Incognito a écrit :johanono a écrit :
Et bien je te réponds qu'un parlement élu à la proportionnelle, c'est la garantie d'une absence de majorité, avec des alliances nouées de façon obscures, des renversements d'alliances tout aussi improbables, des partis minoritaires qui ont le pouvoir de faire et défaire les majorités... Autrement dit, la paralysie politique. Or si ton idéal de démocratie correspond à ça, alors en effet, nous n'avons peut-être pas la même conception de la démocratie.
Les pays avec des élections à la proportionnelle ne se portent pas plus mal que les autres. La formation des majorités gouvernementales y est plus complexe, mais cela ne correspond pas nécessairement à de la paralysie politique.
Tu admets que la formation de majorités gouvernementales est plus complexe. C'est déjà ça. Et c'est important. Cela veut dire qu'avec un scrutin proportionnel et aucun parti n'ayant la majorité absolue, les coalitions sont négociées après les élections, sans que les électeurs n'aient leur mot à dire. Dans un système majoritaire à deux tour, ce sont les électeurs qui décident.
Un exemple : supposons que le MODEM de Bayrou obtienne 10 ou 15% à l'Assemblée nationale dans un scrutin proportionnel, que ni le PS, ni l'UMP n'aient la majorité absolue, et que la formation du gouvernement dépende donc du choix des députés MODEM. Bayrou & Co choisiront donc, après l'élection, s'ils veulent soutenir un gouvernement PS ou un gouvernement UMP, sans que ses électeurs ne puissent choisir. Alors que dans un scrutin majoritaire à deux tour (présidentielle ou législative), le MODEM est éliminé au premier tour, et ses électeurs choisissent librement, au second tour, s'ils veulent une majorité PS ou UMP.
Ensuite, une fois passé la difficulté de former une majorité gouvernementale, reste la question de savoir si cette majorité gouvernementale va ou non durer dans le temps. Avec un peu de chance, en effet, pour peu que deux ou trois partis arrivent à s'entendre durablement pour former une majorité, cela peut durer. Mais parfois, il y a tellement de partis représentés qu'il faut un accord entre cinq ou six partis pour former une majorité, et alors la durée de vie des majorités est réduire. J'ai quand même cité des exemples qui montrent que la proportionnelle est souvent un facteur d'instabilité gouvernementale (IIIe République, Grèce, Belgique, Italie, etc.).
Je précise que je ne suis pas contre la proportionnelle par principe. Mais j'estime que la proportionnelle doit alors être agrémentée d'une forte dose majoritaire (un peu comme aux municipales) pour faire en sorte de dégager des majorités parlementaires stables.