur à celui des Occidentaux, en particulier dans ce domaine qui met en jeu des éléments civilisationnels. Les États-Unis avaient été incapables d’évaluer correctement les risques liés aux emprunts immobiliers. La Chine quant à elle serait en mesure de mettre en place un système beaucoup plus efficace, et coercitif pour amener les citoyens à bien se comporter. Aujourd’hui, le père de ce projet, Lin Junyue, peut ainsi fièrement proposer que son système soit exporté vers les pays qui participent aux « Nouvelles routes de la soie ».

...
On appelle cela le "Crédit Social Chinois", j'adore. Il semble que ce soit encore un doux rêve du PCC D'ailleurs, le problème informatique étant considérable.

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Snark
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Re: La Chine Big Brother : surveiller et punir

Message non lu par Snark » 03 août 2019, 13:15:15

Les mémes qui s'émerveillaient devant la reconnaissance faciale comme moyen de paiement
ne se sont pas inquiétés de l'atteinte possible aux libertés individuelles .

https://fr.express.live/paiement-par-re ... ale-chine/

http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tec ... r-2020.php

Et on s'étonne que les habitants de Hong Kong répugnent à passer sous la coupe de Pékin .

https://www.france24.com/fr/20190802-ho ... tion-chine
Et pendant ce temps là le permafrost décongèle .

pierre30
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Re: La Chine Big Brother : surveiller et punir

Message non lu par pierre30 » 03 août 2019, 14:16:43

Les japonais inventent le robot qui ressemble à un humain. Les chinois inventent l'inverse. C'est beau la créativité.
La 5G leur permettra d'ajouter une puce sur le cerveau. Ils pourront piloter l'individu comme un jouet. Plus besoin de développer l'analyse de l'environnement sur les robots, puisque les chinois sont déjà équipés avec des yeux. :v:
Ils vont créer une joint venture avec Google et son assistant vocal qui écoute ce que tu dis et te dit quoi faire. Amazon a peur de perdre le marché.

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Snark
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Re: La Chine Big Brother : surveiller et punir

Message non lu par Snark » 04 sept. 2021, 19:58:54

Les autorités chinoises renforcent la législation
afin d’endiguer l’addiction des jeunes aux jeux en ligne.
Contraints à se connecter avec une pièce d’identité,
les mineurs ne pourront jouer que le week-end et seulement entre 20 et 21 heures.
https://www.nouvelobs.com/chine/2021083 ... maine.html

D'autres se contentent de travailler le moins possible
et de rester chez eux . On les appelle les allongés .

https://www.francetvinfo.fr/replay-radi ... KPLzlCoJuw

Sans compter la natalité qui baisse de façon totalement incompréhensible
tellement c'est chouette de vivre en Chine .

https://www.courrierinternational.com/r ... ouveau-nes

Bientôt de la vidéosurveillance sous les draps pour surveiller les devoirs conjugaux ?
Et pendant ce temps là le permafrost décongèle .

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Nombrilist
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Re: La Chine Big Brother : surveiller et punir

Message non lu par Nombrilist » 04 sept. 2021, 20:47:07

La Chine, c'est Brave New World. Et tu ne crois pas si bien dire: la prohibition des jeux vidéo, c'est aussi probablement pour dégager du temps pour la reproduction chez les jeunes.

pierre30
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Re: La Chine Big Brother : surveiller et punir

Message non lu par pierre30 » 17 janv. 2022, 08:04:13

https://www.latribune.fr/opinions/tribu ... 01897.html
La Chine, ou le paradigme du national capitalisme autoritaire
OPINION. L’empire du Milieu construit aujourd’hui son influence en défendant un environnement international favorable aux régimes plus répressifs que les démocraties occidentales. Par Pierre-Yves Hénin, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Le régime dirigé par Xi Jinping puise sa légitimité tant dans des performances économiques que dans un ordre juridique et une idéologie.
Le régime dirigé par Xi Jinping puise sa légitimité tant dans des performances économiques que dans un ordre juridique et une idéologie. (Crédits : Carlos Garcia Rawlins)
Au-delà de l'émergence d'une économie prétendant au premier rang mondial, la Chine de Xi Jinping impose le modèle d'un nouveau système international d'organisation politico-économique qui nourrit les reculs de la démocratie. Du fait de ses traits constitutifs, nous avons, dans un ouvrage coécrit avec Ahmet Insel, qualifié de national capitalisme autoritaire - ou NaCA -, ce système qui associe autoritarisme politique, idéologie nationaliste et économie capitaliste.

Certes, les NaCA comportent des modalités multiples, des « démocraties illibérales » d'Europe centrale à la « dictature orwellienne » chinoise, de la nostalgie de l'empire chrétien des tsars cultivée par le président russe Vladimir Poutine à l'hybridation de l'Islam et du nationalisme dans la Turquie d'Erdogan. Cependant, la variété des expériences historiques ne saurait occulter la rationalité commune à ces régimes qui prennent une part croissante dans l'économie et la politique mondiales. Aux États-Unis mêmes, le populisme de Donald Trump illustrait l'attractivité du NaCA pour de larges secteurs de l'opinion dans un pays de vieille démocratie.

Répression et légitimation
Au soir de l'échec du putsch contre Mikhaïl Gorbatchev, à Moscou le 22 août 1991, le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) se félicitait d'avoir pris les devants en réprimant sévèrement les manifestants de la place Tiananmen deux ans plus tôt. Le dirigeant d'alors, Deng Xiaoping, y ajoutait la satisfaction d'avoir évité le naufrage économique de l'URSS. Il attestait ainsi de sa perception des limites de la répression pour la pérennité d'un régime autoritaire ou totalitaire, dont la survie dépend d'abord d'un processus de légitimation assurant une adhésion, plus ou moins large, de la population.

Bien que le régime chinois déploie des dispositifs répressifs de plus en plus sophistiqués, la pérennité du système de parti-État repose essentiellement sur les trois piliers de légitimation que nous retrouvons mobilisés, dans des conditions et à des degrés divers, par tous les régimes de NaCA, comme nous l'avons montré par ailleurs : légitimation par les performances, légitimation procédurale et légitimation idéologique.

Le parti-État tire d'abord sa légitimité des performances économiques exceptionnelles qui ont propulsé la Chine au second rang des puissances mondiales, avec la perspective d'accéder prochainement au premier.

Ce résultat a permis d'atteindre, jusqu'à maintenant du moins, quatre objectifs : procurer une progression du niveau de vie assurant l'adhésion dans la durée de la population, procurer à une élite capitaliste la capacité de construire des empires industriels et financiers, maintenir un taux exceptionnel d'investissement, en particulier en infrastructure, et laisser à l'État les moyens d'une couteuse politique de sécurité.

Second pilier du processus de construction de légitimité, la légitimation procédurale fait l'objet d'affirmations de principe. Ainsi, selon la constitution, « tout le pouvoir appartient au Peuple », mais les élections formelles, jusqu'au niveau de l'assemblée populaire nationale, s'effectuent au scrutin indirect - à l'exception du niveau local où le Parti veille à un contrôle étroit des candidatures. Au niveau des principes mêmes, la primauté du Parti est d'ailleurs posée comme primant sur toute autre considération. L'ordre juridique, selon un principe de « gouvernement par la loi » bien différent du principe occidental d'« état de droit », est aussi mobilisé comme facteur de légitimation procédurale.

Le troisième pilier de légitimation des autocraties est d'ordre idéologique. Alors que les dictatures de la Guerre froide mobilisaient des idéologies transversales, à prétention universelle, les autoritarismes contemporains prennent appui sur un socle de valeurs nationales, dont le périmètre peut être adapté par le pouvoir selon les impératifs politiques du moment.

Confronté à l'effondrement de la référence marxiste-léniniste dans les années 1980, le régime chinois a réactivé un nationalisme condamné dans la période maoïste comme déviation du patriotisme. Ce nationalisme « officiel » a accompagné le sursaut d'un nationalisme populaire, souvent xénophobe, en s'efforçant de le maîtriser pour éviter des dérives politiquement gênantes. Il nourrit le rejet des « valeurs occidentales », favorables aux droits de l'homme et à la démocratie, au profit des modalités « d'une démocratie aux caractéristiques chinoises ». Comme paradigme du NaCA, la Chine tire d'ailleurs une partie de son influence de sa défense d'un environnement international favorable aux autocraties nationales.

Un national-capitalisme
En 2017, le 19e Congrès du PCC inscrivait la pensée de Xi Jinping dans la perspective du « socialisme à caractéristiques chinoises » adoptée en 1992. Le Parti se dit toujours communiste, un beau paradoxe dans un pays qui ne compterait pas moins de 62 milliardaires en dollars. Quelques observateurs contestent encore le caractère capitaliste du système, en arguant du maintien d'une doctrine marxiste d'une part ainsi que du poids de l'État dans l'économie, qui conduit souvent à le qualifier de capitalisme d'État.

Pour notre part, nous pensons que le concept de capitalisme d'État ne rend pas bien compte des spécificités du capitalisme chinois, ni d'ailleurs de nombre des capitalismes autoritaires contemporains. Plus qu'une opposition entre propriété privée et publique, on assiste à un effacement des frontières entre sphère privée et publique, et le contrôle, strict il est vrai, du secteur privé s'exerce plus par l'omniprésence de l'appareil du Parti que par le jeu de hiérarchies administratives. Ces frontières opaques ont longtemps favorisé la corruption que Xi Jinping a entrepris de combattre, dans une lutte largement instrumentalisée pour conforter son pouvoir sur le plan politique.

Comme nombre de NaCA, la Chine mène une politique néomercantiliste, mobilisant les marges d'action que lui procurent ses institutions pour développer ces « obstacles non tarifaires » à l'échange équilibré. Elle a pu ainsi construire un « avantage concurrentiel », au sens de Michael Porter, lui assurant le maintien d'excédents extérieurs importants et l'accumulation d'actifs étrangers. Dénoncée par divers organismes internationaux, l'étroite collusion de l'action des acteurs gouvernementaux et privés contribue à l'importation rapide de nouvelles technologies, rapidement déployées à l'exportation et sur le marché intérieur.

Tensions, résilience ou fuite en avant ?
Malgré l'annonce périodique de sa chute prochaine, le national capitalisme autoritaire chinois a réussi à hisser le pays au second rang parmi les puissances économiques et à maintenir la stabilité politique, garante du pouvoir du PCC.

Ce succès global ne va pourtant pas sans difficulté, sources de tensions qui interrogent sur la résilience du système. Au nombre des difficultés, on note le ralentissement de la croissance, malgré une fuite dans l'endettement qui menace la stabilité financière interne tandis que l'ambitieux programme des « nouvelles routes de la Soie » place la chine au sommet d'une pyramide de dettes internationales. La croissance ralentie rend plus visible et moins supportable l'extrême inégalité des revenus et des richesses, dont la perception peut fragiliser le régime.

La politique menée par Xi Jinping a permis de consolider le régime en luttant contre la corruption et en veillant à la cohérence du Parti et à son contrôle sur l'Armée populaire. Son programme « Chine 2025 » et le 14e Plan quinquennal visent à équilibrer la « double circulation », intérieure et extérieure, en développant le marché domestique et en rendant les chaînes de valeurs chinoises dans les domaines de hautes technologies moins dépendantes de l'étranger, un programme présenté comme « gagnant-gagnant » par les médias chinois.

L'action de Xi peut apparaître comme « une fuite en arrière » dans la restauration d'un régime stalinien, durcissant la répression en particulier aux marges de l'empire - Xinjiang et Hongkong - et en resserrant le contrôle sur les capitalistes, avec le double objectif de réduire les inégalités et de les priver de toute position de pouvoir pouvant déborder sur le terrain politique.

Comme nous l'avons montré plus haut, le recours accru à la répression signale un épuisement relatif des trois piliers de légitimation des pouvoirs autoritaires, mobilisés par les NaCA.

Deux questions interrogent le succès de cette réorientation politique : dans quelle mesure le renouveau dirigiste de l'économie sera-t-il compatible avec les exigences d'une société de l'innovation ? L'affirmation nationaliste et militaire, dont les États-Unis ne semblent pas disposés à s'accommoder, ne va-t-elle pas contribuer à un renforcement des tensions sur les ressources et de la polarisation de l'opinion publique ?

The Conversation ______

Par Pierre-Yves Hénin, Professeur émérite en économie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

La version originale de cet article a été pub

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