Ils n’ont jamais été aussi nombreux. Entre le 1er janvier 2014 et le 1er février 2015, le nombre de Français et résidents sur le territoire national impliqués dans des filières djihadistes en Irak et en Syrie est passé de 555 à 1.400. "Environ 750 y séjournent ou ont séjourné, 410 seraient aujourd’hui sur place, 260 repartis" a précisé Manuel Valls, sur Europe 1, lundi 9 février. Malgré l’intensification des raids aériens de la coalition internationale contre l’État islamique (EI), l’organisation djihadiste ne cesse donc de voir son influence s’accroître.
Selon plusieurs experts, environ 20.000 combattants étrangers en provenance de 90 pays ont rejoint l’EI en Syrie et en Irak. Y a-t-il un profil djihadiste ? La Commission d’enquête sur la surveillance des filières djihadistes de l’Assemblée nationale s’est penchée sur la question ce jeudi 12 février. Elle recevait Dounia Bouzar, l’anthropologue qui pilote le Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI). Voici ce qu’il faut savoir sur ces filières.
(...)
Dans un troisième temps, ces vidéos s’attachent à interroger les recrues éventuelles. Sont-elles prêtent à passer à l’action ? "Est-ce que tu te réveilles ou pas ? Restes-tu complice des sociétés secrètes ? Ces questions sont posées, poursuit Dounia Bouzar. Seul l’Islam vrai peut vous sauver leur dit-on. Il y a aussi l’idée d’une confrontation finale. On leur propose d’entrer dans l’Islam "véridique" pour se régénérer soi-même et régénérer le monde. Ils parlent de purification du groupe et de la primauté du groupe. Seule l’unité des "véridiques" permettra de sauver la planète du mal occidental."
Une fois le contact établi –essentiellement sur Facebook - entre les recruteurs et les "néo-djihadistes", la relation à la famille ne tarde pas à se dégrader."Les djihadistes prônent une rupture avec la famille et proposent une communauté de substitution, ajoute Dounia Bouzar. L’idée est de détruire les contours identitaires avec le Niqab par exemple. Il n’y a plus d’individualité. Le groupe pense à la place".
(...)
Les recruteurs ont mis au jour "cinq mythes" efficaces selon l’étude : le modèle du "chevalier héroïque" qui fonctionne auprès des garçons, le départ au nom d'"une cause humanitaire" prisé par de jeunes filles mineures, le "porteur d'eau" désignant ceux qui cherchent un leader, la référence au jeu vidéo de guerre "Call of duty" pour les jeunes gens qui souhaitent combattre, ou encore la quête de toute puissance attirant des personnes "sans limites".
Actuellement 400 familles sont suivies par le CPDSI. "Beaucoup de filles sont issues de familles athées, appuie Dounia Bouzar. Leur point commun : elles indiquent sur Facebook qu’elles veulent faire médecine, infirmière, des métiers altruistes… Les recruteurs vont alors les contacter et les manipuler avec ce message "humanitaire". Les garçons sont eux sensibles à des personnages comme Zeus, à des vidéos qui ressemblent à Call of Duty. De manière générale, les recruteurs vont chercher les gens qui ne connaissent pas bien l’Islam.
(...)
L'intégralité de cet article à lire sur Challenges.fr
Qu'en pensez vous ?