Quelques exemples me viennent en tête (liste non exhaustive) :
- La centrale nucléaire de Fessenheim a été fermée en grande partie pour contenter les Allemands qui n'appréciaient pas la présence de ce site juste à côté de chez eux. J'aurais aimé que le gouvernement refusât clairement cette fermeture, au risque de fâcher les Allemands.
- Le démantèlement d'EDF est réclamé par la Commission européenne, mais il semble que l'Allemagne soit très active pour faire pression sur la Commission européenne pour qu'elle-même fasse pression sur la France. Cela fait déjà quelques années que la France est en train de brader son industrie nucléaire pour faire plaisir à l'Allemagne. Lire
CECI, notamment. C'est tout un pan de notre savoir-faire industriel qui disparaît.
- Dans le cadre des négociations européennes (notamment lors de la crise de la dette grecque, ou bien plus récemment quand il s'est agi de négocier les eurobons et le Mécanisme européen de stabilité), le gouvernement français aurait pu faire pression sur les Allemands, pour qu'ils se montrent un peu moins rigides, en remettant sur la table la question des dettes de guerre jamais remboursées. Il n'en fut rien, et c'est compréhensible : si on remet cette histoire sur la table, c'est tout le mythe du couple franco-allemand et de l'Europe comme instrument de paix qui s'effondre.
- Dans le cadre des négociations en cours, la France est en train d'accepter une réduction du budget de la PAC, et ceci sans aucune contrepartie pour nos agriculteurs. Si nous obtenions des garanties sur des prix rémunérateurs, nous pourrions accepter une baisse des subventions, mais il n'y a rien de tout cela pour l'instant. Pourquoi une telle faiblesse, si ce n'est par peur de déplaire à l'Allemagne ?
- La France aurait dû refuser de ratifier tous les accords internationaux de libre-échange signés ces 30 dernières années et qui, objectivement, ont servi les intérêts de l'industrie allemande au détriment de certains pans de notre économie (agriculture et industrie).
- La France aurait dû (et devrait encore) faire davantage pression sur l'Allemagne pour lui demander de contribuer davantage aux dépenses militaires européennes.
- Dans la crise sanitaire actuelle, l'Allemagne n'a pas hésité à fermer un temps ses frontières avec la France, considérée comme pays à risques, puis à classer notre pays sur liste rouge. La France n'a jamais osé faire pareil.
- Je n'ai plus en tête tout l'historique des fleurons industriels français racheté par des firmes étrangères ces dernières années (Alcatel, Alstom, Arcelor, etc.). Il faudrait revérifier chaque cas un à un. Si on regarde bien, on constatera probablement qu'il y a eu des fois où le gouvernement français alors en place a renoncé à s'opposer au rachat prévu, par peur de froisser les Allemands.
- Dans l'affaire d'espionnage allemand pour le compte des Américains, on aurait pu souhaiter une réaction un peu plus virulente de la France (par exemple : demande d'excuses publiques, demande de sanctions européennes et expulsion de l'ambassadeur allemand en France). Il n'en fut rien. Toi qui nous parles de morale dans les relations internationales, qui es toujours si prompt à réclamer des sanctions contre la Russie, trouves-tu normal que notre principal partenaire commercial et diplomatique, avec qui nous sommes censés former un couple, nous espionne pour le compte de quelqu'un d'autre ?
Il est vrai que les Allemands, bons princes, ont accueilli quelques malades français lors de la première vague de l'épidémie. Merci à eux. Mais ça n'enlève rien à tous les choix politiques effectués ces 30 dernières années (soit unilatéralement par les Allemands, soit collectivement par les Européens), et qui ont été très défavorables à la France. Et ça n'excuse pas les faiblesses et renoncements de nos gouvernements successifs.