Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

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pierre30
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par pierre30 » 20 mai 2014, 17:00:02

Créer une nouvelle monnaie non convertible ne semble pas apporter une solution. Les personnes qui détiendront cette monnaie l'utiliseront pour leurs achats courants. Elle viendra donc augmenter leur capacité à dépenser et libèrera les € pour les dépenses non accessibles en €F : l'achat d'immobilier, par exemple. L'€F alimente donc la spéculation immobilière tout autant que l'€. Il n'y a pas de différence de ce point de vue. Quant à interdire aux banques de considérer ce revenu, c'est mission impossible : la banque n'a pas à justifier l'octroie d'un prêt à 1 client.

Si la BC fournit des €F au trésor public, celui-ci se trouvera débiteur, même si le taux d'intérêt est à zéro. Il y aura également un impact sur les taux d'emprunt en € : le pays devenant endetté en €F en plus de l'être en €, les prêteurs seront moins confiants.

C'est une monnaie qui va circuler et il y aura de la thésaurisation. Mais qui voudrait détenir beaucoup de cette monnaie non convertible ? Elle va devenir la patate chaude car personne ne voudra en recevoir. Sa valeur réelle pourrait bien s'effondrer très vite.

Quant aux entreprises qui importent des composants ou des biens qu'elles commercialisent, que vont-elles faire des €F ? Elles ne pourront pas les utiliser pour acheter à l'étranger. Vont-elles payer les salaires en €F ? Qui acceptera d'avoir son salaire payé dans cette monnaie non convertible ?

La différence entre l'€F et le SEL, c'est que le SEL est confidentiel et n'est pas émis par l'état.

Les chèques déjeuner correspondent à une monnaie dont la circulation est certes limitée, mais qui est complètement convertible en € à un taux fixe. C'est essentiellement une manière de défiscaliser une partie des salaires et de ne pas soumettre cette rémunération à la législation qui pèse sur les salaires (code du travail). Pour le reste, c'est comme des €.

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El Fredo
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par El Fredo » 21 mai 2014, 00:36:31

Les chèques déjeuner ne sont pas convertibles par leurs titulaires (= les salariés) mais uniquement par les commerçants qui les reçoivent. Ici c'est pareil. Idem pour la thésaurisation, les chèques déjeuner ont une période de validité.

Quant à la spéculation immobilière, dois-je rappeler que les banques ont des règles plutôt strictes en terme d'octroi de crédits immobiliers. S'il leur est interdit de tenir compte de ces revenus, assimilés à des allocations, alors il n'y aura aucun effet sur le marché de l'accession à la propriété. Il risque d'y avoir un effet sur le marché locatif en revanche, car les loyers y sont libres et les bailleurs pourraient être tentés de les augmenter en tenant compte de cette nouvelle manne financière. Le surcroît de pouvoir d'achat pourrait être ainsi capté par les détenteurs de capital immobilier, et avoir un effet inflationniste sur l'immobilier locatif. Mais on peut de toute façon lutter contre l'inflation des loyers avec des mesures classiques et indépendantes comme l'encadrement des loyers, dans ce cas l'impact de cette monnaie sera limité.

Pour ce qui est de la double circulation, aucun problème particulier, c'est un cas de figure qu'on peut rencontrer à Jersey par exemple où circulent simultanément des Livres Sterling et Jersiaises à parité, les secondes n'ayant bien entendu aucune utilité hors de l'île.
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pierre30
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par pierre30 » 21 mai 2014, 09:28:24

Les chèques déjeuner sont convertibles par les commerçants qui sont de plus en plus nombreux à être autorisés à les accepter. On peut même payer à l'hyper du coin. Les sommes distribuées étant assez limitées, les gens n'ont aucun mal à les employer pour acheter de la nouriture. On peut donc les assimiler à des euros : l'entreprise en paye une partie en €, l'employé en paye l'autre partie en euro. Cet argent est échangé contre un "chèque déjeuner", dont la valeur correspond on montant versé. Le commerçant qui les reçoit les échange conte leur équivalent en euro et les chèques sont détruits. Le bilan à la sortie de l'échange est nul ou presque (il y a eu la fourniture d'un service de la part de l'entreprise qui produit les chèques déjeuners et celle-ci s'est fait payer).

La pression que pourrait exercer l'€F à la hausse sur les loyers a un impact direct sur le prix de l'immobilier. Quant aux règles d'octroi des prêts, elles sont plutôt souples et les banques ont la liberté de juger de la solvabilité de l'emprunteur.

Controler tout azimuth est il la solution ? N'y a-t-il pas déjà suffisamment de personnes employées à administrer des usines à gaz ? Et dans quel but ? Quel est l'intérêt réel de cette monnaie? Je ne le vois pas.

Créer un salaire universel ? On peut tout à fait le créer en €.

Créer un concurrent à l'€ pour faire pression sur sa gestion ? Mais il suffit d'utiliser le dollar ou une autre monnaie pur ça.

Je ne vois là qu'un monstre administratif qui viendrait s'ajouter à une collection déjà bien fournie.

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Nombrilist
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par Nombrilist » 21 mai 2014, 19:09:44

"Quant aux règles d'octroi des prêts, elles sont plutôt souples et les banques ont la liberté de juger de la solvabilité de l'emprunteur."

Tout à fait. J'ai une banque qui m'a proposé un endettement immobilier à 45% de mon revenu net disponible (36% de mon net imposable).

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albert
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par albert » 22 juil. 2014, 18:23:51

Roosevelt 2012 » 19 Mai 2014, 09:05 a écrit :Nouvelle Donne est évidemment contre une sortie de l'Euro, car selon ses propres économistes, nous en avons tiré plus d'avantages que d'inconvénients. ,
Quels avantages ? Une monnaie trop chère, des déficits commerciaux, la désindustrialisation, les dévaluations internes par la baisse du travail, la déflation… Je vois de nombreux inconvénients mais je cherche en vain les avantages.
Roosevelt 2012 » 19 Mai 2014, 09:05 a écrit : Ceci-dit, le mouvement vient d'ajouter à son programme la création d'une monnaie nationale parallèle à l'Euro : l'Euro-franc (€F), calquée sur les monnaies locales déjà utilisées en France ou en Suisse par exemple.
Pour qui connaît un peu l’histoire des monnaies, le retour à des monnaies locales est une régression.
Il est tout de même révélateur, alors que vous vous dites favorable à l’euro, que vous cherchiez paradoxalement à le contourner d’une manière assez peu convaincante. C’est néanmoins une façon de reconnaître que l’euro pose des problèmes et interdit certaines solutions.
« le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde » (Keynes)

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