Donc il n'y a pas encore là de quoi en tirer des conclusions mais disons que les premiers signes montrés par ces députés en commission ne sont pas forcément très encourageants.
Disciplinés au possible, ils rejettent tous les amendements sans exception (sauf un de leur rapporteur), peu loquaces, ils ne commentent ou n'expliquent aucun de leur rejet comme cela se faisait habituellement sous toutes les précédentes législatures, pire les justifications données pour ne pas ouvrir la bouche ont l'air un peu démago ("on s'est mis d'accord avant").
En commission à l'Assemblée, les députés En Marche sont bien silencieux
Ces 5 et 6 juillet, les députés En Marche ont rejeté plus de 200 amendements à la réforme du code du travail, déposés en commission par l'opposition, sans en débattre une seule fois. Pourquoi ce silence?
Le projet de loi d'habilitation du gouvernement à réformer par ordonnances le code du travail a été adopté en commission en trois jours. Presque sans aucune modification entre la version du gouvernement, et celle des députés chargés des affaires sociales. Dans son discours d'audition mardi soir, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, défendait la position gouvernementale, et rappelait que les ordonnances seront publiées par le gouvernement fin septembre, sans que cette "rapidité n'empêche la qualité et l'intensité du débat". Pourtant, les discussions en commission ont été inexistantes. Aucun député LREM n'a pris la parole, excepté la présidente de la commission, Brigitte Bourguignon, le rapporteur du texte, Laurent Pietraszewski, et le député En Marche Aurélien Taché, du Val d'Oise, dans la matinée. ''Du jamais vu''.
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Des amendements inaudibles
L'opposition était pourtant présente, largement incarnée par les députés de La France insoumise, qui ont déposé 132 amendements sur 233 à l'Assemblée. Adrien Quatennens, député FI du Nord, et Caroline Fiat, députée de Meurthe-et-Moselle, étaient les deux représentants du parti de Jean-Luc Mélenchon. Ils discouraient, mais sans retour de la majorité. Dans la soirée du mercredi 5 juillet, peu avant la clôture de la réunion, le député Quatennens demande à la présidente de commission Brigitte Bourguignon ''l'état des lieux du nombre d'amendements'', suite à quoi l'on apprend qu'il y en déjà 77. Le jeune député lui répond alors: ''avec un taux d'acceptation de 0%, c'est bien ça?''. La présidente répond fraîchement : ''Bah, évidemment. Vous l'imaginez''.
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Selon Annie Vidal, député LREM de la seconde circonscription de la Seine-et-Marne, ce silence ne traduit pas un manque de débat : ''Cela montre que nous nous sommes concertés au préalable, et que nous avons déjà étudié les amendements''. De plus, puisque ''le rapporteur est resté fidèle à notre étude, il explicitait déjà notre point de vue'', estime la député. Mais est-ce suffisant pour dialoguer?
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Effectivement, le rapporteur a fermement tenu la ligne politique gouvernementale. Par ailleurs, ce jeudi 6 juillet, un seul amendement a été accepté, le sien. Au contraire, pour le député (LFI) Quatennens, l'absence de sens critique de la majorité est liée à son manque d'expérience politique, ''ils votent de manière orchestrée des choses d'ampleur cruciale, ils ne sont pas préparés''. Les députés La République en Marche, MoDem et LR de la commission des Affaires sociales ont voté pour, les élus La France insoumise, communistes et Nouvelle Gauche (ex-PS) contre, fustigeant notamment la méthode des ordonnances.
Le 10 juillet à partir de 16h, le texte sera examiné en première lecture dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, et peut-être même… débattu?
Par Claire Lebrun - @Clairelebrunn
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