Le travail à temps partiel a explosé en France. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dresse un état des lieux de ce phénomène afin de comprendre les facteurs qui l'ont favorisé et les résultats qu'il a produits. Interview de Françoise Milewski, économiste à l'OFCE, auteure de l'étude.
Comment a évolué le travail partiel en France au cours des dernières décennies?
Le travail à temps partiel a fortement progressé depuis les années 1970, avec une nette accélération dans les années 1980 et surtout 1990. Si depuis les années 2000, les fluctuations ont été moins marquées, la part du temps partiel dans l'emploi représente désormais près d'un cinquième de l'emploi (17,9%), soit deux fois plus qu'en 1975 (8,3%).
Comment expliquez-vous cette progression?
Il y a trois raisons à cette progression. Tout d'abord, elle est due à l'évolution du marché du travail. Le développement des secteurs tertiaires et notamment de services a porté celui du temps partiel. Les secteurs où le temps partiel est le plus développé sont le commerce et la distribution, l'hôtellerie-restauration, les services de propreté, les services à la personne. C'est aussi lié à l'évolution des structures productives avec une tendance générale à l'éclatement des formes d'emploi par rapport à la norme qu'est le CDI et la flexibilisation du travail.
La deuxième raison tient à une dualité marquée du marché du travail: plus de huit emplois à temps partiel sur dix sont occupés par des femmes. Les inégalités entre les femmes et les hommes dans les sphères privée (maternité, garde des enfants, tâches ménagères, etc.) et professionnelle - parce qu'elles travaillent majoritairement dans les secteurs qui ont été à l'origine de l'explosion du temps partiel et parce qu'elles acceptent plus facilement des emplois peu valorisés. - expliquent cette prédominance.
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Quel est le profil type d'un salarié à temps partiel?
Les emplois à temps partiel sont majoritairement occupés par des femmess (82,5%). Un tiers (31%) des femmes salariées sont à temps partiel (contre 6,6% des hommes). La grande majorité des salariés à temps partiel sont âgés de 25 à 49 ans; en revanche, le temps partiel est proportionnellement plus développé parmi les jeunes et les seniors.
Les emplois à temps partiel sont majoritairement occupés par des salariés peu ou pas qualifiés. Les travailleurs à temps partiel sont surreprésentés parmi les smicards et les bas salaires.
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Le temps partiel est-il toujours subi?
Officiellement, selon les enquêtes de l'Insee, 32% des temps partiels sont subis, c'est-à-dire que les personnes souhaiteraient travailler plus mais ne trouvent pas de travail à temps complet. Néanmoins, la réalité est plus importante selon moi. Beaucoup de femmes qui travaillent à temps partiel le font parce qu'elles sont contraintes par leur environnement social, parce qu'elles ne trouvent pas de solution de garde d'enfants par exemple. Elles déclarent que c'est leur choix, mais parce qu'elles n'ont pas d'autre choix.
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