La méthode de Singapour est totalement différente de ce que tu penses et ne se positionne pas sur l'importance du raisonnement ou du calcul. A vrai dire, elle intervient beaucoup plus tôt, à savoir au miniveau de l'apprentissage de la numération (compter) et du calcul basique (les quatre opérations), c'est-à-dire bien avant que l'on puisse introduire du raisonnement proprement dit (ce qui se fait niveau collège, fin de primaire).pierre30 a écrit : ↑20 déc. 2023, 12:45:46Le ministre voudrait adopter la méthode de Singapour. Si j'ai bien compris il s'agit de faire assimiler à l'élève le raisonnement mathématique, plutôt que de lui donner à appliquer des recettes de cuisine. Le changement risque de bouleverser les méthodes d'enseignement et les objectifs dans les classes de primaire et peut etre collège. Demander à chaque élève de formuler à haute voix sera t il possible avec des effectifs de 20 élèves par classe ? L'adaptation pourrait être très progressive et les résultats longs à venir.
L'idée la plus intuitive de la méthode de Singapour est de rendre les nombres plus concrets par l'usage de manipulatives (terme anglais, je ne connais pas la traduction FR). C'est des objets et/ou jouets spécialement conçus pour des activités pédagogiques visant à faire comprendre/apprendre les nombres aux enfants. L'utilisation des manipulatives ressemble pas mal à ce qui se fait avec la méthode Montessori, si jamais ca vous dit quelque chose. Et à mon avis, c'est un peu du gadget. Le seul avis d'expert que je connais sur le sujet est disponible sur le site de Daniel Willingham, via ce lien : Ask the Cognitive Scientist : Do Manipulatives Help Students Learn?. Je ne sais pas à quel point les utiliser en classe serait facile ou non, mais sur le principe, c'est pas plus compliqué que de simplement organiser des activités de groupe, ce que les professeurs font déjà.
La méthode introduit aussi des outils visuels en forme de barres horizontales pour l'arithmétique de base, pour enseigner les additions et soustractions, peu convaincants eux aussi. Mais absolument pas difficiles à utiliser en classe ni à enseigner. Disons qu'ils sont marginalement utiles.
Une autre base de la méthode, pas forcément suivie à la lettre, est de d'abord introduire les concepts mathématiques sous forme concrète avec des manipulatives, puis sous forme visuelle, et enfin sous forme abstraite. Ce dernier point est un reliquat des théories de Jérome Brunner, l'inventeur malgré lui des pédagogies par découverte, dont s'inspire la méthode de Singapour. Rien de très compliqué à appliquer en classe, c'est juste vraisemblablement inutile au possible.
Globalement, cette méthode est une ancienne mode basée sur des théories pédagogiques obsolètes qui n'apportera pas grand-chose au monde de l'éducation. Mais de toute façon, les professeurs ont la liberté pédagogique sur les méthodes, et seront libres de ne pas appliquer cette mesure si elle est vraiment mise en place.