Rentrée scolaire : ces écoles que les professeurs cherchent à fuir

[johanono]

Rentrée scolaire : ces écoles que les professeurs cherchent à fuir

ANALYSE - Les professeurs du premier degré souhaitent de plus en plus quitter certains départements. Avec à la clé le risque d’une pénurie d’enseignants.

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Objectif : quitter l'Île-de-France

Et les écarts sont conséquents selon les territoires. En comparant le rapport entre le nombre de candidats à l'arrivée et ceux au départ, l'Île-de-France apparaît de loin comme la région la moins attractive. Un constat particulièrement valable en Seine-Saint-Denis où, pour 41 candidatures à l’entrée, on comptabilise 2209 postulants au départ, soit plus d'un quart des effectifs totaux (8 231 en 2023 d'après les chiffres du ministère).

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La façade Atlantique prise d'assaut

Finistère (217 demandes d’entrée contre une au départ), Pyrénées-Atlantiques (150 / 1), Pyrénées-Orientales (49 / 1), Morbihan (43 / 1) ou encore Vendée (31 / 1) : de l’autre côté du classement, les départements de l'Ouest attirent de nombreux enseignants. Conséquence, les places y sont chères : sur les 1084 requêtes formulées pour intégrer le Finistère, seules 16 ont abouti cette année. La situation est pire encore dans le Morbihan, avec 17 candidatures satisfaites sur 1412 formulées. Parmi les autres départements plébiscités par le corps enseignant, on trouve les Hautes-Alpes (150 / 1) ou encore la Haute-Loire (31 / 1). Les départements du Sud-Est, s’ils ont longtemps eu la cote, sont désormais moins populaires, même si le Var (17 / 1) ou la Corse restent également très prisés.

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On dirait bien que les profs cherchent à fuir les charmes de la diversité...

[merlin]

O n te les laisse ...

[pierre30]

On dirait bien que les enseignants sont plutôt issus de la province et cherchent à y retourner.
C'était très vrai il y a 40 ou 50 ans : dans les zones où l'économie était en difficultés, faire embaucher les enfants comme fonctionnaire etait le graal pour beaucoup de parents. Prof, c'était l'élite.

Est ce encore vrai ? Il y a du travail en Vendée.

Vivre à Paris avec 2500 € , c'est nettement plus compliqué qu'en Bretagne ou Vendée.

[les orteils]

Ce sont surtout les conditions de travail qui jouent : il suffit d'avoir une fois mis les pieds dans une classe pour comprendre. Il y eu aussi des reportages dans des lycées, collèges : très édifiant, bien peu sont capables d'y faire face, alors durablement... c'est une vocation.

[pierre30]

Crois tu que les classes sont plus faciles à Nantes qu'à Paris ?
Je connais un prof de Montpellier, 55 ans et il travaille dans un lycée qui accueille les gamins issus des quartiers les plus compliqués de l'agglomération.
Il ne faut pas toujours aller vers les raccourcis les plus courts.

[pierre30]

Et si parfois il se plaint, ce n'est pas à cause de ses élèves ... l'administration, le programme, toussa ...

[les orteils]

Il y a une tendance commune à l'ensemble de la population, à savoir de fuir l'urbain, et notamment l'île de France. Cette tendance est beaucoup plus marquée pour les enseignants pour les raisons que j'ai citées. Il ne t'échappera pas qu'il y beaucoup plus de quartiers difficiles dans le 93 que dans le Morbihan : il est donc plus facile de trouver des établissements ordinaires dans certaines régions que dans d'autres...

[pierre30]

Ben pas toujours apparemment. Les enseignants mutés dans une ville de province sont directement affectés à un établissement peu demandé. Et parfois ils y restent longtemps..
Les quartiers pourris de Nîmes ou Marseille ou autre ressemblent à beaucoup de quartiers pourris.
Il ne s'agit pas non plus de fuir la ville car ces gens ne demandent pas Mmizan ou Ales. Ils demandent Bordeaux ou Nantes.

[les orteils]

Les gens demandent des départements ou des académies, pas des communes ! Quand tu es dans le 93, tu auras du mal, même avec 10 ans d'ancienneté à trouver de meilleures conditions. Dans le 44, ce sera beaucoup plus facile...

[pierre30]

Oui la demande porte sur un département. Mais des qu'ils sont affectés à Mimizan, ils demandent Bordeaux. Les collèges et lycées des petites villes ont du mal à staffer les equipes et doivent recruter sur internet.
Après Maubeuge, et quelques villes ou banlieues souriantes, 5 ans de remplacements, 5 ans à Beziers, 15 ans sur Montpellier, tu restes dans les lycées les moins demandés car le titulaire ne lâche jamais sa place.
Pourquoi l'EN à du mal à recruter ? Ben il faut vraiment avoir la foi pour passer sa vie à fayoter les syndicats pour obtenir un poste un peu moins pourri que l'actuel.

[Kadavre]

On a vu avec les émeutes qui ont touché des petites villes réputées tranquilles, mais aussi avec les chiffres de la délinquance et du trafic de drogue, que les problèmes qui se concentraient autrefois sur les banlieues de la région parisienne, se diffusent maintenant partout, dans toute la France. La stratégie de l'évitement atteint ses limites, pour les profs comme pour toute la population.

[pierre30]

Je pense que éviter les collège ou lycées de banlieue n'est pas la seule motivation pour une demande de mutation. C'est ce que m'a dit le prof dont je parlais. De fait les profs sont rarement d'origine parisienne. Être affecté à petaouchnock contre son gré reste toujours cause d'insatisfaction. C'est probablement une raison majeure de la pénurie de profs et de l'insatisfaction permanente chez les enseignants.
Seuls les syndicats y trouvent leur compte.

[les orteils]

Il faut savoir comment ça se passe :
- Les syndicats n'ont rien à voir : il y a une bonne dizaine d'années, les résultats des mutations étaient envoyés une semaine avant aux syndicats qui pouvaient ainsi vérifier et faire corriger les erreurs éventuelles : celles concernant les enseignants qui leur avaient envoyé leurs fiches de voeux et leur barème, les créations ou suppressions de postes etc. Il y avait ensuite une commission paritaire qui officialisait les résultats. Depuis, l'informatisation est totale, plus de commission paritaire ni d'intervention possible des syndicats. L'enseignant victime d'une erreur bénéficie d'une priorité pour l'an suivant.
-Dans tous les départements, il y a des mutations : retraites, déménagements etc. Quand on est dans un département qui comporte 95% de postes difficiles comme le 93, on peut donc attendre très longtemps avant d'obtenir un poste "normal". Quand on est dans le 35 par exemple, il y a 10% de postes difficiles donc c'est plus facile de sortir de la "zone". Voilà pourquoi la tendance observée dans l'ensemble de la population est plus marquée chez les enseignants.
- Pour les mutations inter-académies, chacune note le nombre d'exéats, qui autorise du coup autant d'inéats, correction éventuellement faite des variations d'effectifs de la population scolaire. Comme très peu d'inéats concernent la région parisienne, elle n'octroie que très peu d'exéats. Ceux qui obtiennent gain de cause sont souvent prioritaires, pour rapprochement de conjoints notamment. Les autres...
- il faut en effet distinguer le premier du second degré : dans le premier degré on est nommé dans l'académie dans laquelle on obtient son diplôme, celle où on a fait ses études. Dans le secondaire, on est nommé n'importe où en France, et donc souvent en RP qu'on va quitter dès que possible...