Députés et sénateurs étudieront mercredi un projet de loi sur la revalorisation du droit des stagiaires. Mais le texte est loin de faire l'unanimité.
A la veille des vacances parlementaires, ce mercredi, députés et sénateurs voteront en dernière lecture le projet de loi "pour le développement de l'alternance et la sécurisation des parcours professionnels". Si le texte, dûment négocié par les syndicats et les organisations patronales, devait permettre d'améliorer les conditions de travail des stagiaires, l'adoption d'un amendement au Sénat l'a complètement vidé de sa substance.
Sylvie Desmarescaux, sénatrice du Nord (59) proche de l'UMP et rapporteur du texte a fait modifier l'article qui plafonnait la durée des stages à six mois afin d'empêcher que ceux-ci ne se transforment en emploi déguisé. Les écoles de commerce, d'ingénieurs ou notariales pourront ainsi continuer à conventionner leurs étudiants pour des stages pouvant aller jusqu'à trois ans.
La retouche du texte a suscité la colère du collectif d'étudiants Génération Précaire, qui a participé à son élaboration. "Le Sénat se montre traditionnellement frileux sur la question des stages, notamment en ce qui concerne la rémunération", regrette sa porte-parole, Ophélie Latil. Elle ajoute que la sénatrice, Sylvie Desmarescaux n'en est pas à son coup d'essai. En avril 2010, elle avait co-proposé une loi -depuis adoptée- supprimant la rémunération pour les stages obligatoires des étudiants travailleurs sociaux à l'instar des animateurs socioculturels et des éducateurs spécialisés. Seul lot de consolation si la réforme est adoptée: les stagiaires auront le droit d'adhérer au CE de l'entreprise.
Un contexte trouble
Dans ce contexte déjà troublé, une autre déclaration a créé des remous dans la "communauté" des stagiaires. Frédéric Winckler, le président de l'AACC (Association des agences-conseil en communication) a proposé de rémunérer les stagiaires en fonction de leurs établissements d'origines. Il s'appuie sur une liste des 13 meilleures écoles de communication, établie préalablement par l'AACC. Les stagiaires de ces établissements auraient le droit à une gratification de 1000 euros par mois alors que les autres stagneraient au minimum légal de 417,09 euros par mois. L'AACC se justifie par le besoin de recruter les "talents" dans les meilleures écoles et de les attirer par une rémunération concurrentielle.
Une proposition d'ores et déjà dénoncée par Génération Précaire. Selon Ophélie Latil, il serait plus judicieux de mettre en place une grille de gratification basée sur le nombre d'années d'études, pour différencier les degrés d'expérience et "ne pas mettre en concurrence des étudiants de 20 ans, inexpérimentés mais nécessitant une formation et des étudiants de 27 ans, ayant déjà plus d'un an de stage à leur actif".
L'express
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