Je fais suite aux différents échanges que j'ai eus avec @Yakiv pour expliquer ce que, de façon générale, je reproche aux activistes communautaires.yakiv a écrit :Non, toi tu te trouves des prétextes pour te positionner systématiquement contre la défense de minorités qui peuvent être opprimées.
Tu le fais peut-être parce que tu as en tête un modèle strictement "républicain" qui refuse d'admettre que certaines communautés peuvent être plus touchées que d'autres et qui considère "qu'un meurtre est un meurtre", quand bien même le sort semble bien s'acharner un peu plus en fonction des critères ethniques, sexuels ou de genre.
Je désigne par "activistes communautaires" tous les groupes de défense de minorités considérées comme opprimées ou discriminées : les femmes, les Juifs, les musulmans, les Noirs, les homosexuels, les transsexuels, les non-binaires, les pansexuels, les gros, etc., bref, tout ce qui n'est pas un homme blanc, chrétien et hétérosexuel.
Ces activistes défendent des communautés différentes, mais se retrouvent autour de cette conviction qu'ils ont tous de défendre des minorités opprimées, conviction appuyée notamment par la théorie de l'intersectionnalité, très présente chez eux. Or ce concept de minorités opprimées doit être contesté, et ce pour plusieurs raisons :
1° Additionnées les unes aux autres, toutes ces minorités représentent une majorité de la population.
2° Ce concept s'appuie sur des erreurs d'analyse historique. Les Occidentaux n'ont jamais eu le monopole de l'esclavage. La France n'est pas les Etats-Unis : la ségrégation n'a jamais existé chez nous, les Noirs de France ne sont historiquement pas dans la même situation que les Noirs américains, Assa Traoré ne sera jamais Angela Davies.
Intéressons-nous maintenant aux méthodes et aux revendications de ces activistes. Pour ce faire, il peut être utile de consulter leur prose sur Internet (même si ça ne plaît pas à @Yakiv).
Jadis, le droit à l'indifférence constituait l'idéal d'intégration de toutes les personnes qui, de par leur origine, leur religion ou leur orientation sexuelle, n'entraient pas dans la norme sociale communément admise. Par exemple : "Je suis homo, et je demande juste à ce qu'on me foute la paix". Le droit à l'indifférence était obtenu lorsque la réponse était quelque chose du genre : "Tu es homo ? Et alors ?" Ce qui nous rassemble doit être plus important que ce qui nous sépare.
Les activistes exaltent désormais le droit à la différence. Dans leur logique, la société est constituée de nombreuses communautés différentes, chaque communauté demande que ses particularismes soient pris en compte et reconnus par les pouvoirs publics. Ils ne se contentent plus de revendiquer la fin de persécutions ou de discriminations, ils revendiquent des droits catégoriels spécifiques : la PMA, la GPA, l'éloge du transsexualisme, la manipulation de l'état civil, la revendication de menus séparés dans les cantines, la contestation de certains enseignements au nom de la religion, etc. C'est cela, le droit à la différence. Les individus sont essentialisés, distingués selon leur origine ou leur orientation, au mépris de tout universalisme républicain. Ce qui nous distingue est désormais plus important que ce qui nous rassemble.
Je refuse cette vision communautaire de la société qui heurte mon idéal républicain.
Je reproche aussi à ces activistes :
1° La confusion qu'ils entretiennent. Sous prétexte de beaux principes que l'on peut difficilement contester (la lutte contre le racisme, la lutte contre l'homophobie, la liberté religieuse, etc.), ils formulent des revendications tout à fait contestables : la PMA et la GPA sous prétexte de lutte contre l'homophobie, l'éloge du transsexualisme sous prétexte de lutte contre la transphobie, la manipulation de l'état civil sous prétexte de lutte contre l'homophobie et la transphobie, la revendication de menus séparés sous prétexte de liberté religieuse, les horaires séparés dans les piscines sous prétexte de liberté religieuse, etc.
2° Une forme de totalitarisme, et un mépris des règles les plus élémentaires de la démocratie. Si vous n'êtes pas d'accord avec eux, ils ont tôt fait de vous accuser de : racisme, antisémitisme, sexisme, homophobie, transphobie, etc., et le cas échéant, vous menacent, portent plainte contre vous, vous empêchent de tenir meeting, etc.
3° Leur tendance à réinterpréter et réécrire l'histoire à l'aune de valeurs actuelles : on déboulonne des statues, on réécrit certains livres, etc.
4° Leur volonté de s'attaquer à certaines normes et constructions sociales qui sont très utiles. Les enfants, notamment, ont besoin de repères : qu'est-ce qu'un homme, qu'est-ce qu'une femme, qui est mon papa, qui est ma maman... On ne leur rend pas service en leur expliquant qu'un homme peut être une femme, qu'une femme peut être un homme, qu'ils peuvent avoir deux mamans, ou deux papas, ou un parent 1 et un parent 2. De même, l'apprentissage du français est une étape souvent délicate pour eux. On ne leur rend pas service en ajoutant de nouvelles règles de grammaire et d'orthographe à une langue déjà très complexe. Les adultes aussi, ont besoin de repères dans leurs relations sociales. Or ça va être compliqué de discuter si on n'a plus le droit d'appeler un homme Monsieur ou une femme Madame, ou s'il faut utiliser de nouveaux pronoms...
5° L'indignation à géométrie variable qu'ils véhiculent, et dont ils bénéficient. Quand un Blanc trouve qu'il y a trop de footballeurs noirs, il se rend coupable de racisme. Quand un Noir trouve qu'il y a trop de Blancs quelque part, on ne lui dit rien...
6° Certains aveuglements coupables à l'égard de l'islam, liés notamment à la théorie de l'intersectionnalité : les militants de l'antiracisme qui copinent avec les islamistes, les féministes qui préfèrent s'exciter sur des sujets sans grand intérêt au lieu de dénoncer la condition des femmes dans les banlieues islamisées, etc.