Après la "géopolitique des valeurs", voilà - disons le franchement - les critères de choix débiles des électeurs lors des élections qui affaiblissent notre démocratie.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/si- ... 8874b000e0Huffington Post a écrit :
Si nos hommes politiques sont manipulateurs, c'est de notre faute - BLOG
L’électeur choisit le dragueur invétéré pour lui confier un rôle de père de famille et s’étonne ensuite d’être cocu.
Par Christel Petitcollin
26/01/2020 04:41 CET
À l’heure où l’on s’interroge sur la santé mentale de certains dirigeants de la planète et où l’on est de plus en plus mécontent de ceux que nous avons nous-mêmes portés au pouvoir, il serait peut-être temps de revoir les critères sur lesquels nous élisons nos politiques et de se poser les bonnes questions avant la prochaine élection. Quelles qualités doit posséder un “bon” dirigeant? Et un bon candidat électoral fera-t-il par la suite un bon homme politique?
Nos critères de choix actuels sont consternants:
L’électeur aime les candidats plein d’assurance
L’électeur sélectionnera spontanément un candidat sûr de lui, qui a réponse à tout et qui prétend avec assurance avoir des solutions à tous les problèmes. Dans un contexte non électoral, peut-être verrions-nous l’arrogance et la stupidité d’une telle attitude, mais ce n’est pas sûr. Des études ont prouvé que nous avons tous tendance à faire confiance aux gens péremptoires. Cela a d’ailleurs été démontré dans les catastrophes collectives: à chaque fois, malgré ses doutes, le groupe a cédé devant l’aplomb de l’un de ses membres. Or, les gens intelligents sont plein de doutes et les imbéciles pleins de certitudes. A bon entendeur…
L’électeur veut que le candidat sache tout sur tout
Le public adore qu’un candidat se fasse piéger par une question anodine. Quoi, il ne connait pas le prix d’un pain au chocolat ou le nombre de sous-marins nucléaires? Quel nul! Quelle naïveté, surtout! Qui, aujourd’hui, à part Wikipédia, pourrait avoir réponse à tout? Eh bien, seul le crétin cité ci-dessus, qui effectivement sait tout sur tout. Quand comprendrons-nous que la meilleure qualité d’un dirigeant est de connaître ses propres limites et de savoir s’entourer de gens compétents?
Le sang-froid du candidat doit être à toute épreuve
L’électeur s’imagine qu’en cas de catastrophe, les gens sensibles s’évanouissent ou font des crises de nerfs. Il veut donc un surhomme qui restera inébranlable dans la tempête. Bon choix! Seul un psychopathe ne ressent aucune émotion. Vous souvenez vous de Georges Bush hébété en apprenant les nouvelles du 11 septembre? Jean de La Fontaine nous explique pourtant bien la différence entre le chêne et le roseau. Tant que nous prendrons l’émotivité pour une faiblesse et l’hypersensibilité pour de l’immaturité, nous nous priverons des gens intuitifs, empathiques et de leur intelligence émotionnelle.
Mieux vaut un candidat débrouillard à en être filou
Le nombre de personnages politiques mis en examen pour diverses entorses à la légalité et néanmoins réélus par leurs électeurs, prouve que la probité et l’intégrité ne font pas partie des critères. Chacun s’imagine que, par reconnaissance pour son bulletin de vote, l’élu le fera profiter de ses petites magouilles. C’est malheureusement parfois vrai. Mais les quelques miettes balancées aux électeurs ne compenseront jamais le nombre de gâteaux escamotés. Par manque d’éthique, l’électeur se vole lui-même.
La foule adore les beaux parleurs
L’électeur ne veut pas entendre la vérité. Il veut qu’on lui vende du rêve. Alors, les discours creux et ronflants l’enivrent. La langue de bois, dénoncée de toute part, est pourtant celle qu’il préfère. Ainsi, les baratineurs ont toutes leurs chances. Bref, l’électeur choisit le dragueur invétéré pour lui confier un rôle de père de famille et s’étonne ensuite d’être cocu.
La seule personne qui répond à tous ces critères simplistes est le manipulateur: enjôleur, menteur, bluffeur, vantard, égocentrique, cupide et profiteur, mais hélas, ne tombant cyniquement le masque qu’une fois dans la place.
Georges Frèche* un rien provocateur, reconnaissait avec bonhommie “qu’il a toujours été élu par une majorité de c...”, puisque les gens intelligents sont trop rares pour faire un suffrage. Il avait compris l’irrationnalité de l’électeur et savait être alternativement le bon candidat en campagne puis le bon dirigeant une fois en poste. Mais surtout, tout en les traitant de c..., il aimait les gens et les gens le sentaient.
Rares sont les hommes politiques qui sauront contourner l’inconséquence des électeurs. Alors c’est à nous de revoir nos critères: ne vaut-il pas mieux choisir une personne intelligente, visionnaire, sensible, empathique, dévouée, énergique, concrète et pragmatique? Tiens, et si le dirigeant parfait était en fait une jeune femme? C’est ce que semble avoir récemment compris l’électeur finlandais.