J'ai du envoyer récemment un message à quelqu'un sur un autre forum sur comment j'avais réussi à finalement vaincre ma dépression, je vous en joint une copie, ça peut toujours intéresser :
Désolé pour le pavé ^^.De mes souvenirs, j'ai été toujours dépressif, à 9 ans, j'étais déjà dépressif, je l'étais peut être déjà à l'âge de 7 ans. Les idées suicidaires étaient régulières, j'enjambais souvent le rebord de ma fenêtre mais bon étant au premier étage, je ne risquais pas grand chose. Elles m'ont accompagnées toute ma vie, école primaire, collège, lycée. En seconde, je me suis fait la morbide prédiction, qu'un jour c'était sûr j'allais me suicider. Si ce n'était pas cette crise, ce serait une autre, car elles étaient régulière. J'ai au final fini mon lycée et j'ai commencer mes études, des études d'art. La première année s'est passée dans une première ville, on me demandait de travailler énormément, je n'avais jamais vraiment travaillé me reposant sur une bonne mémoire. J'ai beaucoup souffert, je dormais peu, je n'arrivais pas à travailler, j'étais paralysé par le travail et je n'arrivais à finir mes travaux, en les baclant, qu'acculé face aux derniers délais du rendu. En parallèle, comme en seconde, la sociabilité a été très difficile durant ma première année d'étude. Au collège, j'avais réussi à me faire un petit groupe d'amis, même si ce n'était pas évident. En seconde, changement de classe, je n'arrivais pas à m'intégrer ni comprendre les personnes avec qui j'étais. J'étais très très seul, et tout cela a renforcé ma dépression. En 1ère et en terminale, j'ai réussi à trouver un équilibre, en jouant un peu sur une distance d'un personnage intello-extraverti. La première année d'étude a été catastrophique de ce point de vue là.
Puis j'ai eu mes concours, j'ai changé de ville, je suis parti à Clermont Ferrand. J'ai fait deux ans d'études là bas. La dépression continuer d'empirer, pour la première fois, je me suis marqué avec un couteau là bas. J'ai commencé à voir un psychiatre. Mes années à Clermont Ferrand ont été à la fois des années d'une dureté extrème et géniales, j'ai pu m'épanouir artistiquement mais pas au point où je le voulais, je restais phobique du travail, j'y pensais tout le temps mais j'étais paralysé à chaque fois qu'il s'agissait de mettre en oeuvre. D'un point de vue sociabilité, j'étais à la fois très intégré dans le groupe mais resté marqué comme différent. C'était assez insupportable pour moi, et je me le reprochais énormément.
Puis après ces deux ans et avoir empôché un diplome, j'entrepris de me rediriger légèrement dans mon parcours, pendant l'été, cependant, mon anxiété et ma dépression ont augmenté au fur et à mesure, et j'ai commencé à somatisé. J'avais un besoin constant d'aller au toilettes. J'étais psychiquement et nerveusement à bout de nerf. Un psychiatre a commencé à me donner un traitement pour me protéger, mais hélas il était beaucoup trop lourd, je dormais 15 heures par jour, je bavais et je voyais flou à plus de deux mètres. J'ai été hospitalisé une première fois pour pouvoir équilibré un traitement, j'avais 20 ans. Incapable de reprendre des études ou un travail, j'ai suivi une hospitalisation de jour, puis lors d'un changement de traitement, quand plus aucun ne faisait effet, j'ai fait une tentative de suicide médicamenteuse, j'avais 21 ans. J'ai été hospitalisé une deuxième fois et j'ai été remis en hospitalisation de jour. J'ai eu besoin de changer de traitement à nouveau, j'ai demandé moi même à être réhospitalisé une troisième fois pour être dans un milieu protégé lors du changement de molécule, il me semble avoir eu raison. Depuis, grâce au traitement, je n'ai plus jamais repensé à me suicider. Je suis un peu ralenti, mais beaucoup de personnes sont toujours impressionnés par ma culture. C'est une vrai libération de ne plus vivre avec ce fardeau sur la conscience. J'avais toujours vécu avec les idées suicidaires. Cela me semblait normal d'en avoir régulièrement. J'ai été étonné d'apprendre dans la fin de mon adolescence que des personnes ne puissent jamais en avoir eues.
J'ai commencé à éprouver aussi énormément de colère, légitime, contre le psychiatre que je voyais à Clermont-Ferrand. Il savait pertinemment que j'étais suicidaire, il savait que j'avais tenté de me suicider en terminale en m'électrocutant, je lui ai montré mon bras sanguignolant, il savait que je pouvais un jour ou l'autre réussir. Mais il n'a rien fait. Il se contentait d'une méthode à la Freud, où il me laissait déblatérer. Mais au final rien n'allait mieux.
Après mon burn-out, j'ai vu plusieurs psychologues. Aucun ne m'a réellement apporté de réelles réponses, même si c'était des personnes agréables et de confiance pour certaines. Néanmoins, deux d'entre elles ont évoqué le syndrome d'Asperger, évoquant même une forte probabilité. J'ai pris rendez vous au Centre Régional sur l'Autisme, j'ai pris un premier rendez-vous, qui a conclu qu'il fallait me faire passer des tests complets. Les choses ont un peu trainé quand une dernière psychologue m'a parlé avec une vitesse étonnante du syndrome Asperger et vivement encourager à passer les tests complets. Je les ai passé récemment, j'aurais des réponses Mercredi. Cette psychologue est probablement la personne la plus compétente que j'ai pu rencontrer, pour deux raisons, elle a très vite repéré la possibilité d'un Asperger, et la deuxième, elle a très vite dit qu'elle ne pouvait pas m'aider mais juste m'accompagner jusqu'à ce qu'un éventuel diagnostique d'Asperger soit posé. J'ai au final été très ému par cela. A peu près psys que j'ai rencontré jusque là était au final imprégné d'un certain orgueuil, tout aussi sympathique pouvaient ils être par ailleurs, jamais je n'avais rencontré quelqu'un d'aussi compétent qu'elle connaissait ses propres limites.
Il y a un an, j'ai commencé aussi la méditation, à raison de une à trois heures par semaine. Je la pratique dans un groupe de bouddhiste zen, ceux qui à mon sens ont la pratique la plus carrée et efficace, du moins dans ma ville. La méditation m'aide énormément et me permet d'aller mieux de façon plus durable. C'est de très loin la chose la plus efficace que je puisse connaitre pour traiter de façon durable la dépression et l'anxiété.
Aujourd'hui ma vie n'est pas forcément facile. Je n'ai pas forcément rencontré les professionnels compétent assez tôt, et j'ai fais un burn out. Cela reste une marque, qui 3 ans après, reste encore très présente. Je me rend compte que mon esprit reste fragile, ma phobie du travail s'est décuplé et je fatigue très vite quant il s'agit de sociabilité, mais j'ai déjà un bonheur immense : toute ma vie j'avais vécu avec des idées suicidaires qui revenaient quasiment toutes les semaines, elles m'étaient si familières qu'elles me semblaient normales, aujourd'hui je ne les ai plus et je ne vis plus cet enfer régulier. C'est vraiment merveilleux.
Je commence à avoir des réponses sérieuses, je ne suis pas névrosé, je suis né avec une configuration mentale particulière, probablement Asperger, et j'apprends à vivre avec, en profitant des forces de cette configuration et m'adaptant de ces faiblesse.
Je me rend compte que j'ai failli mourir, et aujourd'hui, j'ai aussi le bonheur de simplement être en vie, car ça ne pourrait pas être le cas.
Peu à peu, j'arrive à me reconstruire, c'est lent à mon goût mais au regard d'à quel point j'avais été dévasté, c'est déjà énorme.
Mon message peut paraitre très sombre, mais je t'assure qu'au final malgré mes crises d'anxiété et mes soucis sociaux, j'éprouve un profond bonheur de juste vivre, de vivre sans ces idées suicidaires, de savoir que je vais continuer de vivre aussi sans être hanté par ces démons de nouveau. On peut vaincre la dépression, tout comme on peut vaincre l'anxiété (car j'y arrive peu à peu aussi) et débarrassé de ces fardeaux, malgré les soucis que l'on aura toujours car ils sont liés à la vie elle même, cette vie vaut profondément le coup d'être vécu, avant tout pour soi même mais aussi pour ceux qu'on aime.