Minute - Quand la campagne de Marine Le Pen est partie en vrille

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Hector

Minute - Quand la campagne de Marine Le Pen est partie en vrille

Message non lu par Hector » 11 mai 2017, 00:18:10

Minute - Quand la campagne de Marine Le Pen est partie en vrille

Jusqu’au vendredi 26 avril au matin, tout allait bien. Depuis le premier tour, elle grignotait son adversaire, elle imposait son tempo. Après, sans mê...



Jusqu’au vendredi 26 avril au matin, tout allait bien. Depuis le premier tour, elle grignotait son adversaire, elle imposait son tempo. Après, sans même parler du plagiat du discours du 1er mai, ça a été un calvaire. Jusqu’au fameux débat, où, outre l’indignité de la conduite, on n’a même pas parlé d’immigration. Et pourtant, on peut s’estimer heureux : cela aurait pu être pire, et dès le soir du premier tour !


......

Avant le débat, déjà, elle commence à reculerPourtant, se focaliser sur le seul dé­bat télévisé, aussi indigne qu’il fût – in­digne par rapport à la fonction de chef de l’Etat, indigne par rapport à l’enjeu, indigne par rapport aux 7,6 millions de Français qui lui avaient accordé leur c..­fiance au premier tour, indigne par rapport à tout un courant politique, in­digne par rapport aux thèmes qu’elle avait voulu placer au centre de sa campa­gne et qu’elle ne maîtrisait même pas –, serait réducteur. Après celui-ci, Marine Le Pen a dévissé dans les sondages, engageant la dégringolade méritée qui allait la mener à 34 %, mais le dé­crochage est antérieur et le fait que ce­lui-ci n’ait pas été perçu tient au mo­de de réalisation des études d’opinion qui étaient quotidiennement livrées, la « Présidentielle en temps réel » de l’Ifop et le « Présitrack » d’OpinionWay. Ils atténuaient les revirements de l’opinion mais ne masquaient pas la désaffection.Prenons celui de l’Ifop pour « Paris Match », CNews et Sud Radio. Le 1er mai, Marine Le Pen est donnée à 41 %, en progression de deux points depuis le 25 avril ! L’effet, pense-t-on, de l’accord conclu, le 28 avril, avec Nicolas Du­pont-Aignan, à moins que ce ne soit une conséquence de l’appel lancé le même jour par Marine Le Pen aux électeurs de La France insoumise. En fait non. Car le sondage publié le 1er mai a été réalisé entre le 27 avril et le 1er mai au matin et ne prend donc en compte que très partiellement les événements du vendredi.
C’est justement le mardi 2 mai qu’elle commence à reculer (veille du dé­bat), puis encore le 3 (mais il n’a pas encore eu lieu), puis le 4 (et il n’est toujours pas mesuré, si ce n’est de façon in­finitésimale), et le décrochage dû au débat n’est pleinement enregistré que le vendredi 5, dernier jour de l’étude et la seule, de toutes celles fournies par l’Ifop, à avoir été réalisée en quasi-totalité (à 80 %) après le débat.




La question de l’euro devenue totalement inintelligibleQue s’est-il passé ? Deux erreurs ma­jeures. La première, sans doute la plus importante comme l’explique fort bien Jean-Yves Le Gallou (voir page 9), est que le discours sur l’euro – et sur l’Union européenne – de la candidate a commencé à être brouillé. Depuis plusieurs semaines, des proches de Marine Le Pen cherchaient à la convaincre d’a­mender ce qu’ils considéraient, à juste titre, comme un boulet. L’accord avec Nicolas Dupont-Aignan leur en a four­ni l’opportunité. Celui-ci a accepté qu’on lui refile le chewing-gum, faisant passer pour un apport raisonnable à l’accord « patriote et républicain » ce qui n’était qu’un délestage de la candidate.Or, aussi rejetée par les Français qu’elle ait pu être, et notamment par les électeurs qui s’étaient portés au premier tour sur François Fillon, la sortie de l’euro avait tant été martelée par Marine Le Pen, expliquant même que sans elle, 70 % de son programme économique était inapplicable – ce qui était vrai –, que ce revirement à huit jours du second tour a désorienté un peu plus les électeurs. D’autant qu’aucun « élément de langage » n’ayant été fourni, tous ceux qui se succédèrent dans les médias y allèrent de leur propre interprétation, qui ne fut pas précisément la même selon que l’on interrogeait Marion Maréchal-Le Pen, Florian Philippot ou Marine Le Pen elle-même !
Sur un élément aussi important – et aussi structurant, surtout quand on veut faire de la présidentielle un scrutin référendaire, bien que la méthode ait déjà échoué en 2007 ! –, on ne change pas de ligne politique au milieu du gué. En politique, et tout particulièrement dans une campagne présidentielle, l’erreur est humaine, mais c’est de ne pas persévérer dans celle-ci qui est diabolique ! En l’espace de trois jours, le discours de Marine Le Pen sur l’euro est devenu, comme l’a dit François Lenglet sur RTL, totalement « inintelligible ».




S’allier à Dupont-Aignan, c’est parler aux électeurs de Fillon !La deuxième erreur, commise en ce même funeste 28 avril, révèle la méconnaissance totale, à un point que nous-mêmes n’imaginions pas, de la droite française et de son électorat. Ce vendre­di-là, Marine Le Pen, voulant sem­ble-t-il prendre de vitesse Jean-Luc Mé­lenchon, diffuse une vidéo destinée aux électeurs de La France insoumise et à eux seuls, les appelant à « faire barrage à Emmanuel Macron », car c’est un « banquier », « partisan du libre-échange généralisé », représentant de la « finance arrogante ». Fatigant mais admettons. 19,58 % des électeurs étaient en déshérence, ça ne coûtait pas cher de leur en­voyer un message.Néanmoins, se souvenant qu’il y avait eu, au premier tour, 20,01 % des électeurs qui s’étaient portés sur un certain François Fillon, qui par bien des aspects portait un programme proche du sien sur les questions régaliennes, considérant également que les derniers scrutins avaient montré une porosité croissante entre les électorats LR et FN, des voix s’élevèrent – et pas des moin­dres – dans l’entourage de Marine Le Pen pour qu’elle s’adresse à eux dans une vidéo où elle leur parlerait identité, souveraineté, sécurité, islamisme, et même, si ce n’était pas abuser, de questions sociétales. C’était prévu ! Prévu, peut-être, mais jamais diffusé, et pour cause : la vidéo n’a jamais été enregistrée…
Pourquoi un tel ostracisme à l’égard des électeurs de la droite ? Par méconnaissance, tout simplement, de ce qu’est l’électeur de droite, de ce qu’il veut qu’on lui dise et de la façon dont il aime qu’on lui parle ! Après bien des c..­versations, incrédules, nous avons dû nous résoudre à accepter ce que de multiples sources nous expliquaient : à partir du moment où elle avait c..­tracté alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen a considéré qu’elle avait envoyé un signe majeur à l’électorat de François Fillon et qu’il n’était nul besoin – hormis par un entretien bien trop tardif à « Valeurs ac­tuelles » – d’en envoyer un autre ! Authentique !




« Et si elle proposait Matignon à Mélenchon ? »Ainsi donc la présidente du Front national aurait benoîtement imaginé qu’en s’alliant avec un candidat qui avait passé toute sa campagne à taper sur François Fillon, elle s’adressait en même temps aux électeurs de ce dernier ? Qu’en désignant comme futur premier ministre quelqu’un qui avait défendu les mêmes positions qu’elle en faisant mine de se démarquer des siennes, et qui avait obtenu 4,7 %, elle adressait un signal fort aux 20,01 % qui n’avaient pas voté pour lui ? Oui… (A propos de Dupont-Aignan, gros succès de l’opération : moins de 40 % de ses électeurs se sont reportés sur Ma­rine Le Pen…)De tout le second tour, qui a quand même duré deux semaines pendant lesquelles elle a trouvé le temps – la veil­le du débat et en soirée, comme si elle n’avait rien de mieux à faire ! – d’aller à la rencontre d’un obscur Collectif des Africains pour promettre de consacrer 15 milliards d’euros à l’Afrique – soyons fous ! –, Marine Le Pen aura réussi le prodige de ne pas avoir un seul mot gentil à l’adresse des 7,2 millions d’électeurs de François Fillon, qui sont a priori un peu plus proches d’elle que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon ! Rien ! Que dalle ! Il faut dire qu’au soir du premier tour, le 23 avril, au vu des résultats et au nom du combat primordial contre la mondialisation « sauvage », le capitalisme « financier », le libre-échange « débridé », l’« euro-mondialisme » et autre « dictature oligarchique » – à moins que ce ne soit la mê­me chose… –, une idée traversa l’esprit de quelques conseillers, fins stratèges et esprits éclairés.Et au lieu de leur traverser l’esprit, et de filer voir ailleurs, elle fut mise au débat. Puis étudiée, très sérieusement, par les participants à cette réunion stratégique, tous conseillers de Marine Le Pen rappelons-le, qui allèrent même jusqu’à solliciter celui à qui aurait échu la mission de jouer les intermédiaires, pour savoir s’il en était d’accord. L’idée était celle-ci : et si Marine Le Pen appelait Mélenchon pour lui proposer Matignon ?
Comme on dit sur Twitter : #CordePoutreTabouret   

Antoine Vouillazère

Article complet sur http://www.minute-hebdo.fr/tout-minute/ ... -en-vrille
Le fiasco de Marine Le Pen sur les deux semaines d'entre-deux tours.
Modifié en dernier par Hector le 11 mai 2017, 15:42:03, modifié 2 fois.

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Re: Minute - Quand la campagne de Marine Le Pen est partie en vrille

Message non lu par El Fredo » 11 mai 2017, 07:37:45

Attention aux citations in extenso...
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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Re: Minute - Quand la campagne de Marine Le Pen est partie en vrille

Message non lu par wesker » 11 mai 2017, 12:03:32

Ce journal qui fut longtemps considéré comme d'extrême droite deviendrait il une référence au prétexte que Marine Le Pen ait voulu consolider l'assise populaire de son électorat à travers un message en faveur des électeurs de la France insoumise ?

Sincèrement, le rapprochement entre une droite conservatrice, libérale et une partie du FN semble être devenue l'antienne de ceux qui rêve d'une droite néconservatrice assumée, mais cette famille de pensée, existe, déjà parmi la droite et n'a pas, en dehors de l'ère Sarkozy, réussi à s'imposer. Fillon ayant d'ailleurs menée une campagne particulièrement axée sur ces thématiques n'est tout de même pas parvenu à se hisser à la qualification, néanmoins ils continuent de promouvoir de telles thèses qui seraient, nous dit on l'alternative aux libéraux démocrates qui se retrouvent aujourd'hui autour d'Emmanuel Macron.

Pour ma part je reste très réservé sur cette recomposition politique qui me semble faire la promotion d'un modèle économique unique et ne se distinguent en vérité que sur les questions diplomatiques et sociétales. Cela augure d'une abstention considérable d'une part et d'une représentativité, d'un pluralisme toujours restreint qui ne correspond pas à l'histoire ni au fonctionnement de notre démocratie. Et cela porte les germes d'une colère qui ne pouvant trouver d'expression dans les urnes, de manière démocratiques risque de s'exprimer de toute autre manière...

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Re: Minute - Quand la campagne de Marine Le Pen est partie en vrille

Message non lu par mordred » 11 mai 2017, 15:35:48

Elle n'est pas partie en vrille. Elle a eu 24% de français de +18ans pour elle (47.500.000 électeurs potentiels). Elle faisait 15% auparavant. Et son père, l'ami des SS et de Vichy avait la même chose en 2002.

Les français ont globalement les yeux en face des trous. Sans compter que parmi les 24%, il y a de pauvres bougres peu instruits qui croient au FN comme on croit en "Dieu".
"La mer était très forte. Je pense qu'il était bien trop vieux pour aller à la pêche aux maquereaux".
Feu Dédé la fleur; bien souffrant (Ouessant) et Yann Tiersen (mondialement connu).

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Re: Minute - Quand la campagne de Marine Le Pen est partie en vrille

Message non lu par wesker » 11 mai 2017, 20:56:06

mordred, il est plus facile de se rassurer à bon compte en répétant cette affirmation plutôt que de tenir compte des résultats obtenus, de sa progression, de son ancrage et de la convergence que ses électeurs ont exprimés, sur certaines questions avec ceux de la France insoumise notamment sur les questions européens. Hélàs cette tendance comme je m'y attendais ne changera rien à la teneur des mesures qui s'appliqueront et à leurs orientations.

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