A 30 ans, ils n'ont jamais connu de CDI

[politicien]

Bonjour,

Il a fallu quelques minutes à Nadège, 28 ans, pour les compter. Depuis son BTS de tourisme, obtenu en 2006, elle a signé 11 CDD – le plus long était un contrat aidé de deux ans – et 10 missions d'intérim. « On ne m'a jamais proposé de CDI », résume cette jeune femme des Sables-d'Olonne qui se débat avec les offices du tourisme de Vendée pour décrocher un emploi stable. « Il y en a 39, je les connais tous. Ils ont des besoins d'avril à septembre, je suis au chômage l'hiver », raconte-t-elle.

Comme elle, Alexandra et Arnaud [leurs prénoms ont été modifiés] ont témoigné de leur quête pour l'instant infructueuse de CDI. A presque 30 ans ou à peine plus, ils pensaient avoir atteint l'âge du premier CDI, que les statistiques fixent en moyenne à 27 ans. Mais, malgré plusieurs années de galère en CDD ou en intérim, ce n'est toujours pas le cas.

"IL Y A CLAIREMENT UN PROBLÈME D'ÉTHIQUE"
Alexandra, 29 ans, aligne déjà cinq CDD sur son CV. Diplômée d'un institut d'étude politique en 2006, elle a ensuite préparé le concours d'attaché territorial, qu'elle a obtenu en 2009. « Mais il y a une grosse arnaque : vous réussissez le concours, mais c'est à vous de trouver le poste », explique-t-elle. En attendant, elle obtient un CDD dans un des organismes HLM de la Ville de Paris. Ce sera le premier d'une longue liste, qui rappelle que le public est rarement exemplaire en matière de précarité. « Je connais tous les bailleurs sociaux de la ville. Ils se refilent mon CV pour faire des remplacements », rigole-t-elle. Mais entre-temps, elle perd le bénéfice de son concours et donc la chance de devenir fonctionnaire.

A 32 ans, chef de projet en développement durable, Arnaud a fait quatre CDD, deux stages et un volontariat international depuis qu'il a obtenu son master, en 2006. Grandes banques, entreprise de transport, compagnie d'assurance, il a enchaîné les postes de cadre. « On me dit que c'est pour des remplacements, mais ce n'est pas toujours vrai. La troisième fois, je savais que la personne ne reviendrait pas, cela m'a un peu agacé. J'ai préféré partir. Il y a clairement un problème d'éthique et de discours à dix mille lieues des actes réels, surtout dans mon domaine, le développement durable », avance-t-il. Son dernier CDI ? « Un job étudiant, il y a plus de dix ans. »

(...)

Alexandra, elle, ne peut pas décoller de son 15 m2 parisien. « Cela fait quatre ans que je suis à la recherche d'un boulot stable, je ne peux pas prendre plus grand. » Elle rêve de déménager à Marseille. « L'office HLM m'a appelée pour faire des remplacements, mais comment y aller sans logement sur place ? », s'inquiète-t-elle. Quant à Arnaud, il a opté « pour une technique très parisienne » : « le faux contrat en CDI », qui permet de déposer un dossier correct chez les propriétaires.

Cette précarité complique aussi leur vie sociale. « Cela a été problématique dans plusieurs de mes relations, témoigne Arnaud, la personne en face a parfois du mal à comprendre comment on peut se retrouver au chômage pendant plusieurs mois. D'autant plus que je renvoie une image d'angoissé. Je ne peux pas prévoir de vacances l'été en début d'année comme tout le monde. Car si je travaille, je ne peux pas partir ; et si je ne travaille pas, je ne pourrai pas claquer 2 000 euros. » « Je ne sais pas où je serai dans deux mois, cela empêche de créer des liens », abonde Nadège.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Monde.fr

Qu'en pensez vous ?

[Nombrilist]

J'ai 35 ans et je n'ai pas encore connu de CDI. 5 CDD en tout et pour tout.

[Jeff Van Planet]

oui, c'est dommage, mais si on supprimait les CDD et CDI pour les remplacés par des contrats uniques, çà aiderait.

[Nombrilist]

C'est sur que si tu remplaces tout par des CDD et qu'ensuite tu changes le CDD de nom...

[Jeff Van Planet]

j'ai dit supprimer les deux( CDD et CDI ) pour les remplacés par des contrats uniques.

Mais il me semble que beaucoup de diplômés passent de stage en stage sans passer par la case CDD. non?

[freeze]

quelle est la différence ?

[Ramdams]

Les contrats uniques seraient, de facto, des CDI puisqu'ils seraient tous à durée indéterminée, non ?

[Jeff Van Planet]

oui, mais avec des avantages qui progresseraient avec le temps. Comme le préavis et les indemnités proportionnelles au temps travaillé. Par exemples.

[Nombrilist]

Ce qui est déjà le cas du CDI. Mais en fait, à droite (et aussi certains au PS), ils rêvent d'un CDI qui serait en fait une espèce de CDD que l'on pourrait reconduire jour après jour et auquel on pourrait mettre fin presque en claquant des doigts. D'ailleurs, à chaque réforme du droit du travail, on s'en rapproche un peu plus.

[freeze]

flexibilité du code du travail au détriment du salarié
c'est a la mode hélas

[Golgoth]

En fait des contrats de servage seraient encore plus efficace pour relancer la croissance via la compétitivité, un peu comme dans les pays du golfe.

[johanono]

L'idée du contrat de travail unique renvoie au principe de "flexisécurité" que connaît le Danemark. L'idée est que les patrons peuvent facilement licencier, mais en contre partie, les chômeurs bénéficient d'une indemnisation très élevé et d'un accompagnement très poussé. Mais tout ceci a un prix. Les patrons ont une liberté et une souplesse de gestion, mais il la paye cher, avec des prélèvements obligatoires très élevés.

[karoline]

Bonjour,

Il a fallu quelques minutes à Nadège, 28 ans, pour les compter. Depuis son BTS de tourisme, obtenu en 2006, elle a signé 11 CDD – le plus long était un contrat aidé de deux ans – et 10 missions d'intérim. « On ne m'a jamais proposé de CDI », résume cette jeune femme des Sables-d'Olonne qui se débat avec les offices du tourisme de Vendée pour décrocher un emploi stable. « Il y en a 39, je les connais tous. Ils ont des besoins d'avril à septembre, je suis au chômage l'hiver », raconte-t-elle.

Comme elle, Alexandra et Arnaud [leurs prénoms ont été modifiés] ont témoigné de leur quête pour l'instant infructueuse de CDI. A presque 30 ans ou à peine plus, ils pensaient avoir atteint l'âge du premier CDI, que les statistiques fixent en moyenne à 27 ans. Mais, malgré plusieurs années de galère en CDD ou en intérim, ce n'est toujours pas le cas.

"IL Y A CLAIREMENT UN PROBLÈME D'ÉTHIQUE"
Alexandra, 29 ans, aligne déjà cinq CDD sur son CV. Diplômée d'un institut d'étude politique en 2006, elle a ensuite préparé le concours d'attaché territorial, qu'elle a obtenu en 2009. « Mais il y a une grosse arnaque : vous réussissez le concours, mais c'est à vous de trouver le poste », explique-t-elle. En attendant, elle obtient un CDD dans un des organismes HLM de la Ville de Paris. Ce sera le premier d'une longue liste, qui rappelle que le public est rarement exemplaire en matière de précarité. « Je connais tous les bailleurs sociaux de la ville. Ils se refilent mon CV pour faire des remplacements », rigole-t-elle. Mais entre-temps, elle perd le bénéfice de son concours et donc la chance de devenir fonctionnaire.

A 32 ans, chef de projet en développement durable, Arnaud a fait quatre CDD, deux stages et un volontariat international depuis qu'il a obtenu son master, en 2006. Grandes banques, entreprise de transport, compagnie d'assurance, il a enchaîné les postes de cadre. « On me dit que c'est pour des remplacements, mais ce n'est pas toujours vrai. La troisième fois, je savais que la personne ne reviendrait pas, cela m'a un peu agacé. J'ai préféré partir. Il y a clairement un problème d'éthique et de discours à dix mille lieues des actes réels, surtout dans mon domaine, le développement durable », avance-t-il. Son dernier CDI ? « Un job étudiant, il y a plus de dix ans. »

(...)

Alexandra, elle, ne peut pas décoller de son 15 m2 parisien. « Cela fait quatre ans que je suis à la recherche d'un boulot stable, je ne peux pas prendre plus grand. » Elle rêve de déménager à Marseille. « L'office HLM m'a appelée pour faire des remplacements, mais comment y aller sans logement sur place ? », s'inquiète-t-elle. Quant à Arnaud, il a opté « pour une technique très parisienne » : « le faux contrat en CDI », qui permet de déposer un dossier correct chez les propriétaires.

Cette précarité complique aussi leur vie sociale. « Cela a été problématique dans plusieurs de mes relations, témoigne Arnaud, la personne en face a parfois du mal à comprendre comment on peut se retrouver au chômage pendant plusieurs mois. D'autant plus que je renvoie une image d'angoissé. Je ne peux pas prévoir de vacances l'été en début d'année comme tout le monde. Car si je travaille, je ne peux pas partir ; et si je ne travaille pas, je ne pourrai pas claquer 2 000 euros. » « Je ne sais pas où je serai dans deux mois, cela empêche de créer des liens », abonde Nadège.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Monde.fr

Qu'en pensez vous ?

Qu'un chef d'entreprise hésite un bon moment avant d'engager du personnel me semble tellement normal. Il est devenu trop difficile de se séparer d'un employé qui ne remplit pas le rôle pour lequel il a été engagé. Et il s'ajoute à cela qu'en France l'avenir est trop incertain, aussi pour les patrons!!!!

[freeze]

L'idée du contrat de travail unique renvoie au principe de "flexisécurité" que connaît le Danemark. L'idée est que les patrons peuvent facilement licencier, mais en contre partie, les chômeurs bénéficient d'une indemnisation très élevé et d'un accompagnement très poussé. Mais tout ceci a un prix. Les patrons ont une liberté et une souplesse de gestion, mais il la paye cher, avec des prélèvements obligatoires très élevés.

sauf que ici dans ce cas de figure
c'est plus de la flexibilité
que de la sécurité ou flexisécurité

le danemark s'appuyant sur un fort taux d'imposition et un état interventionniste

[freeze]

sinon j'ai eu mon premier cdi après 30ans
il y a 10 ans