Sur la quarantaine de candidats déclarés à l'élection présidentielle, plus de la moitié entendent se présenter sans le soutien d'un parti traditionnel. Parmi eux, des têtes d'affiche telles que Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron.
Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, Emmanuel Macron avec En Marche!, Michèle Alliot-Marie et sa Nouvelle France, ou encore Rama Yade et La France qui ose… La mode semble être aux candidatures hors-parti, y compris chez les cadors de la politique.
Le phénomène n'est pas nouveau. De De Gaulle à José Bové, beaucoup ont cherché à se placer en candidats hors-sol. Selon Mathieu Vieira, chercheur en science politique à l’IEP de Lille, la candidature sans étiquette présente en effet l’avantage "de déjouer la défiance grandissante des citoyens envers les partis politiques". Selon un baromètre publié par le Cevipof en janvier dernier, seules 12% des personnes interrogées font en effet confiance aux partis. A titre d'exemple, la plateforme LaPrimaire.org, qui a organisé l'élection d'une candidate issu de la société civile, Charlotte Marchandise, a séduit plus de 126.000 personnes.
Une aubaine pour les candidats. Michèle Alliot-Marie, mise au ban des Républicains depuis sa démission du gouvernement en 2011, Rama Yade, exclue du Parti radical en octobre 2015, ou Emmanuel Macron, jeune ex-ministre non-encarté, ont pu faire de leur apparent handicap un avantage "en terme de marketing politique", souligne Mathieu Vieira. La bannière "hors-parti" a même séduit Jean-Luc Mélenchon, pourtant soutenu par le Parti de gauche et le Parti communiste.
Des partis qui ne disent pas leur nom
Si les candidats surfent sur le désamour des partis traditionnels, leurs mouvements doivent malgré tout être capables de remplir les mêmes fonctions. "La difficulté est de se présenter hors des partis, tout en recherchant les mêmes soutiens qu'eux. Faire campagne sans militant et sans financement, c'est impossible", analyse le chercheur.
Pour prévenir l'ambiguïté, les candidats font valoir le renouveau qu'est censée incarner leur formation politique. Des partis, oui, mais différents, plus horizontaux. Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche, insiste ainsi sur le fait que la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise "n'est pas contre les partis en soi", mais contre ceux "qui s'entretiennent au pouvoir sans idées différentes". Patrick Herter, président de La France qui ose, le mouvement de Rama Yade, assure quant à lui que l'objectif est de "réinventer notre façon de fonctionner", avec des mandats uniques. "On n'est pas en train d'élire un Pape!"
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Aucun candidat sans parti "n'a été jusqu'au bout"
"Aucun candidat n'a jamais été jusqu'au bout sans gros parti pour le soutenir", rappelle pourtant Mathieu Viera. Ils cherchent aussi à jouer sur les thèmes de campagne. Ainsi, David Guez souhaite que le candidat élu par les inscrits de LaPrimaire.org soit capable d'"influencer le débat d'idées, même sans devenir Président".
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http://www.lejdd.fr/Politique/President ... que-836785
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