Mais un article intéressant des Echos :
La première évaluation nationale sur ce que représente dans un pays comme la France le travail au noir livre un constat décapant et important : elle est moins élevée qu'on pourrait le croire. Environ 7 % des entreprises frauderaient en ne déclarant pas leurs salariés pour tout ou partie de leur activité. Si on regarde le verre à moitié plein, cela veut dire que 93 % respectent les règles du droit social. Et cette tricherie concernerait au total à peine plus de 2 % des salariés. Ce qui signifie, si on calcule une seconde fois juste, que quasiment 98 % d'entre eux ne le sont pas... Ces deux chiffres dévoilés hier par l'Acoss, la banque de la Sécurité sociale, ont le mérite de dire une chose triviale mais parfois oubliée : l'immense majorité des entreprises ne sont pas malhonnêtes. Une large partie de l'opinion est-elle persuadée que la proportion de travail dissimulé dans les secteurs des hôtels, cafés et restaurants ou du commerce de détail dépasse les 5 à 6 % désormais avancés ? C'est donc à tort, selon ce travail fouillé d'analyse.
L'Acoss prend soin d'apporter elle-même des réserves à ses propres résultats. Ceux-ci constituent d'abord le bas de la fourchette ; ensuite, le secteur du BTP, très concerné (les paiements en liquide sur les chantiers), n'a pas été pris en compte pour des raisons techniques. Il n'empêche, ces éléments offrent une autre image que celle donnée par les estimations habituelles sur le montant de la fraude, exprimées en milliards ou dizaines de milliards d'euros. Surtout si l'on considère que la gravité de la faute n'est pas la même entre la non-déclaration de quelques heures supplémentaires à la fraude organisée, générale et systématique.
« Frauder, c'est voler », comme le soufflait à juste titre l'année dernière une campagne de communication publique contre le travail dissimulé. Les entreprises qui se risquent à ce jeu dangereux et illégal n'ont pas toujours conscience que, non seulement elles privent des employés de leurs droits, mais qu'un accident du travail aura des conséquences lourdes pour la victime comme pour elles-mêmes.
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http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0 ... 349921.php