La fuite sur Internet d'un exercice de maths du baccalauréat S relance le débat sur la forme de l'examen jugée dépassée par nombre d'acteurs du monde éducatif qui réclament notamment la prise en compte du contrôle continu.
Qu'en pensez vous ?C'est une équation qui comporte encore un certain nombre d'inconnues et dont la solution ne peut être idéale. D'autant qu'elle touche au sacro-saint baccalauréat et à l'épreuve reine de la série S : celle de mathématiques, dotée d'un coefficient 7 ou 9, selon la spécialité choisie par les lycéens. Cette épreuve a été passée par 165.000 élèves mardi matin et le premier exercice, de probabilités, noté sur 4 points, a été divulguée lundi soir sur un forum de discussions d'un site Internet dédié aux jeux vidéo.
Un couac inédit qui « remet en cause le principe d'égalité entre les élèves », a déclaré mercredi Luc Chatel lors d'une conférence de presse. Le ministre de l'Education nationale a reconnu que « toutes les solutions ont été envisagées, y compris l'annulation » de l'épreuve. Mais « dans l'intérêt des élèves et de leurs familles, et eu égard au caractère circonscrit, j'ai décidé de faire noter les mathématiques sur les trois exercices restants, c'est-à-dire de neutraliser le premier exercice », a-t-il tranché. C'est, a justifié Luc Chatel, « sans doute la meilleure des solutions pour ne pas léser les élèves, c'est celle qui les impacte le moins. » La note globale sera ramenée sur 20. « Je demanderai au jury de porter la plus grande attention à chacune des situations des copies » a cherché à rassurer Luc Chatel.
Des conditions de confidentialité drastiques
Le ministère a porté plainte et une enquête va être engagée pour identifier les responsables et d'éventuels complices. Les risques encourus sont de trois ans de prison et 9.000 euros d'amende. Des recours pourraient aussi être déposés devant le tribunal administratif pour annulation de l'épreuve si l'enquête montrait que des élèves ont pu avoir accès à la totalité des exercices. Cette affaire pose aussi la question de la chaîne de préparation des examens, pourtant soumise à des conditions de confidentialité drastiques.
Dès mercredi, l'Association des professeurs de mathématiques (APMEP) a dénoncé une solution qui entraîne « une inégalité dans l'évaluation du baccalauréat », a demandé l'annulation de l'épreuve et sa réorganisation. Son président Eric Barbazo pointe par ailleurs « une erreur dans un énoncé de l'exercice de QCM ».
Un examen « à bout de souffle »
Surtout, cette affaire relance le débat sur la forme de l'examen jugée dépassée par nombre d'acteurs du monde éducatif qui réclament notamment la prise en compte du contrôle continu. Pour le Sgen-CFDT, qui revendique de longue date une réforme du bac, la solution retenue par Luc Chatel pénalise les élèves qui auraient réussi cette épreuve honnêtement. Il propose que les jurys « attribuent les points de l'exercice concerné au vu du livret scolaire de chaque élève » et dénonce un examen « à bout de souffle, qui repose, dans sa conception napoléonienne, sur les seules épreuves terminales. »
Dans un communiqué commun, la FCPE, première fédération de parents d'élèves, ainsi que les organisations lycéennes UNL et Fidl s'emparent de cette fuite pour demander de « revoir les modalités d'organisation du bac » et « sortir du diplôme uniquement fondé sur l'examen terminal. »
A plus tard,