Il suffit d'écouter un peu ce qu'ont dit les neuneus jaunes pour savoir qu'il y a, chez eux, une haine très forte envers Macron. Bien sûr, le mouvement a été déclenché par une mesure écologiste. Mais cela ne suffit pas à expliquer une haine d'une telle force. Le problème est ailleurs, il tient clairement au style, à la personnalité, à des déclarations passées sans grand intérêt, mais qui ont donné à beaucoup de gens l'impression que Macron les méprise.
Les déclarations de Macron ne sont qu'un éphiphénomènes. Au mieux, elles transforment un rejet de la politique en un rejet de l'homme. Je suis d'accord avec Snark, beaucoup de Français sont conscients des réformes déclenchées au tout début de quinquennat à savoir la baisse de l'ISF et de la taxation du capital, la baisse de 5 euros des APL etc. Ils sont beaucoup à être au courant de la réforme des retraites, de la taxe sur le carburant etc. Bien sûr, il y a une part d'inculture qui est effectivement en hausse. Mais ça ne fait pas tout, loin de là. Le véritable problème est le manque d'informations plus qu'une concentration sur le style. Beaucoup de Français n'ont pas une vision globale de sa politique. C'est en tout cas vrai après les élections. Pendant, c'est moins sûr. Macron a en partie été élu grâce à son image.
Pourtant, sa politique, si elle peut être évidemment contestée, n'est pas fondamentalement très différente de celle de ses prédécesseurs.
Le "desserement étatique" a été plus net que dans certains mandats. Et puis, les Français sont moins libéraux qu'en 2007. Et comme cela a été dit, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Je suis trop jeune pour avoir connu "le temps d'avant" (en général, personne ne définit la période concernée) mais je me demande vraiment si la rationnalité était supérieure. Beaucoup lisaient et se renseignaient un peu plus mais je ne sais pas s'il y a vraiment une grosse différence. Je me demande aussi si les réseaux sociaux jouent un rôle important. S'ils n'existaient pas, les utilisateurs iraient-ils davantage se documenter? Ils pourraient très bien se contenter de slogans entendus ailleurs, voir ne pas s'intéresser à la politique du tout. Le renfermement sur ses propres convictions politiques n'a pas attendu les réseaux sociaux. Il me semble que c'est un trait qui date de plusieurs siècles.
D'ailleurs, cela s'élargit au delà du cercle politique, les actes d'incivilités, de violence gratuite ont connu une forte progression en force, la confiance entre citoyens français disparaît. Il est normal que la confiance dans les institutions n'en ait que ravagé.
Le lien a-t-il été prouvé? Parce qu'il me semble étrange. De nombreuses personnes qui se plaignent des incivilités vont voter pour les faire cesser.
Oui, il y a une exaspération croissante. Mais quand même... L'hostilité à Macron ne semble pas très rationnelle.
Prenons l'exemple de sa fameuse déclaration sur le travail de l'autre côté de la rue. Cette déclaration a donné de lui l'image d'un homme froid, cassant, méprisant... Supposons que Macron ait répondu, au jeune homme qui l'interpelait, quelque chose du genre : "Le gouvernement s'efforce de stimuler l'économie française pour permettre aux entreprises d'embaucher. Je ne connais pas la situation exacte du marché du travail pour les jardiniers. Mais je sais aussi que de nombreuses entreprises françaises cherchent à embaucher et ne trouvent pas de candidats, par exemple dans la restauration. Avez-vous pensé à chercher du travail dans un domaine qui recrute davantage, par exemple la restauration ?" Le fond du message eût été exactement le même. La façon de le dire eût été différente. Et alors il n'y aurait pas eu la même polémique...
Avez-vous l'impression que votre paragraphe et la phrase de Macron veulent dire exactement la même chose? Je ne connais pas le contexte de la phrase ni l'explication ultérieure de Macron. Et à vrai dire je m'en fiche. Mais si on s'en tient à la petite phrase, le fond n'est pas identique à ce que vous avez écrit. Là encore, c'est plus un problème de méconnaissance qu'un problème de style.
Dans le même genre de m.... intellectuelle, je ne sais pas si vous avez remarqué sur les réseaux sociaux l'essor de titres et de commentaires à base de "recadrage", de "démolition", d' "humiliation", motivés par la répartie supposée d'un intervenant sur l'autre.
On ne cherche plus à savoir où est la pertinence, on ne cherche surtout plus la nuance, on ne cherche même plus à savoir qui s'approche le plus de la vérité, ce qui importe, c'est qui a mis la honte à l'autre.
Si quelqu'un écrit qu'une personne en a humilié une autre, cela veut dire qu'il l'a ridiculisé intellectuellement. Le fond est encore présent. Après, je suis d'accord pour dire qu'il ne faut pas prendre ces titres pour argent comptant. C'est parfois loin d'être aussi simple.
Je trouve qu'il a aussi de bonnes choses dans les chaînes d'infos continuent. Elles ont mis en place un grand nombre d'émissions de débat ou l'on apprend des choses. Pour n'en prendre qu'un exemple, je trouve l'émission d'Eric Zemmour sur C news d'une grande qualité. On peut se demander si elles n'ont pas contribué à politiser certaines personnes. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a que des bonnes choses. Mais il n'y a pas que des mauvaises choses avec les médias et les réseaux sociaux contemporains.Et puis, le problème c'est plus le manque d'esprit critique que ces deux éléments.