Logos a écrit : ↑25 mai 2019, 18:19:18
johanono a écrit : ↑24 mai 2019, 10:08:14
Cette insatisfaction est sans fin... Supposons que le gouvernement décide d'accorder un surcroît de 500 € par mois à chaque ménage, comme ça, d'un coup de baguette magique, financé on ne sait comment. Ceux-là mêmes qui gagneront 500 € de plus par mois auront alors d'autres frustrations, d'autres objets de désirs qu'ils ne pourront pas se payer, et ils rendront le gouvernement responsable de leurs frustrations personnelles, et ils continueront, pour certains d'entre eux, à aller manifester en jaune.
Non mais faut arrêter. Autant il y a la société de consommation qui crée de la frustration. Autant pour beaucoup de français, un gain de pouvoir d'achat servirait d'abord à être plus à l'aise pour des dépenses "classiques".
Enfin ne plus se prendre la tête pour économiser quelques euros à chaque course. Enfin pouvoir faire toutes les rénovations qui attendent depuis des années. Enfin remplacer le frigo ou la chaudière qui menacent de claquer. Ne plus retarder le moment d'aller au dentiste par peur de frais importants. Ou au contrôle technique en priant pour que ça passe. Enfin se dire que si demain ses parents entrent en maison de retraite ou ses enfants veulent faire une école de commerce, on pourra les aider.
Les gens dont la demande de pouvoir d'achat porte en priorité sur l'achat du dernier smartphone. Ou la dernière bagnole haut de gamme. Ils doivent pas être très nombreux.
Je comprends bien ce que tu dis.
Seulement, et ce n'est pas partisan,
@johanono a raison. 500€ de plus et dans 12 mois le problème est le même. Parce qu'il y a une montée en gamme perpétuelle sur ce que tu appelles les "dépenses classiques", dont une bonne part n'étaient pas classique il y a peu. Montée en gamme n'explique pas tout certes, il y a aussi obsolescence programmée (celle qui doit créer parait il de l'emploi et reste le pilier de la croissance) qui coûte une blinde sur une vie.
Je te rapelles que dans les années 60, l'ouvrier n'avait pas de voiture mais une Mobylette, qu'il ne bouffait pas du Findus au micro onde, mais une pomme de terre du marché cuite sur le fourneau au charbon ou au bois sur une tartine de beurre, de la viande seulement le dimanche (le lapin ou le poulet élevé au fond de la cour), qu'il faisait sa toilette sur l'évier de la cuisine, et qu'à la place de la télé, il mettait sa chaise dehors dans la rue pour se divertir avec la vraie vie et les gens de passage. Et ils estimaient avoir plus que l'essentiel, sans même avoir un frigo! Ils étaient "hors système".
On peut se moquer de cette époque, dire que c'était "la grande misère" (alors que c'est faux, ça sentait le bonheur à 4 sous). Mais faudrait peut être intégrer, que si cet ouvrier là, voit son homologue d'aujourd'hui et tout l'attirail dont il a besoin pour vivre, il dira: "mais comment peut on gagner tout ça!". Je veux bien que nous ayons quintuplé la productivité, mais justement, les salaires sont multipliés par 10. Alors faut arrêter. Faut arrêter parce que ce luxe devient indécent, et que la planète n'en peut plus. Le gars des années 60 n'espérait même pas avoir le téléphone un jour, et d'ailleur pour quoi faire. Celui d'aujourd'hui communique avec le monde entier sur Facebook (pour quoi faire d'ailleur), gratuitement parait il, alors que le prix de ces réseaux sociaux est greffé sur la consomation générale. Hein? "Quand c'est gratuit c'est vous le produit".
Alors que des gens souffrent de cette pression consumériste oui, on peut se rejoindre là dessus sans problème. Mais ce n'est pas le pouvoir d'achat qu'il faut monter. Il faut absolument diminuer nos besoins. Et déjà définir si ce sont réellement des besoins. Exemple: est il vraiment indispensable de chauffer à 22 ou 23° chez soi? Chez moi il n'a jamais fait plus de 18°, et pourtant j'ai les moyens de me chauffer à 23. Il faut trouver un moyen pour stopper cette fuite en avant, et réaffecter l'argent que l'on gagne à des choses qui nous sont bénéfique. Monter le pouvoir d'achat, c'est conforter l'ultra libéralisme (il n'attend que ça, car les 500€ de plus vont aller direct dans sa poche, et sans même créer un emploi, ou un emploi qu'on ne veut pas, d'ou la montée de la frustration que décrit johanono).
Quand au coût du logement, parce que c'est là que ça fait mal ( on mange avec 11% de nos revenus contre 25% en 1960), il est du à une pression de la demande dans des endroits donnés (toujours les mêmes), il est du au divorce généralisé ou à un mode de vie célibataire, que les jeunes ont dévié et pallié par la collocation (voir aussi l'économie de partage), et du à la densification de la population. Moi je connais des logements en perdition partout, seulement ils sont proche d'un travail que personne ne veut plus faire sauf quelques roumains de gagner chez nous en 3 mois ce qu'il ne gagnet pas en 1 ans chez eux. 700 villes moyennes sont en décrépitude totale, avec une masse de logement vides, de commerces vides, de friches industrielles, de taux d'emploi alarmant, de patrimoine en perdition. Alors il se passe quoi? nos petits chérubins ne veulent plus vivre à Decazeville, à Montbéliard, à Chartres, à Chateaulin? Il y a quoi chez nous? Le choléra? La peste? est ce du mépris agricole et industriel? Pourquoi vont ils tous à Biarritz, La Rochelle, La Ciotat, Nice? Faute de quoi ils restent tous à Paris Lyon Lille ou Bordeaux.
Il serait sérieux de faire l'inventaire de notre niveau de vie, et vraiement de prendre conscience qu'il est parmis les meilleurs du monde, pas pour très longtemps. Dans 20 ans la France n'est plus au G7. Plus que monter le pouvoir d'achat, il faut le répartir, et surtout le réatribuer au travail, car ce n'est plus du travail ( en France) que les richesses se créent, c'est bien tout le drame des petites classes.