C'est la dernière ligne droite. Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, peaufine son projet de loi sur l'université et la recherche qu'elle espère le "plus consensuel possible". Première en France, cette loi, qui sera présentée en mars en conseil des ministres, traitera à la fois de l'éducation et de la recherche. "L'enseignement supérieur et la recherche sont indissociables. La plus-value de l'université, c'est la recherche", souligne-t-elle.
Alors que Jean-Yves Le Déaut, député PS (Meurthe-et-Moselle) et rapporteur de la future loi, a remis lundi 14 janvier au premier ministre, Jean-Marc Ayrault, les conclusions de sa mission de préfiguration de la loi, Geneviève Fioraso détaille pour Le Monde son projet.
La réussite de tous les étudiants
Trop foisonnante, souvent illisible, l'offre de formation devra être simplifiée. "Il faut en finir avec la jungle des formations, explique la ministre. Il y a 2 231 licences professionnelles et 1 420 licences générales avec des intitulés hyperpointus, souvent incompréhensibles pour les jeunes." Objectif : diviser le nombre de licences par 15 pour parvenir à une nouvelle nomenclature nationale d'une centaine d'intitulés de licences générales par grands domaines. Les licences professionnelles, discutées avec les organisations professionnelles, ne devraient pas être touchées. Les masters (1 400 mentions et 6 000 spécialités) seront eux aussi simplifiés. Afin de mettre un terme à la multiplication des diplômes, seuls ceux figurant dans la nouvelle nomenclature nationale pourront être délivrés par les universités accréditées.
La ministre souhaite également favoriser la réussite des bacheliers professionnels et technologiques exclus des filières pourtant créées pour eux (IUT et STS). Ils seront donc désormais "prioritaires" pour y accéder. Il reviendra aux recteurs de faire appliquer la loi.
La première année de médecine sera revue : lors des auditions des assises de l'enseignement supérieur, l'échec de la première année commune aux études de santé a été largement débattu. La loi permettra des expérimentations : orientation avant l'entrée en première année, licence d'études de santé, passerelles entre filières...
Autre sujet sensible et qui devrait soulever des résistances : le rapprochement entre les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et les universités. L'une des premières conséquences sera "l'inscription automatique à l'université des étudiants en CPGE". Chaque classe prépa – qui resteront dans les lycées – sera rattachée à une université par une convention. Cela permettra aux enseignants de donner des cours dans les deux établissements. "Les proviseurs seront incités à proposer à leurs élèves des cours à l'université. Les élèves de CPGE seront ainsi immédiatement initiés à la recherche", souligne la ministre. Pour Jean-Yves Le Déaut, "il faut avancer pas à pas, la difficulté étant de convaincre les professeurs de prépas d'enseigner à l'université".
La pédagogie n'a pas été oubliée : pour être nommé maître de conférences, il faudra avoir suivi une formation dans les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ex-IUFM). Les étudiants évalueront leurs formations. L'évaluation des professeurs eux-mêmes, sujet hautement polémique, a été écartée. Chaque université devra proposer ses cours en ligne, une mesure ambitieuse qui devra être financée.
Enfin, Mme Fioraso souhaite coordonner les formations : "Il existe une centaine d'écoles scolarisant 50 000 étudiants qui dépendent d'un autre ministère ." Si la ministre, prudente, parle de "coordination", Jean-Yves Le Déaut, lui, estime qu'il faut "un pilote pour harmoniser la carte de la formation", et n'hésite pas à parler de "cotutelle".
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Le gouvernement veut que l'Etat s'affirme en stratège en définissant les grands axes de la recherche conformément à l'agenda européen (efficacité énergétique, énergies renouvelables, santé, vieillissement...). Un "conseil stratégique pour la science et la technologie" composé de scientifiques sera chargé de définir les axes de recherche.
Une partie des crédits de l'Agence nationale pour la recherche (ANR) sera réorientée vers le financement pérenne des équipes de recherche. Celles qui obtiendront des financements nationaux s'engageront à répondre à des appels d'offres européens.
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Qu'en pensez vous ?60 % des étudiants sont formés à l'université
2 382 000 étudiants ont effectué leur rentrée en 2012, dont 58,5 % à l'université (hors IUT), 11 % en section de technicien supérieur (STS), 4,9 % en Institut universitaire de technologie (IUT) et 3,4 % en classe préparatoire aux grandes écoles. Les autres écoles et établissements forment les 22 % restants.
463 000 ont fait leur entrée dans l'enseignement supérieur en 2012 (+3,2 %). Parmi eux, 244 000 ont entamé une licence universitaire (+3,2 %) et 128400 un parcours en STS (+3,8 %).
34 000 étudiants supplémentaires se sont inscrits, toutes années confondues, par rapport à 2011. Cette hausse de 1,5 % des effectifs touche toutes les filières du supérieur, notamment les universités (+18 000). Elle s'explique par un nombre de bacheliers en augmentation lors de la session 2012 (+40 000), surtout dans les filières professionnelles (+22 %).