Ce que fait vraiment la police dans les cités

Venez parler de notre sécurité ( la police, la violence... ) mais aussi venez parler de la sécurité sur le web ( piratage, compte bancaire... )
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pwalagratter
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Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par pwalagratter » 27 oct. 2011, 15:10:04

article de Mediapart
http://www.mediapart.fr/journal/france/ ... ge_article

Un livre dont les extraits sont instructifs. Tout comme les interventions de cet anthropologue qui passait l'autre soir dans l'émission "ce soir ou jamais"
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/?pa ... rique=1490
Alain Bauer (un proche de sarkozy) a d'ailleurs reconnu le sérieux des informations et le recul (il ne s'agit pas du tout d'un livre militant) pris par l'auteur pour la rédaction de l'ouvrage
Des brigades anti-criminalité (BAC) dont les insignes exhibent, au choix, les barres d’une cité prise dans la lunette de visée d’un fusil, des meutes de loup devant des tours d’habitation, une panthère déchirant de ses griffes un quartier plongé dans l’obscurité ou une araignée emprisonnant dans sa toile un ensemble d’immeubles.

Des policiers qui, sous la pression du chiffre, n’exercent pas le métier auquel ils aspiraient. Des hommes en uniforme qui, au lieu d’attraper les «voyous» et les «voleurs», multiplient les petites interpellations sur des «shiteux» et des sans-papiers. Des agents en civil qui s’ennuient et ennuient, voire harcèlent, les habitants des quartiers, surtout lorsqu’ils sont jeunes et issus de l’immigration.

Des unités souvent xénophobes, racistes et adeptes de pratiques discriminatoires. Des modes d’intervention, en patrouille motorisée, inefficaces, qui ne répondent ni aux attentes des habitants, ni à l’exigence de lutte contre la délinquance.

Des pratiques qui relèvent souvent d’une logique «postcoloniale» où la référence à la guerre d’Algérie est rarement loin. Des comportements policiers dont les déviances individuelles et institutionnelles échappent au contrôle démocratique.

Des forces de l’ordre qui constituent donc, dans les banlieues, un instrument du maintien de l’ordre social, plus que de l’ordre public…

C’est un livre en forme de réquisitoire sur l’action des BAC dans les cités françaises que Didier Fassin, professeur de sciences sociales à Princeton, publie aujourd'hui. Dans La Force de l'ordre, une anthropologie de la police des quartiers, le constat est tellement sombre, à la fois sur les plans éthique, politique et sécuritaire, qu’on regrette que Didier Fassin n’ait pas eu l’autorisation de poursuivre, sur d’autres terrains et avec d’autres unités, une enquête inédite menée pendant 15 mois, entre 2005 et 2007, avec une BAC de la région parisienne.

(...)

Vous racontez des scènes très choquantes comme ces écussons avec une toile d’araignée enserrant des tours, des échanges racistes, des pratiques discriminatoires, etc. Dans quelle mesure les modes d’intervention catastrophiques de la BAC que vous avez observée, dont le chef était particulièrement xénophobe, peuvent-ils être représentatifs du travail de la police dans les quartiers ?


Les écussons que je décris, par exemple des mires de fusil sur des tours de cités, des loups ou des tigres bondissant sur des quartiers, concernent l’ensemble des BAC, avec probablement une sorte de concurrence à produire les iconographies les plus originales ou violentes. On ne peut pas en inférer des pratiques. De la même façon, ce n’est pas parce que des gens tiennent des propos racistes, avec des plaisanteries entre eux, qu’ils agiront de façon discriminatoire sur le terrain. Mais il se trouve que, dans le cas observé, les écussons et les propos racistes vont avec des pratiques discriminatoires.

Comme il s’agit de la première étude ethnographique sur une BAC, je ne peux pas prétendre à la représentativité. Ce n’est d’ailleurs pas l’objet de l’anthropologie. Néanmoins, un certain nombre d’indices montrent que ce que j’ai observé ne semble pas l’exception, mais plutôt la règle. Des représentants syndicaux, des commissaires de circonscriptions, des hauts fonctionnaires de la direction centrale de la sécurité publique m’ont spontanément fait part de types d’intervention très proches de ce que j’ai vu. Certaines BAC font d’ailleurs parfois l’objet d’efforts réels de réformes de la part de leurs supérieurs.

Toutefois, la manière dont les BAC sont constituées, autour d’un chef qui a la main sur le recrutement, donne une importance particulière à la personnalité de ce chef. Il existe une logique structurelle propre aux BAC, notamment leur exceptionnelle autonomie vis-à-vis de la hiérarchie.

C’est important de savoir qu’il y a des policiers d’extrême droite, même s’il y en a partout ailleurs. Mais il se trouve que c’est plus ennuyeux lorsque ces gens interviennent, de manière ostentatoire, avec des signes exhibant leur appartenance à des groupuscules ou leurs affinités avec des groupes d’extrême droite. Je ne parle pas du Front national, mais de policiers portant des T-shirts avec les chiffres 732, date, nous apprennent les manuels scolaires, où Charles Martel «arrêta les Arabes à Poitiers».

(...)

Qu’apportent les termes de « situation postcoloniale » pour décrire l’interaction entre la police et les habitants dans les banlieues françaises ?

J’ai voulu, ainsi, souligner les conditions historiques et politiques qui déterminent la manière dont se fait aujourd’hui le travail de la police dans les quartiers sensibles. Du côté policier, on a une représentation caricaturale, utilisant un vocabulaire où les ZUS sont des «jungles» et les jeunes des «sauvages». Par ailleurs la référence à la guerre d’Algérie se retrouve aussi bien sur le terrain que chez les conseillers des différents ministres de l’intérieur qui se succèdent depuis Jean-Pierre Chevènement, avec un imaginaire, et un type d’intervention, qui se situent du côté de la militarisation de la force publique en lutte contre une guérilla. Le recours à l’état d’urgence pendant les émeutes de 2005 a été le premier depuis la guerre d’Algérie…

Je ne veux pas tomber moi-même dans la caricature. Mais on ne peut pas négliger, compte tenu de l’importance de la dimension à la fois raciale et, dans certains cas, raciste de l’intervention, cette dimension proprement postcoloniale. Elle est d’ailleurs revendiquée comme telle par les acteurs. Il ne s’agit pas d’une construction d’anthropologue. Ce sont les choses telles qu’elles sont vues dans le regard des policiers.

(...)

Qu’est-ce qui pourrait faire évoluer une situation d’interaction entre la police et les quartiers de banlieue que vous décrivez comme, à la fois, ennuyeuse pour les policiers, inefficace pour lutter contre la délinquance, injuste pour les habitants et dangereuse pour la démocratie ?

D’abord la volonté d’un personnel politique qui serait préoccupé par ce qui se joue aujourd’hui dans les banlieues, autrement qu’à travers le seul prisme de l’insécurité et de la répression corollaire. Cela suppose donc un changement de langage, et même d’idéologie, politique.

Mais, deuxièmement, rien ne se fera sans les policiers, leurs syndicats, leurs représentants, leurs supérieurs… J’ai l’impression qu’il y a une attente – et d’ailleurs les résultats aux élections professionnelles le montrent – pour qu’on cesse de faire faire aux policiers un métier qui n’est pas le leur. Aujourd’hui, l’action policière lutte moins contre la délinquance que contre les petites infractions à la législation sur les stupéfiants ou les interpellations de sans-papiers. Cela « fait du chiffre», puisque ce sont des infractions où l’interpellation du suspect suppose, automatiquement, la résolution de l’affaire.

Troisièmement, même si elles sont très modestes en France, les résistances ou les mobilisations de citoyens et d’habitants, parfois sur base communautaire, peuvent jouer un rôle important.

Cela étant, je préfère n’être pas trop optimiste, tant mon enquête m’a fait prendre conscience de l’état de dégradation, sur le terrain plus qu’en termes d’image, des interactions entre la police et les habitants des quartiers populaires. Il faudra du temps pour rétablir une confiance.

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lucifer
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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par lucifer » 28 oct. 2011, 18:48:18

Oui, mais avec des sauvages , tout le monde de sensé se comporterait en sauvage. On se bat pas contre des fusils d'assaut avec de la compassion de bas étage.
Dans les banlieues, il est même indispensable d'y envoyer des casse cous, car ce serait suicidaire d'y envoyer des stagiaires municipaux.
Sauf peut etre pour les friqués qui plaignent les délinquants en en ayant seulement vu dans des reportages contre le racisme.

Ha la la, qu'ils sont méchants, les policiers, contre des pauvres gars victimes de notre société et sans le sou (en tout cas assez pour se payer au marché noir des armes de guerre).

Toujours la même rengaine .............. mai bon, tant que ça fait vendre de casser du flic, on aurait tord de creuser plus loin, hein ??
Maintenant que j'habite en province, je suis devenu peace and love. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ( surtout les descendants d'immigrés des cités que j'adore dorénavant )

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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par mps » 29 oct. 2011, 09:07:15

On se demande pourquoi ces sales flics s'acharnent contre ces cités paisibles, où seule la "misère" fait tache, dans une population si respectueuse des règles démocratiques.

Et pourquoi les pompiers s'offusquent de recevoir sur la tête des lessiveuses balancées du dernier étage, ce qui est un geste de bienvenue copié sur les "tickets-parades" à New York.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par racaille » 30 oct. 2011, 21:04:22

Si je résume, dans la police 95% des effectifs sont des pourris et le reste se suicide sur son lieu de travail avec son arme réglementaire. Quel boulot de m.....
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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lucifer
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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par lucifer » 30 oct. 2011, 21:16:28

Légèrement facile, cet article: digne d'un chanteur de rap .... ( quoique là au moins, c'est écrit dans un langage compréhensible. C'est d'ailleurs pour ça qu'il parait encore plus stupide)
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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par Nico37 » 23 avr. 2013, 20:16:21

lucifer a écrit :Légèrement facile, cet article: digne d'un chanteur de rap .... ( quoique là au moins, c'est écrit dans un langage compréhensible. C'est d'ailleurs pour ça qu'il parait encore plus stupide)
Faut lire le bouquin de Fassin et si tu as la chance qu'il vienne près de chez toi, se déplacer pour aller le voir :!:
Et en attendant, lire Tristan Maarawi, « Mathieu Rigouste, La domination policière, une violence industrielle », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2013, mis en ligne le 06 février 2013, consulté le 23 avril 2013. http://lectures.revues.org/10585

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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par pwalagratter » 23 avr. 2013, 22:21:25

Ah c'est bien de ressortir les vieux sujets toujours d'actualité d'ailleurs.
Entre temps on a eu l'épisode de la BAC à Marseille. Là, les policiers se plaignaient nettement moins et trouvaient matière à exploiter (encore) les anciennes colonies.

Cela étant, je préfère n’être pas trop optimiste, tant mon enquête m’a fait prendre conscience de l’état de dégradation, sur le terrain plus qu’en termes d’image, des interactions entre la police et les habitants des quartiers populaires. Il faudra du temps pour rétablir une confiance.
C'est clair icon_biggrin

manolo
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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par manolo » 23 avr. 2013, 23:09:26

La vision du monsieur me semble très subjective, la réalité n'est absolument pas constituée de vilains policiers tous xénophobes, et de pauvres petits Caliméros "shiteux" qui n'ont juste pas eu de chance dans leur vie.

Cela dit, il a raison de ne pas vouloir être trop optimiste, je pense même qu'il a carrément le droit d'être pessimiste, parce que ça n'est jamais allé en s'arrangeant, mais toujours en s'empirant depuis 30 ans concernant ce sujet.
Du moment qu'elles font encore le ménage toussa, où est le problème ?
Pas taper :) !

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Nombrilist
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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par Nombrilist » 24 avr. 2013, 10:59:39

Sauf sous Jospin, où il y a un mieux.

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lucifer
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Re: Ce que fait vraiment la police dans les cités

Message non lu par lucifer » 24 avr. 2013, 21:45:44

Ben tiens donc, encore un bavure généralisée à tout un corps de métier. Vous, les grands defenseurs de la non généralité, ça vous dérange pas quand il s'agit des flics.
Donc, je vois pas en quoi vous êtes differents du mec qui dit que tous les musulmans sont terroristes, et les homos des malades .....

Et oui, messieurs, faire des généralités sans savoir, ça mène à ça.

Je viens des cités (Les Mureaux, quartier des musiciens où j'ai non seulement habité, mais aussi exercer, avant d'aller dans ce paradis qu'est Marcouville à Pontoise ....). J'ai vu ce qui se passait, je l'ai vécu.
Les habitants demandent de la presence policiere, ils sont demandeurs.
Et je pense qu'ils sont un peu mieux plaçés que vous, et bien au dessus de vos généralités journalistiques.
Eux, c'est les enfants d'immigrés de qui ils ont peur, pas des flics.
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