Nombrilist a écrit : ↑02 nov. 2018, 08:38:50
@asterix , sans protectionnisme, il nous serait arrivé des pénuries de bouffe tout comme il nous arrive des pénuries de médicaments à l'heure actuelle. J'explique: sans subventions, l'agriculture française s'effondre car il est impossible de supporter les prix concurrents. Un jour, les pays émergents n'ont plus de quoi fournir la France car leur demande intérieure devient trop forte. Boum: ils ne livrent plus la France. Problème: nos agriculteurs ont déjà disparu et même si ils étaient encore là avec leur savoir-faire, le temps de reproduire à manger, on serait déjà tous morts (je caricature, mais c'est l'idée). Avec le médicament, nous avons laissé absolument toutes les usines se barrer en Israël et en Inde. Total: pénurie de centaines de médicaments, dont certains pour traiter des maladies graves comme Parkinson. Voilà où mène l'absence de protectionnisme. Et je ne parle même pas de l'impossibilité de nous faire chanter si nous sommes autonomes en nourriture.
J'entends bien. Mais je crois qu'assez peu de monde comprend que si la France, ou plus largement l'Europe, se replie sur un fonctionnement autarcique, c'est une baisse énorme de pouvoir d'achat qui s'annonce, parce que nous n'avons pas les moyens de consommer 100% Européen, au prix de l'Europe. Entendons dans "prix de l'Europe", le coût de ses prélèvements en fonds publics et sociaux, de ses normes sécuritaires et hygiéniques, de son train de vie d'entreprise.
D'autre part, des masses de savoir faire, des centaines de métiers ont déjà disparus de chez nous.
Et plus encore, notre jeunesse refuse certains métiers pour des questions de pénibilité, selon ses propres critères, que notre esprit démocratique ne peut que légitimer, à défaut d'approuver.
Alors ce fameux protectionnisme, est très chatoyant dans nos têtes, parce qu'on s'occulte, une fois de plus, une réalité que l'on ne veut pas voir: la jeunesse française ne veut plus d'emplois salissants, domestiques, astreignants, complexe techniquement, et demandant une dextérité particulière ou une maîtrise du corps. Encore mieux, elle ne veut plus faire du service public digne de ce nom, en tout cas pas aux heures ou le public a besoin de service.
Quelle bonne femme veut bien encore aller faire de la couture au kilomètre dans un atelier plein de bruit? Et quand bien même accepte t elle, quel sera le prix de son produit si elle réclame un salaire, légitime, de 1600€
Quel bonhomme veut bien encore tartiner du macadam? Même réflexion que précédemment.
Est ce avec de pareils éléments que l'on va faire du protectionnisme? Ca va nous faire tout drôle.
Pour ce qui est des arguments sur les médicaments dont on abandonne la fabrication en France: et que fait on si personne ne veut nous vendre du pétrole ou de l'Uranium? N'y a t il pas là, et l'actualité avec l'Arabie le prouve, une nécessité absolue, d'avoir des échanges commerciaux importants avec nos fournisseurs en matière première et énergie, pour obtenir ce qui nous est indispensable?
@yakiv Le protectionnisme, je suis étonné de le rappeler, c'est ce à quoi nous avons renoncé en faisant l'Europe: s'imbriquer économiquement les uns les autres, pour rendre impossible tout conflit entre les états concernés. Le libre échange mondial, je me répète, c'est probablement ce qui nous a permis 70 ans de paix relative, hormis l'arsenal nucléaire contre le bloc soviétique. Mais pour le monde non communiste, c'est bien le libre commerce qui nous a maintenu en paix, avec en fond l'OMC, ou l'OCDE. Donc le rapport entre le protectionnisme et le risque de conflit nous crève les yeux.