Le plan prison

Venez nous parler de notre justice française ( les prisons, les procès en cours... )
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politicien
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Message non lu par politicien » 15 sept. 2009, 21:16:00

Bonjour,

Voici une interview de Michèle Alliot Marie sur le "plan prison"
 Nicolas Sarkozy a qualifié les prisons de « honte pour la République ». La loi pénitentiaire que vous allez défendre pourra-t-elle résoudre les principaux maux du monde carcéral, la surpopulation en premier lieu ?

J'ai bien l'intention de faire changer les choses. Le projet de loi pénitentiaire prévoit des améliorations sensibles de la situation actuelle. D'autres mesures, qui ne relèvent pas du domaine législatif, les compléteront. Les problèmes de surpopulation existent depuis très longtemps. Un plan de construction de 13 200 places de prison a été lancé, en 2002, pour s'achever en 2012. De nombreux établissements vont ouvrir au cours des prochains mois, par exemple la maison d'arrêt du Mans-les-Croisettes, début 2010. Un nouveau plan de 5 000 places supplémentaires est en préparation. C'est une opportunité pour faire bouger tout le système.

Le Sénat est favorable à des aménagements de peine pour toute condamnation à moins de deux ans de prison. Cela vous déplaît. Pourquoi ?

Ce seuil de deux ans n'est pas en cohérence avec les mesures prises, l'an dernier, sur la récidive et les peines plancher. Et certains faits punis de deux ans de prison sont déjà graves, comme les agressions sexuelles. Les aménagements de peine ne peuvent avoir pour seul but de désengorger les prisons. Ils doivent permettre d'exécuter une sanction prononcée par le juge qui, sinon, parfois ¯ faute de places de prison ¯ ne le serait pas. Ils doivent aussi permettre de mieux préparer la réinsertion des condamnés en fin de peine. L'ouverture de nouvelles places permettra, dès 2010, de desserrer l'étau. L'encadrement de la détention provisoire est de nature à le réduire.

La France détient le plus fort taux de suicides en prison de toute l'Europe. S'explique-t-il par le fait qu'un tiers des détenus souffrent de problèmes mentaux et que la prison ne peut pas être un lieu de soins ?

Aujourd'hui, la réponse carcérale est la même pour les détenus souffrant de troubles psychiatriques lourds, les auteurs d'escroqueries ou les trafiquants de drogue ! Ce n'est pas satisfaisant. Cet été, il fallait prendre des mesures d'urgence pour tenter de prévenir les suicides en prison. Je l'ai fait, mais je sais que ce n'est pas suffisant et je veux aller plus loin. J'ai engagé une réflexion avec la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot-Narquin, sur la santé en prison. Je veux aussi développer les moyens de conserver aux détenus un lien social et familial durant leur incarcération, ce qui facilitera aussi leur réinsertion future.

Défendrez-vous les règles européennes de détention ? Les droits des détenus à la formation, l'activité, la réinsertion ?

Les détenus ne peuvent pas rester enfermés vingt-deux heures par jour dans leur cellule. Il faut développer les activités. Outre la formation et les ateliers, pourquoi, par exemple, ne pas faire entretenir les sous-bois pour éviter les incendies de forêt, nettoyer les rivières pour prévenir les inondations, par des détenus encadrés ? C'est un travail utile à la société, qui les place dans une perspective d'avenir. Pour préparer les détenus en fin de peine à la sortie, il faut aussi trouver des moyens d'aménager cette période, afin d'éviter le choc de la sortie et la perte de repères qui peuvent les conduire au suicide, à la récidive...

Vous souhaitez mettre en place des régimes de détention différenciée. Ne risquez-vous pas d'instaurer un système de ségrégation entre détenus ?

Non. Je veux différencier les réponses pour mieux préparer la réinsertion. Il faut prendre en compte les capacités de chacun à travers une formation scolaire, professionnelle, comportementale, qui ne peut évidemment pas être la même pour tous.

Défendrez-vous le principe d'une cellule par détenu pour tous ceux qui le souhaitent ?

Le principe d'un détenu par cellule ne peut pas être une règle intangible. Il faut être pragmatique : si, dans certains cas, cela peut être une bonne chose, dans d'autres ce n'est ni souhaitable, ni souhaité par les détenus.

 Recueilli parBernard LE SOLLEU  Qu'en pensez vous ?  A plus tard, 
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mps
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Message non lu par mps » 16 sept. 2009, 10:03:00

Tout à fait d'accord.

Notamment pour ces peines de moins de deux ans qui ne seraient pas appliquées. C'est une mesure de concierge dont l'immeuble est plein, mais certainement pas une mesure de législateur. Transgresser le Loi n'est jamais banal et DOIT être sanctionné.

Si les prisons doivent offrir des conditions de vie décentes (douche quotidienne, exercices physiques et mentaux), elles n'ont en rien l'obligation d'être des palaces résidentiels, avec chambres privées, etc.

Il faut par contre développer le travail, activité équilibrante indispensable, et un retour très progressif et mesuré vers la liberté.

Exemple sensationnel en Italie. Une prison "criminelle" sur une petite île satellite, au large de la Sicile.  Après deux ans de régime sévère, les détenus ont le choix entre plusieurs activités productives (et rentables) en interne. Une partie de leurs gains revient à la prison pour payer les "frais de séjour", le reste est ç disposition du détenu pour l'amélioration de son quotidien.

Après 5 ans, ceux qui ont un comportement stable sont autorisés à se trouver du travail en dehors de la prison, toujours sur la petite île bien entendu : horeca, petites entreprises diverses et variés ... Avec retour obligatoire à la fin de la prestation et coucher en prison.

Après 10 ans, ces détenus peuvent se trouver un logement en dehors de la prison, travailler dans leur entreprise, mais doivent encore revenir chaque soir pour
une heure de sport ou d'activités, et le repas.

Ce régime est maintenu jusqu'à la fin de leur peine. Les échecs sont très rares, et la plupart des détenus, après 20 ans ou plus, décident de s'intaller sur l'île où ils ont désormais toutes leurs attaches ...
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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