Il s'agit là de questions intéressantes à soulever et complexes à gérer.johanono a écrit : ↑26 juil. 2019, 10:54:45Admettons que la qualification de "dictateur" soit exagérée.
J'ai quand même l'impression de constater un activisme très fort de la part des lobbies communautaires en tous genres pour faire interdire des pratiques ou des propos qu'ils jugent contraires à la cause qu'ils prétendent défendre. Pêle-mêle :
- activisme de certains lobbies noirs pour faire interdire certains livres qu'ils considèrent comme racistes (par exemple, Tintin au Congo),
- activisme de certains lobbies noirs pour que soient débaptisés certains établissements scolaires portant le nom de célébrités ayant tenu des propos racistes ou ayant participé à la colonisation (par exemple, Jules Ferry),
- activisme judiciaire du lobby gay pour faire aboutir ses revendications (devant la Cour européenne des droits de l'homme, notamment),
- plaintes multiples de certains lobbies antiracistes contre quiconque oserait dire que la colonisation n'était pas mauvaise ou bien qu'il y a une sur-représentation des personnes d'origine afro-maghrébine dans la délinquance racaillique urbaine.
Sur les œuvres, ça revient à se demander d'une manière générale "que fait-on des œuvres rédigées en d'autres temps, d'autres mœurs ?" Idem pour les personnages.
Et donc qu'est-ce qu'on fait de "Tintin au Congo"? Qu'est-ce qu'on fait des œuvres de Céline ? Qu'est-ce qu'on fait de "Mein Kampf" ?(légalement ré-édité depuis quelques années)
Evidemment, je ne fais pas partie des gens qui voudraient tout interdire, ce serait ridicule, totalitaire sur certains aspects, absolument anti-culturel, etc. Maintenant, fait-il laisser circuler toutes ces œuvres sans la moindre précaution ? Je ne sais pas honnêtement. Mais je pense qu'ouvrir le débat peut s'envisager. A noter que ces questions ne sont pas si récentes que ça finalement, car savais-tu que "Tintin au Congo" est justement le seul épisode à ne pas avoir fait l'objet d'une adaptation vidéo il y a 30 ans (au début des années 90) ?
Je pense que si.johanono a écrit : ↑26 juil. 2019, 10:54:45Face à cet activisme, ceux qui refusent toutes ces revendications communautaires sont un peu sur la défensive, quand même... On ne peut pas mettre sur le même plan l'activisme tous azimuts de ces lobbies communautaires, et la réaction timide de ceux qui ne sont pas d'accord et qui osent tout juste les qualifier d'apprentis dictateurs...
Tu es de parti pris, tu prends donc soin de relativiser les excès des anti-féministes, tu prends soins de bien qualifier les féministes de "lobby" et surtout pas les anti-féministes, etc., mais au fond, j'ai bien l'impression qu'il y ait des équivalences d'usages dans les débats.
Concernant les filles, si la question est de savoir si les hôtesses sont humiliées, la réponse est non. Les hôtesses en elles-mêmes ne courent aucun danger. Il s'agit plutôt d'un symbole culturel, donc rien d'urgent, rien de dramatique en soi, mais c'est quelque chose qui a sans doute plus d'influence sur notre état d'esprit que ce qu'on peut imaginer à priori.johanono a écrit : ↑26 juil. 2019, 10:54:45Tu évoques la fameuse phrase de Lacordaire. En effet, cette phrase a tout son sens pour justifier, par exemple, l'existence d'un droit du travail destiné à protéger les salariés. Mais là, de quoi parle-t-on ? De jeunes femmes, probablement étudiantes, qui ont trouvé pour l'été un boulot sympa et pas trop fatigant, et pas dégradant. Ce n'est pas Germinal, ce n'est pas le travail à la chaîne...
S'il s'agissait d'une pratique humiliante, dégradante, une interdiction pourrait se comprendre, à double titre : au nom du principe énoncé par Lacordaire, et plus généralement pour éviter les troubles à l'ordre public. Certes, c'est subjectif, tout ça. Pour moi, il y aurait quelque chose d'humiliant, de dégradant, si on leur demandait, par exemple, de montrer leurs nichons, voire de se mettre totalement à poil en public, ou de commettre des actes à caractère sexuel. Rien de tout cela, en l'occurrence ? Trouves-tu vraiment que ce job d'hôtesse est humiliant, dégradant ? Si tel est le cas, il ne faut pas grand-chose pour te choquer...
Tu évoques le niqab. Moi, j'assume, il faut interdire le niqab, par la loi (parce que j'ai déjà dit que la morale des uns ne saurait être supérieure à la loi), parce que c'est humiliant et dégradant (le niqab symbolise la femme soumise, alors qu'en revanche, j'ai du mal à voir en quoi la pratique des hôtesses symbolise la femme soumise), et plus généralement, parce que cette pratique est contraire à nos valeurs occidentales.
Je suis toujours assez surpris de voir des toutes petites filles, y compris dans ma famille, demander à leurs parents si elles pourraient et pourront faire ça ou ça (jamais les garçons) alors qu'elles ne vivent ni dans une famille machiste, ni dans un pays qui réglemente une inégalité des droits selon le sexe. Alors pourquoi se posent-elles malgré tout ces questions ? Eh bien j'ai l'impression que les hôtesses sont ce genre de petit détail qui font que. Tradition instaurée à une époque où les femmes étaient reléguées à l'état de sous-hommes, qui perdure encore l'air de rien aujourd'hui avec l'appui d'arguments basés sur la tradition et sur le fait que les féministes sont des dictateurs et puis parce qu'il n'y a rien de grave après tout, mais qui amène des filles à se demander pourquoi il n'y a toujours que des filles pour assurer ce type de rôle.
Pour comprendre l'influence de certains codes (comme "le masculin l'emporte sur le féminin") sur l'état d'esprit d'une société, il faut peut-être se mettre à la place de petites filles de 5-6-7 ans, on comprend alors beaucoup de choses.