Tolbiac : plusieurs centaines de personnes encore mobilisées malgré l’évacuation du site universitaire
20 avr. 2018, 00:00:00
Une centaine de personnes ont dû quitter les lieux, vendredi, au petit matin. Certains font état de personnes blessées lors de l’opération policière. La préfecture de police dément.
Une centaine de personnes ont dû quitter les lieux, vendredi, au petit matin. Certains font état de personnes blessées lors de l’opération policière. La préfecture de police dément.
Le Monde | 20.04.2018 à 05h38 • Mis à jour le 20.04.2018 à 21h12 | Par Service Campus
« On ne les a pas vus arriver, tout s’est passé très vite », a raconté, vendredi matin, Ayse, étudiante en philosophie à l’université Panthéon-Sorbonne.
« Ils sont passés par la porte arrière. Ils ont débarqué avec des tronçonneuses, des Famas. Ça s’est passé en quelques minutes. Nous avons été parqués dans l’amphi N, où nous dormions, avant d’être évacués, sans pouvoir récupérer nos affaires. Deux personnes sont à l’hôpital », a aussi expliqué Emma, étudiante en langues à Paris-I, qui occupait les
lieux depuis trois semaines.
« Beaucoup de sang »
Dans la journée, des témoignages faisant état de personnes blessées au cours de l’évacuation, dont une dans un état grave, ont été publiés sur des sites d’information, notamment celui de l’hebdomadaire
Marianne. Contactée par
Le Monde, Samya Mokhtar, secrétaire générale de l’UNEF à Paris-I, raconte qu’
« une personne a assisté directement à la scène, qui s’est passée au moment où les CRS intervenaient. Un jeune homme a voulu sauter d’un muret, vers les amphis extérieurs, et, selon le témoin direct, il a été déstabilisé par un policier. Il est tombé la tête la première sur le sol. Il y avait beaucoup de sang. »
En milieu d’après-midi, cette responsable de l’UNEF ne connaissait pas l’identité de la victime :
« Nous avons essayé d’appeler les différents hôpitaux, pour savoir si la personne va bien, mais sans avoir d’information pour l’instant. Nous ne pouvons pas confirmer les rumeurs de coma, mais nous savons que quelqu’un est tombé gravement sur la tête. »
Démenti de la préfecture de police de Paris
Contactée vendredi à 16 heures par
Le Monde, la préfecture de police de Paris a démenti ces témoignages, assurant qu’aucune personne n’avait été blessée. Elle confirme ainsi son
communiqué diffusé plus tôt dans la journée, selon lequel l’opération s’est déroulée
« dans le calme » et sans
« incident ». Toujours selon ce communiqué, lors de l’opération qui a pris fin
« à 6 heures », un individu a été interpellé
« pour outrage et rébellion » et
« des dégradations nombreuses » sur le site auraient été relevées.
Face à
« de nombreuses rumeurs », notamment sur les
réseaux sociaux,
« faisant état d’une personne grièvement blessée se trouvant dans le coma », la préfecture de police a réaffirmé dans la soirée dans un communiqué qu’
« aucun blessé n’a été recensé sur cette opération ».
Elle a précisé qu’
« aucun blessé grave qui puisse être en lien avec cette opération d’évacuation n’a été hospitalisé dans les services de réanimation tant médicale que chirurgicale ou neurochirurgicale », précisant que cette information a été confirmée au cabinet du préfet de police par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
#Tolbiac Contrairement aux rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux aucun blessé grave, en lien avec l’opérati…
https://t.co/nvBxq3QYhj
— prefpolice (@Préfecture de police)
Au moins une centaine de CRS ont pénétré à 5 heures du matin dans la faculté, essuyant notamment des jets de bouteilles de verre et autres projectiles. Quelques minutes avant le début de l’intervention, les occupants des lieux avaient sonné l’alarme, semant la confusion. Certains se sont retranchés à l’intérieur tandis que d’autres tentaient de s’enfuir en escaladant la grille tout en lançant des projectiles sur les forces de l’ordre, a constaté une journaliste de l’Agence
France-Presse (AFP). La rue longeant le site a ensuite été bouclée par la police.
Une
photo de l’intervention a été postée sur
la page Facebook des occupants :
Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, s’est félicité de cette opération. Mercredi, il avait promis que
« l’Etat de droit » serait rétabli
« partout » et
« en particulier dans les facultés », en écho aux déclarations d’Emmanuel Macron, qui avait fustigé dimanche soir des protestataires
« souvent minoritaires » et
« des professionnels du désordre ».
Interrogé par
Le Monde, Georges Haddad, le président de l’université Panthéon-Sorbonne, s’est déclaré
« soulagé et plus que satisfait » de cette opération. Il a remercié les forces de l’ordre, qui ont agi
« avec un savoir-faire exemplaire », et souhaite maintenant un
« retour à la sérénité ».
M. Haddad avait réclamé l’intervention des forces de l’ordre dès le 9 avril, inquiet de la situation sur place après la découverte de cocktails Molotov sur le site. La
préfecture de police n’avait alors pas immédiatement donné suite à sa demande, invoquant une
« appréciation technique ».
Lire aussi :
Tolbiac : les étudiants bloqueurs dénoncent l’appel de la présidence aux forces de l’ordre
Des dégradations « énormes »
Le président de l’université a, en revanche, déploré vendredi matin des dégâts
« énormes », évoquant des dégradations
« de tous ordres », concernant aussi bien le matériel informatique que les bâtiments :
(...)
Article complet sur http://www.lemonde.fr/universites/artic ... 68207.html