Conflits séparatistes en Ukraine

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johanono
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par johanono » 22 févr. 2015, 13:35:11

French_Connection » Dim 22 Fév 2015 - 06:13 a écrit :
politicien » Dim 22 Fév 2015 - 05:17 a écrit :Bonjour,
Les États-Unis estiment la Russie responsable de la rupture du cessez-le-feu en Ukraine.

"Des sanctions très graves peuvent être prises, qui auraient un impact très négatif sur l'économie russe". Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite à Londres, se veut menaçant, ajoutant que "dans les prochains jours le président Obama va évaluer les choix à sa disposition et prendre sa décision".

(...)

http://www.europe1.fr/international/les ... um=twitter
Mouai ...

A moins que l'OTAN en soit responsable.
Faire confiance à un media russe, quelle belle référence... :mrgreen:
politicien » Sam 21 Fév 2015 - 21:17 a écrit :Bonjour,
Les États-Unis estiment la Russie responsable de la rupture du cessez-le-feu en Ukraine.

"Des sanctions très graves peuvent être prises, qui auraient un impact très négatif sur l'économie russe". Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite à Londres, se veut menaçant, ajoutant que "dans les prochains jours le président Obama va évaluer les choix à sa disposition et prendre sa décision".

(...)

http://www.europe1.fr/international/les ... um=twitter
Les Américains semblent partisans de mesures assez dures contre la Russie. Mais peut-on leur donner tort ? Manifestement, l'initiative diplomatique de Hollande et Merkel n'est pas un succès, puisque les rebelles continuent leurs assauts contre l'armée ukrainienne. Force est de constater que Poutine ne respecte pas sa parole. Est-ce vraiment une surprise ?

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El Fredo
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par El Fredo » 25 févr. 2015, 19:26:12

http://www.franceinfo.fr/emission/expli ... 2015-16-04
Le journal russe Novaïa Gazeta vient de publier un document confidentiel du Kremlin concernant les évènements en Ukraine : une feuille de route troublante de précisions, qui remonte très exactement à l’année dernière. À en croire ce document secret, Moscou a tout planifié depuis le début.
http://www.rfi.fr/europe/20150225-russi ... oukovitch/
Selon un document, la Russie aurait planifié de déstabiliser l’Ukraine

D’après le journal d’opposition russe Novaya Gazeta, le Kremlin aurait envisagé une opération de déstabilisation en Ukraine avant le départ de l’ex-président Ianoukovitch. Le journal, qui fut celui de l’opposante assassinée Anna Politkovskaia, affirme avoir eu accès à un document décrivant, dès début février 2014, la stratégie que le Kremlin a par la suite mise en application en Ukraine.

(...)

Le document décrit comment la Russie va organiser des manifestations d’opposition aux autorités de Kiev, avec comme revendications la fédéralisation de l’Ukraine et l’adhésion à l’Union douanière, pour aboutir à une demande de souveraineté, puis d’adhésion à la Russie. Le texte décrit comment les manifestants doivent condamner les velléités séparatistes de l’ouest du pays qui menaceraient l’intégrité du pays, et exiger une réforme constitutionnelle facilitant le recours au référendum. Pour ceux qui ont écrit ce texte, les deux régions les plus faciles à conquérir sont la Crimée et Kharkiv.
Sans doute un complot de la CIA, de l'OTAN et des francs-maçons.
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par El Fredo » 25 févr. 2015, 19:36:19

Voici d'autres sources dont deux traductions indépendantes en anglais du document original :

https://cgrozev.wordpress.com/2015/02/2 ... aine-plan/
http://www.unian.info/politics/1048525- ... glish.html
http://www.courrierinternational.com/ar ... krainienne

Et l'article original de Novaïa Gazeta :
http://www.novayagazeta.ru/politics/67389.html
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albert
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par albert » 20 mars 2015, 18:56:32

La chaîne Euronews privée d'antenne en Ukraine (Sputnik)
Incapable d'influer sur le contenu des émissions, le gouvernement ukrainien a privé d'antenne la chaîne Euronews.
(...)
Le Conseil pour la télévision a notamment rappelé que le corps journalistique de la chaîne avait été formé "sous l'ancien régime ukrainien" et que ces journalistes se trouvaient au siège d'Euronews à Lyon, en France, ce qui empêchait aux dirigeants de la Compagnie nationale de télévision ukrainienne (NTKU) d'influer sur leurs activités.
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par El Fredo » 20 mars 2015, 19:26:09

C'est une blague ce site ? On dirait Fox News à la mode zakouskis. A part ça l'information est exacte (mais pas forcément les raisons évoquées...), mais on trouve sur ce site un certain nombre d'articles "étonnants" qui puent la propagande grossière (comme celui-ci au titre particulièrement malhonnête : http://fr.sputniknews.com/international ... 68114.html ).

Une seconde source pour plus de neutralité :

http://www.euractiv.com/sections/global ... ews-313112


EDIT: après vérification, Sputnik est un site qui appartient au gouvernement Russe et a été créé par décret présidentiel en 2013...
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par albert » 21 mars 2015, 06:58:31

El Fredo » Ven 20 Mar 2015, 19:26:09 a écrit :C'est une blague ce site ? On dirait Fox News à la mode zakouskis. A part ça l'information est exacte (mais pas forcément les raisons évoquées...), mais on trouve sur ce site un certain nombre d'articles "étonnants" qui puent la propagande grossière (comme celui-ci au titre particulièrement malhonnête : http://fr.sputniknews.com/international ... 68114.html ).

Une seconde source pour plus de neutralité :

http://www.euractiv.com/sections/global ... ews-313112


EDIT: après vérification, Sputnik est un site qui appartient au gouvernement Russe et a été créé par décret présidentiel en 2013...
N'empêche que c'est l'Ukraine qui censure une chaîne de télé, et là silence radio, les médias en France n'en parlent pas. Deux poids et deux mesures.
Sputnik est le nouveau site qui remplace "la Voix de la Russie" et c'est effectivement un organe public russe, mais c'est le seul article en français que j'ai trouvé sur le sujet. Côté propagande, ils ne font pas pire que nous, mais la propagande parait toujours plus grossière lorsqu'elle ne va pas dans le sens désiré...
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par El Fredo » 21 mars 2015, 11:10:21

Même Euronews n'en parle pas, c'est dire la puissance de la censure exercée sous nos contrées :D

Tiens je vais poster un "article" de Bill O'Reilly histoire de rééquilibrer un peu le débat. :troll:

De toute façon cette licence est une question de pognon avant tout, et certainement pas une histoire de censure ou de contrôle comme voudrait le faire croire l'organe de propagande déguisé en agence de presse Sputnik :

http://www.broadbandtvnews.com/2015/03/ ... nian-deal/
http://www.broadbandtvnews.com/2015/03/ ... n-version/
“Euronews has signed an agreement with Inter Media Group, a private audiovisual group, to produce the Ukrainian service,” wrote an Euronews spokesperson in an email to Broadband TV News.

“Before that, the previous agreement with the national broadcaster NTU was stopped by Euronews They couldn’t produce any more this service and have a debt of almost €11 million.

“So, the broadcast licence belonging to NTU was cancelled. The new Euronews partner, Inter Media Group, can now ask for a new licence. This is a normal procedure.
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par albert » 28 mars 2015, 09:37:16

Ukraine : la guerre des oligarques (Jacques Sapir)
Les événements des ces derniers jours à Kiev montrent les tendances à la désintégration du système politique. Mais, ces mêmes tendances sont, peut-être porteuses d’espoir en ce qui concerne le conflit que ce pays connaît depuis février 2014.

La guerre des oligarques

Le pouvoir à Kiev reste largement sous l’influence des oligarques. Le désordre institutionnel issu des événements de février 2014 a même plutôt renforcé leur influence. Ces derniers, unis dans leur opposition à l’ancien Président, M. Yanoukovitch, se sont répartis le pays et se déchirent à belles dents depuis un an. Il faut ainsi citer Rinat Ahkhmetov, dont la fortune était concentrée dans la sidérurgie, l’actuel Président, Poroshenko, dont la fortune venait de l’agro-alimentaire, Dmitro Firtash (actuellement en état d’arrestation à Vienne sur une affaire de corruption) et M. Igor Kolomoisky[1]. C’est Dmitro Firtash qui, depuis son domicile à Vienne, et alors qu’il était assigné à résidence, a réuni ces oligarques et les a convaincus d’agir contre M. Yanoukovitch, lui-même un autre oligarque, mais le Président régulièrement élu du pays.

Ce « complot des oligarques » a joué un rôle important, à la fois parce qu’il a permis de faire dévier le mouvement de Maïdan qui, au départ, était anti-oligarchique et anti-corruption, mais aussi parce qu’il a joué un rôle important dans la séquence des événements qui ont poussé le Président Yanoukovitch à fuir Kiev. Pour autant, cette alliance n’a nullement mis fin aux oppositions féroces qui traversent les milieux oligarchiques. En un sens, ces dernières ont été aiguisées par la brutale contraction que l’économie connaît. Dans un pays où le PIB s’est contracté de -7% en 2014, en proie à une inflation brutale et où les paiements sont au mieux incertains, seul le contrôle sur des rentes, ou des revenus fournis par l’étranger (l’aide économique), est en mesure de satisfaire leurs appétits. Cela renforce les antagonismes anciens, un instant masqués par une commune opposition à Yanoukovitch.

Cette opposition a pris un tour particulièrement spectaculaire avec l’éviction de M. Igor Kolomoisky mardi 24 mars au soir du poste de gouverneur de la région de Dnepropetrovsk. Mais l’enjeu de ce conflit va bien au-delà d’une simple révocation. Ce qui s’est joué entre le 22 et le 24 mars, avec la montée de la tension déjà perceptible depuis plusieurs semaines entre M. Poroshenko et M. Kolomoisky n’est pas seulement un nouvel épisode de la classique « guerre des oligarques »[2]. La personnalité de M. Kolomoisky dépasse en effet le seul domaine économique. Les positions politiques qu’il a prises depuis un an en font en effet un homme clef du pouvoir à Kiev.

Qui est Igor Kolomoisky ?

Kolomoisky était jusqu’à cette date le gouverneur de la région de Dnepropetrovsk et, à tous les égards, un des grands barons de cette Ukraine semi-féodale qui a émergé depuis les événements de la place Maïdan. Igor Kolomoisky est un homme très riche. Il a un passeport chypriote (et un passeport israélien), est résident suisse, tout cela sans avoir renoncé à sa nationalité ukrainienne. Il détient notamment PrivatBank, la première banque d’Ukraine, et la chaîne de télévision 1+1. Il possède aussi 43% des parts de la compagnie nationale de pétrole et de gaz UkrNafta et de sa filiale UkrTransNafta, qui gère plusieurs oléoducs. Dans les faits, il contrôle une large part de la circulation des carburants en Ukraine. Sa position stratégique s’est affirmée depuis le début de la crise. Il a consacré une partie de sa fortune, évaluée entre deux et trois milliards de dollars, à la mise sur pied de bataillons de volontaires. Aujourd’hui, ce sont 10 bataillons de la Garde Nationale qui sont directement financés par Igor Kolomoisky. Ces bataillons sont largement présents dans le sud de l’Ukraine, autour de Mariupol. Cette initiative s’est révélée cruciale alors que l’armée gouvernementale ne pouvait faire face seule aux séparatistes dans l’Est du pays. Le mécène a donc endossé un rôle politique en devenant gouverneur de Dnipropetrovsk, une province stratégique car voisine de celle de Donetsk. En l’espace de quelques mois, il s’est ainsi imposé comme un « rempart » contre la rébellion des provinces de l’Est de l’Ukraine, et il a passé pour ce faire des alliances étrange avec le groupe fascisant « Secteur Droit ».

Ces bataillons de la Garde Nationale constituent cependant une « armée privée », dont même la logistique ainsi que l’armement échappent au contrôle réel de l’armée régulière. On peut comprendre que le Président nouvellement élu, M. Poroshenko, en ait pris ombrage et ait cherché à réduire le pouvoir de M. Kolomoiski. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre les événements qui se sont produits ces derniers jours. Ils s’apparentent au scénario du roi cherchant à réduire le pouvoir d’un grand féodal. L’histoire de France est remplie de l’écho de ces conflits. Mais, ils se sont achevés il y a maintenant près de trois siècles. Le fait qu’ils se produisent aujourd’hui en Ukraine est un indicateur indiscutable du fait que ce pays n’est pas encore un État au sens moderne du terme.

L’affaire Kolomoisky

Le Président Poroshenko a donc décidé de limiter le pouvoir économique de son rival. Il a décidé de remplacer la direction de Ukrainafta. La réaction de Kolomoisky a été rapide et brutale. Le bâtiment de UkraiNafta a été occupé par des hommes armés, à l’évidence des hommes du bataillon Dnipro-1, financés et armés par Kolomoisky. La réaction de Poroshenko a été rapide, et il a démis Kolomoisky de ses fonctions de gouverneur de Dnepropetrovsk. Il a aussi fait arrêter, à l’issue du Conseil des Ministres, Sergey Bochkovsky et Vasily Stoyetsky, respectivement directeur et vice-directeur de l’agence des situations d’urgence. Ces deux hommes sont accusés de malversations financières diverses. Mais Igor Kolomoisky a répliqué en appelant à reconnaître les responsables des entités insurgées de Donetsk et de Lougansk, la DNR et la LNR. Les députés et responsables de Dnepropetrovsk ont alors commencés à évoquer les promesses de décentralisation non tenues par Kiev. On sait que le pouvoir de Kiev se refuse, pour l’instant, à toute idée de décentralisation et de fédéralisation. De fait, ces députés et ces responsables, dont nul ne peut ignorer la proximité avec Igor Kolomoisky, ont tenu des propos qui font écho aux déclarations des dirigeants de Lougansk et de Donetsk. A son tour, le dirigeant de la DNR Alexandre Zakhartchenko a suggéré au gouvernement de Kiev de créer une République de Dniepropetrovsk.

Dans le même temps, Valentyn Nalyvaichenko, le responsable des services de sécurité ukrainiens, fidèle au Président Poroshenko, a mis en cause deux des gouverneurs adjoints de Dnepropetrovsk, MM. Gennady Korban and Svyatoslav Oliynyk, les accusant « d’appartenir à une organisation à vocation criminelle ». Ces deux personnes contestent bien entendu ces accusations, menaçant d’attaquer pour diffamation M. Valentyn Nalyvaichenko.

Sur le fond, l’essentiel semble être tant la réduction du pouvoir économique de M. Kolomoisky, que l’intégration des bataillons de la Garde Nationale dans l’armée régulière ukrainienne. Or, les commandants de ces bataillons, s’ils déclarent ne pas être opposés à une telle intégration, déclarent qu’il s’agit pour eux d’une intégration en l’état et non d’intégrations individuelles. Ceci est évidemment refusé par le gouvernement de Kiev. A l’heure actuelle, il est clair que, des deux côtés, on cherche à éviter l’irréparable, mais qu’aucun accord de fond n’a été trouvé. Le risque de voir la baronnie de Kolomoisky faire sécession et s’allier à ceux-là même qu’elle combattait férocement hier ne peut donc pas être exclu.

Un indicateur en ce sens est l’appel que Kolomoisky vient de faire diffuser en Ukraine, où il se positionne en adversaire direct du Président, en défenseur de « l’esprit de Maïdan » (qui aura beaucoup servi…) et en défenseur de « l’esprit de dignité » face à un gouvernement d’incapables et de corrompus. Il s’inquiète aussi de la vague de morts suspects qui touche des anciens responsables du parti de Yanoukovitch, le « parti des Régions », et que le gouvernement actuel à Kiev lui qualifie de suicides[3].
On sait effectivement ce que valent ce genre d’explication, depuis le suicide de Stavisky en 1934 en France…[4] Derrière les formules et les postures, il y a une réalité : une lutte féroce pour le pouvoir. Kolomoisky appelle ainsi à des manifestations dans tous le pays le samedi 28.

Les évolutions possibles

Cette crise est donc appelée à durer. Elle vient alors que les accords de Minsk sont en partie respectés (le cessez-le-feu, les échanges de prisonniers) mais restent sur le fond lettre morte car le gouvernement de Kiev se refuse toujours à négocier avec les insurgés et ne semble pas prêt à promouvoir une véritable loi de fédéralisation. Elle témoigne aussi de ce que l’Ukraine est dans une situation de très grave crise politique et institutionnelle. L’existence de baronnies autonomes, et susceptibles de devenir indépendantes, ne se limite pas au Sud-Est du pays.

En réalité, les dynamiques potentielles qui sont aujourd’hui à l’œuvre en Ukraine peuvent soit conduire à une reprise des affrontements, par exemple si chacun des camps en présence se décide à jouer de la surenchère nationaliste, soit au contraire ouvrir la voie à la paix si cette crise conduit à prendre au sérieux la question de la fédéralisation du pays. Pour cela, il convient que cette crise débouche effectivement sur un traitement sérieux et ouvert de la question de la fédéralisation.

Le meilleur moyen de mettre fin à la « guerre des oligarques » serait, en effet, d’aborder en pleine transparence et sans tergiverser la question institutionnelle et constitutionnelle en Ukraine. Cette démarche aurait dû être entreprise dès la fuite de M. Yanoukovitch. Cette fuite signifiait que l’ancien « pacte national » qui fondait l’État ukrainien n’était plus valide, ou alors il fallait reconnaître à M. Yanoukovitch le fait qu’il était le Président élu. On ne peut tout à la fois dire qu’il y a eu « révolution », ce qui implique suspension de l’ordre constitutionnel et prétendre en même temps que cet ordre constitutionnel continue d’exister.

Cela n’implique nullement qu’il ne puisse y avoir de « pacte national » et que l’Ukraine ne puisse survivre, mais cela nécessite qu’il soit reformulé. Il est clair qu’un degré de fédéralisation, ou de confédération, s’imposera pour des raisons culturelles, religieuses et linguistiques. Le refus de reconnaître cette situation a conduit d’une part à la décision des habitants de la Crimée à se rattacher à la Russie et d’autre part à l’insurrection dans l’Est de l’Ukraine. Il faut ici souligner que la Russie s’est jusqu’à présent toujours refusée de reconnaître les républiques de Donetsk et de Lougansk. Il convient de reprendre aujourd’hui ce dossier. Il y a urgence. Faute de le faire, et de le faire vite et honnêtement, seule la guerre, et à terme le démantèlement de l’Ukraine, resteraient des options.

_______________

[1] http://www.rts.ch/info/monde/6651675-un ... berne.html

[2] B. Jarabik, « Ukraine, the kingdom of the oligarchs », Carnegie foundation, http://carnegie.ru/eurasiaoutlook/?fa=59487

[3] Parmi les personnes « suicidées » :

-Le 26 Janvier 2015 se suicide Nikolai Sergienko, 57 ans, l’ex chef adjoint des “Chemins de fer ukrainiens”, il s’ est tiré une balle avec un fusil de chasse.
-Le 29 Janvier à son domicile on trouve le corps de Alex Kolesnik, ancien président de l’administration régionale de Kharkov.
-Le 25 février est retrouvé pendu le maire de Melitopol, Sergei Walter, 57 ans.
-Le 26 février est retrouvé dans son garage le cops de l’adjoint-chef de la police de Melitopol, Alexander Bordyuga, 47 ans.
-Le 28 février, l’ancien vice-président du Parti des régions Mikhaïl Chechetov « saute » par la fenêtre de son appartement.
-Le 10 mars 10 se suicide l’ ex-député des Parti des Régions” Stanislav Miller.
-Le 12 mars se suicide l’ ancien président de l’administration régionale de Zaporozhye, Oleksandr Peklushenko.

[4] Stavisky, qui avait corrompu (et avait été protégé par) une partie de la classe politique de l’époque était censé s’être suicidé en se tirant une balle dans la tête depuis une distance de 2m. Le Canard Enchainé avait pu titrer « ce que c’est que d’avoir le bras long… ».
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par albert » 14 avr. 2015, 07:35:44

Le général Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire, confirme que la Russie n'a jamais voulu envahir l'Ukraine.
M. Frédéric Lefebvre. Quelles sont nos relations avec la base de l’OTAN de Norfolk ?

Général Christophe Gomart. Nous avons d’excellentes relations avec le commandant suprême allié Transformation (SACT) et les notes de renseignement de la DRM alimentent d’ailleurs la réflexion de l’OTAN. En septembre prochain, le général Denis Mercier va succéder au général Jean-Paul Paloméros à ce poste.

La vraie difficulté avec l’OTAN, c’est que le renseignement américain y est prépondérant, tandis que le renseignement français y est plus ou moins pris en compte – d’où l’importance pour nous d’alimenter suffisamment les commanders de l’OTAN en renseignements d’origine française. L’OTAN avait annoncé que les Russes allaient envahir l’Ukraine alors que, selon les renseignements de la DRM, rien ne venait étayer cette hypothèse – nous avions en effet constaté que les Russes n’avaient pas déployé de commandement ni de moyens logistiques, notamment d’hôpitaux de campagne, permettant d’envisager une invasion militaire et les unités de deuxième échelon n’avaient effectué aucun mouvement. La suite a montré que nous avions raison car, si des soldats russes ont effectivement été vus en Ukraine, il s’agissait plus d’une manœuvre destinée à faire pression sur le président ukrainien Porochenko que d’une tentative d’invasion.
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par politicien » 14 mai 2015, 15:42:56

Bonjour,
Le président français François Hollande a dénoncé ce jeudi des violations "inacceptables" du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, mettant en garde contre le "risque" d'un nouvel "embrasement", à l'issue d'un bref entretien avec son homologue ukrainien Petro Porochenko en Allemagne.

"Il y a des violations du cessez-le-feu aujourd'hui et c'est inacceptable", a déclaré le chef de l'État français devant la presse, enchaînant : "Il y a des risques qu'il puisse y avoir un embrasement de nouveau et nous devons les prévenir". "Des groupes ont intérêt à ce que ce conflit perdure et ces groupes-là nous les identifions facilement", a-t-il répondu sans plus de précisions, interrogé sur les responsables de ces violations.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Point.fr
Qu'en pensez vous ?
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par El Fredo » 28 sept. 2016, 20:13:20

http://www.arretsurimages.net/breves/20 ... is-id20175
MH17 : LE TIR VENAIT D'UNE ZONE PRO-RUSSE (PARQUET NÉERLANDAIS)
Merci de poster vos commentaires directement sur le topic dédié :
http://actu-politique.info/crash-d-avio ... ml#p446650
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Yakiv
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par Yakiv » 18 juil. 2017, 23:27:48

Le leader de l'entité séparatiste de Donetsk (la "République Populaire de Donetsk", soutenue par la Russie) Alexandre Zakhartchenko a clarifié le nouveau "projet séparatiste".

Il n'est plus question de "Nouvelle Russie" (Novorossia) comme imaginé durant les premières années de conflit, impliquant plus ou moins un rattachement à la Russie des régions orientales et méridionales de l'Ukraine (de Kharkiv à Odessa).

Aujourd'hui, le projet séparatiste consiste en la création d'un nouvel état, avec un nouveau nom, un nouveau drapeau et une nouvelle constitution, se substituant à l'Ukraine.

Le nouvel état se dénommerait "Malorussie", ce qui signifie "Petite Russie", surnom attribué à l'Ukraine par la Russie et longtemps employé avant le 20ème siècle. La capitale serait Donetsk, en lieu et place de Kiev (Kyiv en ukrainien) qui conserverait le statut de "centre historique et culturel".

Le drapeau du pays serait "le drapeau de Bohdan Khmelnitsky" (hetman ukrainien du 17ème siècle qui a conclu un pacte avec la Russie connu sous le nom de "Traité de Pereïaslav"). Si on se réfère à la bannière utilisée par ce personnage historique, le drapeau (non communiqué) de la Malorussie devrait ressembler à ça.
BK.png
BK.png (27.61 Kio) Vu 640 fois
Références pour le drapeau :
https://ru.wikipedia.org/wiki/Хмельницк ... nytsky.jpg
https://ru.wikipedia.org/wiki/Хмельницк ... цького.JPG


Compte tenu de l'état d'urgence, les partis politiques y seraient "provisoirement" interdits.
Le statut de l'état serait une république fédérale garantissant une large autonomie aux régions et la liberté linguistique.
Cette "nouvelle nation" inclurait l'ensemble du territoire ukrainien actuel à l'exception de la Crimée dont la souveraineté russe serait reconnue.
La position diplomatique de ce nouvel état se voudrait "non-alignée", mais rétablirait les liens rompus avec la Russie.

Il semblerait que ce projet des séparatistes de Donetsk n'ait pas donné lieu à une consultation avec les séparatistes de Louhansk (second grand arrondissement séparatiste dans la région du Donbass).

«Malorossia»: un État censé remplacer l'Ukraine

Les séparatistes pro russes ont déclaré vouloir organiser un référendum afin de créer un nouvel État. Kiev n'y voit qu'une plaisanterie.

Image
Alexandre Zakhartchenko, dirigeant de la république rebelle autoproclamée de Donetsk, a présenté mardi une Constitution du futur Etat. Image: Keystone

Les autorités séparatistes de l'Est de l'Ukraine, opposées au pouvoir de Kiev, ont annoncé mardi vouloir créer un nouvel État destiné à remplacer l'Ukraine. Il aurait sa capitale au sein des territoires sous leur contrôle.

Ce nouveau pays, qui n'a aucune chance de voir le jour, serait instauré à la suite d'un référendum organisé dans toute l'Ukraine et baptisé «Malorossia» (Petite Russie). Ce terme désignait à l'époque tsariste des territoires correspondant globalement à l'Ukraine moderne.

Selon le projet présenté par les séparatistes, ce nouvel État engloberait l'Ukraine actuelle à l'exception de la Crimée, annexée en mars 2014 par la Russie. Sa capitale serait Donetsk, l'un des bastions rebelle de l'est du pays, tandis que Kiev n'aurait que le statut de «centre historique et culturel».

Constitution publiée

Une Constitution du futur Etat a été présentée mardi par le dirigeant de la république rebelle autoproclamée de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko.

Publiée par l'agence de presse des rebelles, celle-ci indique que des représentants des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk ainsi que de 19 régions ukrainiennes sont tombés d'accord pour «annoncer l'instauration d'un nouvel Etat, qui sera l'héritier de l'Ukraine».

Cette annonce surprise a pourtant pris de court la «république» de Lougansk (LNR). Le service de presse du dirigeant de la LNR Igor Plotnitski a souligné que ce dernier n'avait pas été consulté sur ce projet.

Sur Twitter, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine a lui tourné en dérision ce «spectacle de foire (...) des marionnettes du Kremlin».

Bombardements quotidiens

Le terme de Malorossia rappelle celui de Novorossia (Nouvelle Russie), utilisé par le Kremlin dans les premiers mois de la guerre dans l'est de l'Ukraine pour qualifier les régions russophones de l'est et du sud de ce pays.

L'Ukraine est en proie depuis plus de trois ans à un conflit opposant séparatistes pro russes et forces de Kiev, qui a fait plus de 10'000 morts. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir financièrement et militairement les rebelles, ce que Moscou dément fermement.

Des accord de paix signés à Minsk en février 2015 ont permis une diminution significative des combats, mais les bombardements continuent quotidiennement le long de la ligne de front. Le volet politique de ces accords est, lui, resté lettre morte, les belligérants se rejetant la responsabilité de cet échec.

Dénoncer un «fait accompli»

«Cette annonce est en mesure de bloquer le processus de négociations», a indiqué à la chaîne 112.Ukraïna Evguéni Martchouk, un émissaire de Kiev dans les pourparlers de paix avec les rebelles.

La France, l'un des garants des accords de paix, a elle appelé «la Russie à dénoncer ce fait accompli, qui est une violation des accords de Minsk» et «trahit l'esprit des négociations». L'annonce surprise des rebelles intervient à la veille d'une nouvelle rencontre à Minsk entre autorités de Kiev et séparatistes. (ats/nxp)

Créé: 18.07.2017, 17h18

Article complet sur http://www.tdg.ch/monde/europe/Maloross ... y/16868160

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El Fredo
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par El Fredo » 19 juil. 2017, 12:21:59

On peut s'imaginer que cet état fantoche jouerait un peu le même rôle que la Transnistrie ou Kaliningrad, un coin russe enfoncé dans le bloc occidental.
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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par Yakiv » 19 juil. 2017, 13:27:10

El Fredo a écrit :
19 juil. 2017, 12:21:59
On peut s'imaginer que cet état fantoche jouerait un peu le même rôle que la Transnistrie ou Kaliningrad, un coin russe enfoncé dans le bloc occidental.
Je pense que cet état n'est qu'un projet afin de faire valoir une alternative à l'état ukrainien.
Autrement dit, il répond à la question : que se passerait-il dans l'hypothèse (fantaisiste, certes) où les séparatistes gagneraient la guerre et prendraient le contrôle de l'ensemble du territoire ukrainien. Leur réponse : non ils ne demanderaient pas le rattachement à la Russie, mais créeraient un nouvel état pour remplacer l'Ukraine.
Par contre, je pense que cet état n'est pas prévu tant qu'ils ne contrôleront qu'un morceau de 2 régions ukrainiennes (Donetsk et Louhansk). Selon moi, ce projet est indissociable du contrôle de l'ensemble du territoire ukrainien hors Crimée.

Donc je crois qu'il ne verra jamais le jour, même en zone contrôlée par les séparatistes.
Fusionner la RPD et la RPL (ce dont ils ne sont pas parvenus) peut-être pour l'appeler République Populaire du Donbass, est à mon avis la seule perspective réaliste pour eux.

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Re: Conflits séparatistes en Ukraine

Message non lu par El Fredo » 19 juil. 2017, 13:35:50

Je sais pas, ils pourraient proclamer cet état unilatéralement en revendiquant la souveraineté sur tout le territoire, des cas similaires existent ailleurs (Corée, Chine/Taïwan, Chypre...).
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